Lac» 4h30, samedi matin, le village de Lugnorre (Mont-Vully) est désert…seulement en apparence. En franchissant la porte du four communal, on pénètre dans une véritable fourmilière. Une vingtaine de personnes s’affaire à fabriquer 400 gâteaux du Vully, salés et sucrés dans un brouhaha chaleureux. Et de la chaleur il y en a : le thermomètre accroché au mur affiche 28 degrés. En cause ? Les deux fours à bois situés dans la pièce d’à côté. 

«Ils chauffent depuis mercredi afin que la température augmente progressivement jusqu’à atteindre 500 degrés», explique Carole Gaillet, responsable du groupement du four de Lugnorre. C’est elle qui chapeaute aujourd’hui la confection des gâteaux par l’ensemble vocal Vully en Chœur. 

«C’est un moment convivial et solidaire»
Murielle Parisod, présidente de Vully en Choeur

En effet, environ 4 fois par an, des sociétés locales financent leurs activités par la vente de gâteaux cuits dans le four. Une activité rassembleuse qui ravie les choristes comme l’indique leur présidente Murielle Parisod : «C’est un moment convivial et solidaire, on tire tous à la même corde. Cette vente annuelle est indispensable pour financer nos activités.» 

Six heures de travail 

Solidaires les participants le sont, ils n’ont pas hésité à se lever aux aurores pour venir à Lugnorre, le travail débutant à 3h du matin. Il leur faudra en tout 6h pour fabriquer les gâteaux. Tout est fait à la main, notamment le pétrissage à l’ancienne dans un pétrin en bois pendant 30 minutes. Un travail très physique qui sera répété 4 fois durant la matinée. «Ce qui donne ce petit goût en plus aux gâteaux c’est le feu de bois et le pétrissage à la sueur !», s’exclament en chœur les travailleurs. La troupe joyeuse est parfois un peu dissipée mais la responsable du four n’hésite pas à recadrer sans se départir de sa bonne humeur et de son sourire.  

Une fois le lait, les oeufs et le beurre fondu ajoutés à la farine et le pétrissage terminé, des boules de pâtes sont distribuées. «Quand ça ne colle plus aux mains c’est que la pâte est prête et qu’on a fait tout juste», se réjouit Jean-Mi Meyroux. «Il faut activer les rouleaux à pâtisserie maintenant ! La pâte lève très vite», rappelle Carole Gaillet aux femmes debout autour d’une grande table qui s’emparent alors des plaques rondes où seront déposées les pâtes roulées. Ensuite, le bord est façonné en forme de dentelles, le fond strié puis vient l’étape cruciale du garnissage.

Une recette secrète

Mais quels sont les ingrédients de ces fameux gâteaux du Vully? «Plus de 16 kilos de lard, 25 kilos de sucre, 80 litres de lait…» énumère la responsable avant de se faire couper par un «mais la recette est secrète !», souligne une des femmes présentes, «un secret de polichinelle», répond une autre. Pour Carole Gaillet, rien de bien mystérieux puisque «chaque village a sa propre recette sans parler des différences entre les cantons de Fribourg et de Vaud.»  

«Chaque village a sa propre recette»
Carole Gaillet, responsable du groupement du four de Lugnorre

La crème est étalée puis des morceaux de beurre sont enfoncés : «on fait des puits d’amour, ça ils ne le font pas sur Vaud», remarque la responsable d’un air malicieux. Sont ajoutés ensuite les dés de lardon et le cumin pour les gâteaux salés et le sucre pour les autres. «C’est du lard, et de l’art !» rigole un des choristes. 

De l’art qui n’attend pas, voilà que le four est prêt, toutes les braises ont été retirées. Armé d’une pelle en bois pour insérer et retirer les gâteaux, Joël Loup précise que «les premiers gâteaux cuisent en deux minutes et les derniers en 10 minutes, la chaleur diminuant au fur et à mesure de la matinée. Il faut donc bien surveiller la cuisson.» Avec 33 pièces dans un des fours et 19 dans l’autre, le rythme est très rapide. Un véritable bal prend forme autour du bâtiment, les gâteaux étant sortis les uns après les autres et amenés dans le local de vente. Ils sont pesés et seront vendus 20fr/ kg. Les étagères sont vite garnies et une odeur alléchante vient chatouiller les narines des participants. 

Pour leur plus grand plaisir, l’heure de la dégustation et de la pause-café est arrivée. Les gâteaux sont dorés, la pâte est aérée et moelleuse, c’est une réussite. Voilà que les premiers clients arrivent, il n’est pas encore 7h du matin. Déjà il faut se remettre au travail et tout reprendre depuis le début pour réaliser une nouvelle fournée.