La Liberté

Du Goulag à la place Python

portrait • Xavier Meyer est le directeur du festival «Les Georges», du 15 au 20 juillet sur la place Python, à Fribourg. Rencontre avec un jeune décontracté et qui sait mener sa barque.

S’il fait confiance et délègue facilement, Xavier Meyer, directeur des «Georges», n’en garde pas moins un œil aiguisé © Alain Wicht/La Liberté
S’il fait confiance et délègue facilement, Xavier Meyer, directeur des «Georges», n’en garde pas moins un œil aiguisé © Alain Wicht/La Liberté
Du Goulag à la place Python
Du Goulag à la place Python

olivier wyser

Publié le 12.07.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Quand on imagine un directeur de festival à quelques jours du coup d’envoi de sa manifestation, on voit forcément un type pressé toujours pendu à son téléphone. Un gars volontiers gueulard qui fait trop de choses à la fois dans une cascade de gestes. Et bien Xavier Meyer, c’est tout le contraire du stéréotype. Le directeur du festival «Les Georges», qui fera entendre ses premières notes sur la place Python à Fribourg dès le mardi 15 juillet prochain, incarne la décontraction absolue.

Oh bien sûr, son téléphone ne cesse de carillonner: un coup c’est un fournisseur, un coup la police locale, un coup ses collaborateurs… «On a des super équipes qui bossent bien. Les bénévoles sont motivés et les entreprises locales mettent du cœur à l’ouvrage. C’est vraiment agréable», énumère Xavier Meyer, le premier surpris par l’atmosphère détendue qui règne sur le site du festival.

«On a pris les meilleurs»

Silhouette longiligne, coupe de cheveux impeccable, jeans, baskets: le directeur des «Georges», 32 ans, se fond dans la masse. Mais les apparences sont trompeuses. Derrière cette dégaine de jeune sans histoires se cache un bosseur volontaire à l’humour pince-sans-rire particulièrement affûté. Mais au fait, pourquoi ce nom? «Les Georges», à quoi ça rime? «Déjà on ne voulait pas un nom convenu du genre la Place en Fête. C’est une référence à Georges Python… Le nom intrigue et c’est très bien», explique Xavier Meyer, devenu allergique aux «Festi-trucs» et autres «Fri-machins». Le jeune homme est d’ailleurs à l’origine d’un autre festival fribourgeois au nom incongru: le Goulag Open Air. Ce petit festival en plein air réchauffe depuis quatre ans les mélomanes au cœur de l’hiver, à la pisciculture, à Fribourg.

«Pour la scène et le son on a pris les meilleurs: Pro Scène, à Marly, et Hyperson, à Bussigny», décrit le jeune homme en passant devant la grande scène qui sort des entrailles d’un immense camion. «On bosse comme des cinglés depuis des mois. J’espère que les gens vont nous faire confiance», ajoute-t-il. Dans sa voix, on sent à la fois l’impatience de se jeter dans l’arène et l’appréhension de celui qui fait ça pour la première fois. «Il y aura forcément des couacs. C’est une première édition et il faut tout mettre en place. C’est un événement assez imposant mais si on avait fait un festival plus petit les gens n’auraient pas compris», explique celui qui avoue n’avoir jamais autant travaillé et ne s’être jamais autant amusé de sa vie que ces derniers mois, quitte à froisser ses anciens employeurs.

Plaire aux gens, au plus grand nombre, c’est justement l’un des objectifs des «Georges». Le festival vise notamment des publics qui sont généralement laissés pour compte dans les autres festivals: les familles, les enfants ou encore les célibataires. «On bouffe littéralement le centre-ville. On prend la place publique en otage. C’est la moindre des choses que de penser à tout le monde», résume Xavier Meyer en faisant l’article pour la garderie gratuite du festival ou le brunch des familles le dimanche.

Les brunchs, les garderies, les soirées pour célibataires c’est très bien, mais «Les Georges» c’est aussi de la musique, non? «Je pense qu’on a réussi une jolie programmation, mais sans la folie des cachets», poursuit le directeur. Les grosses têtes d’affiche comme les Young Gods (jeudi 17) ou Yann Tiersen (samedi 19) devraient vraisemblablement faire le plein.

L’équipe du festival a toutefois dû économiser sur les cachets en raison de subventions, notamment l’agglo et la LoRo, plus basses que prévu. «Nous nous sommes adaptés. Le comité aussi se serre la ceinture», explique Xavier Meyer en avouant un budget de 450 000 francs, soit environ 100 000 francs de moins qu’initialement.

Concession, adaptation, mais aussi et surtout passion. Dans la programmation réjouissante et pointue des «Georges», Xavier Meyer a un chouchou. Ou plutôt une: la chanteuse folk Valerie June, en provenance de Memphis, Tennessee. «Elle a une voix extraordinaire. C’est le coup de cœur de l’équipe. On l’a découverte à Cully et elle est géniale!»

Après une heure d’entretien, le boulot reprend ses droits. Xavier Meyer doit entre autres partir à la recherche de macarons de stationnement pour les techniciens et trier ses nombreux e-mails, «parfois plus de 50 à l’heure». Et le stress ne va faire qu’augmenter… «Je me suis fixé un objectif durant le festival: pouvoir écouter pleinement une chanson par groupe qui se produira», espère le directeur, optimiste. En quatre ans à la barre du Goulag Open Air, il n’a en effet jamais réussi à le faire.

***

BIO EXPRESS

Xavier Meyer

> Né en 1981 en Valais, d’un père valaisan et d’une mère fribourgeoise.

> Vit à Fribourg depuis 14 ans.

> A étudié la communication et les médias à l’Université de Fribourg, où il a ensuite été collaborateur scientifique.

> Il devient chargé d’information à la Haute école suisse d’agronomie, à Zollikofen, de 2009 à 2011.

> Puis il occupe le poste de porte-parole romand de Procap, la plus grande association de personnes avec handicap de Suisse.

> Toujours en 2011, il monte de toutes pièces un festival de musique hivernal à Fribourg: le bien nommé Goulag.

> Aujourd’hui, il se consacre pleinement à son nouveau défi, «Les Georges». OW

Articles les plus lus
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11