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«Manger plus près, voir plus loin»

Châtel-Saint-Denis » Depuis fin mai, le marché «D’ici-même» met en lien les producteurs locaux et les consommateurs, via internet. Une initiative dont le déclic a été le film «Demain».

«Manger plus près, voir plus loin» © Vincent Murith/La Liberté
«Manger plus près, voir plus loin» © Vincent Murith/La Liberté
«Manger plus près, voir plus loin» © Vincent Murith/La Liberté
«Manger plus près, voir plus loin» © Vincent Murith/La Liberté
Virginie Oulevay Grivel (au centre) est entourée de l’agricultrice Corinna Savoy et de son père Michel Oulevay, retraité et poissonnier amateur. © Vincent Murith/La Liberté
Virginie Oulevay Grivel (au centre) est entourée de l’agricultrice Corinna Savoy et de son père Michel Oulevay, retraité et poissonnier amateur. © Vincent Murith/La Liberté

Flora Berset

Publié le 05.07.2016

Temps de lecture estimé : 5 minutes

«J’aime beaucoup vos bouquets de fleurs. J’en achète à chaque fois. A vous, je vous commande régulièrement des filets de perche.» La scène se déroule jeudi en fin d’après-midi sur le parking de l’usine Samvaz, dans la zone industrielle de Châtel-Saint-Denis. C’est dans ce lieu incongru que s’installe chaque semaine, depuis la fin du mois de mai, le marché «D’ici-même», le premier du canton de Fribourg.

Ce marché, où se rencontrent consommateurs et producteurs de la région, n’est pas tout à fait comme les autres. Avant de s’y rendre, les clients se connectent à une plateforme internet pour y passer commande. Chaque jeudi, entre 16h30 et 18h, ils viennent ensuite récupérer leurs achats, toujours au même endroit.

«Ce que j’aime dans ce concept, c’est que c’est moins contraignant qu’un panier de la ferme. Il s’agit aussi de produits locaux de qualité. Mais on peut choisir ce qu’on veut, dans la quantité qu’on veut. Et il n’y a pas d’abonnement », confie une habituée d’une cinquantaine d’années, qui vient désormais s’approvisionner ici une semaine sur deux.

Pas de gaspillage

A l’heure actuelle, dix producteurs ont pris part à l’aventure. Ils savent entre 24 et 48 heures à l’avance ce qu’ils doivent préparer pour le jour de distribution. L’avantage? Pas de surplus, donc pas de gaspillage. «On produit uniquement ce qui nous a été commandé. Par rapport à un marché traditionnel, c’est aussi moins d’heures de présence», relève Corinna Savoy, agricultrice à Bossonnens, qui est venue avec une corbeille garnie de pains.

Ce jour-là, une quinzaine de commandes ont été passées pour des montants allant de 50 à 100 francs. Soigneusement rangés au frigo ou disposés dans des caissettes sur le stand, des produits alléchants attendent la clientèle. Des yoghourts à la saveur menthe et mélisse, des fromages frais au poivre et au citron, des petits pains au chocolat blanc, des saucisses sèches de cerf, mais également des fraises et toutes sortes de légumes sortis tout droit du jardin. De Remaufens à Attalens en passant par Semsales ou Romont, tous proviennent de fermes situées dans un rayon de moins de 50 kilomètres. Les poissons, eux, ont été pêchés dans le lac Léman. «Les consommateurs veulent savoir d’où vient ce qu’ils mettent dans leur assiette. Ils souhaitent revenir à de vraies saveurs, non retouchées», assure Virginie Oulevay Grivel.

Une vie plus simple

Tenancière du marché châtelois, c’est elle qui a décidé d’implanter le concept D’icimême en terre fribourgeoise. Elle l’a mis en place avec l’aide de son amie et voisine Mélanie Derivaz, mère au foyer et graphiste indépendante.

Le déclic? Il vient du documentaire «Demain» . Après l’avoir visionné, la trentenaire a souhaité elle aussi oeuvrer à son échelle pour le bien de la planète. Il y a quelques mois, elle tombe sur le site internet des marchés D’icimême, lancés il y a un an et demi à Genève. Leur slogan: «Manger plus près, voir plus loin».

«Cela m’a donné envie d’aller à la rencontre des producteurs de la région. J’ai découvert des gens simples et généreux, avec le coeur sur la main», raconte la responsable de l’école junior du tennis club de Vevey. De «surconsommatrice », elle dit être passée, au fur et à mesure, au statut de «consommatrice responsable». «C’est aussi ce que je veux prôner à mes enfants: une vie plus simple et plus heureuse.» 

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Le «panier bio 2.0» devrait se développer

Local, circuit court: de plus en plus de consommateurs achètent leur nourriture directement auprès des producteurs régionaux, pour des questions d’écologie ou de solidarité notamment, soit en se rendant à la ferme, soit en passant par internet.

Dans le cas des marchés D’ici-même, une marge de 30% est retenue sur le total du chiffre d’affaires des producteurs – 10% sert de rémunération aux responsables des antennes et 20% à la gestion du site dici-meme.ch. «L’avantage de faire partie de ce réseau, c’est que la plateforme est déjà existante et connue. Le concept est bien ficelé. Je pense qu’il va se développer de plus en plus», indique Virginie Oulevay-Grivel, cofondatrice du marché D’ici-même de Châtel-Saint-Denis.

Celle qui parle de «panier bio 2.0» rappelle que les marchands sont libres de fixer leurs prix. Afin que producteurs et consommateurs échangent et créent des liens, elle invite par ailleurs les personnes intéressées à une dégustation de produits du terroir, jeudi en fin d’après-midi, derrière l’usine Samvaz, dans le cadre du marché D’ici-même. 

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