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L’orge est déjà menacée et si la pluie perdure, le blé et le colza vont souffrir

Fribourg • Les effets d’une météo maussade commencent à se faire sentir du côté des agriculteurs. Si certains s’en tirent mieux que d’autres, tous espèrent le retour du beau.

Eric Mauron est au repos forcé, l’orge attend les beaux jours pour être récolté. © Alain Wicht/La Liberté
Eric Mauron est au repos forcé, l’orge attend les beaux jours pour être récolté. © Alain Wicht/La Liberté
Eric Mauron est au repos forcé, l’orge attend les beaux jours pour être récolté. © Alain Wicht/La Liberté
Eric Mauron est au repos forcé, l’orge attend les beaux jours pour être récolté. © Alain Wicht/La Liberté

Nicole Rüttimann

Publié le 09.07.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

«Avec ce temps qui fait le yo-yo, un jour de beau, un jour de pluie, nous sommes bloqués pour les récoltes. Il ne faudrait pas que cela dure!» Eric Mauron, agriculteur à Autafond, scrute le ciel avec inquiétude et il n’est pas le seul. L’effet des récentes intempéries et d’un mois de juin-juillet en demi-teinte commence à se faire sentir sur les cultures de la région fribourgeoise. Si certains districts ont été relativement épargnés, en Sarine, notamment, la situation est délicate.

«Nous avons pu faire les foins mais pour moissonner l’orge, il faudrait au moins deux ou trois jours de beau à la suite, ce qui n’est plus arrivé depuis la fin juin», explique Eric Mauron, qui précise: «Ce n’est pas dramatique, mais nous risquons de nous retrouver ensuite avec tout le travail à faire à la fois.»

Orge en péril

«L’orge mûr devrait être battu. Les fortes pluies récentes peuvent lui faire perdre beaucoup de sa valeur», fait écho Fritz Glauser, de Châtonnaye, président de la Fédération suisse des producteurs de céréales (FSPC). «Si cette situation persiste, les cultures de blé et de colza pourraient en pâtir également.» Les deux céréales sont particulièrement sensibles parvenues à maturité: les grains tombent s’il y a de fortes précipitations ou de la grêle. Et le blé, humide, germe sur pied, n’étant alors plus panifiable. «Les paysans n’en dorment plus: ils peuvent perdre ainsi plus de 20% de leur récolte», explique Fritz Glauser.

Même inquiétude pour les foins ou les regains, dont «la qualité pourrait être altérée par les intempéries», s’inquiète Jacques Bourgeois, directeur de l’Union suisse des paysans (USP).

«Gorgés d’eau, ils perdent leur valeur nutritive - protéines notamment. Nous sommes alors obligés d’importer du soja d’Europe de l’Est par exemple», confirme Fritz Glauser. Cependant, la situation varie selon le type d’exploitation. François Bovigny, agriculteur à Formangueires se montre ainsi serein, n’ayant que des sols destinés à la pâture, relativement épargnés par les précipitations. «Et ce n’est pas une semaine de mauvais temps qui va ruiner le tout», relativise-t-il, confiant néanmoins quelques inquiétudes si la météo devait persister à afficher une humeur maussade.

Les cerises s’éclatent…

Arbres fruitiers et vignes n’ont pas essuyé grêle et pluie sans broncher: «Touchées en pleine récolte, les cerises ont particulièrement souffert», relève Frédéric Ménétrey, directeur de la Chambre fribourgeoise d’agriculture. «Beaucoup sont abîmées et, lorsqu’il y a trop d’eau, elles éclatent et ne sont plus bonnes qu’à faire du kirsch!»

En revanche, les précipitations ont profité à certaines cultures telles que les betteraves et les pommes de terre, après une période sèche. A condition toutefois que lesdites pommes de terre ne soient pas situées aux abords d’un chemin: frappé par des pluies diluviennes, celui-ci peut se muer en ruisseau susceptible d’éroder une partie du champ…

Quant aux parasites et au mildiou (moisissure), les agriculteurs ne sont pas inquiets mais restent vigilants: une période chaude et humide pourrait favoriser leur développement.

«Si le mauvais temps ne dure pas encore deux semaines, et que les prochains jours sont beaux et secs, cela devrait aller. Outre l’orge et les cerises, les cultures se portent plutôt bien», conclut Frédéric Ménétrey.

* * *

Le thermomètre devrait bientôt grimper

Les agriculteurs devront patienter jusqu’à mardi pour voir réellement le soleil repointer le bout de ses rayons. «Une grosse dépression d’altitude tournoie actuellement sur les Alpes, avec de l’air très frais et humide. Le temps sera particulièrement maussade jeudi», note Marianne Salamin, de MétéoSuisse. Cette vague d’humidité et de froid, si elle n’est pas inhabituelle pour la saison, est tout de même importante.

«A Fribourg, il est tombé près de la moitié des précipitations mensuelles en une semaine!», relève Marianne Salamin, précisant que ces valeurs varient beaucoup, étant souvent liées aux orages - jusqu’à 50 mm sont ainsi tombés près du Moléson depuis lundi après midi. Les températures du mois de juillet figurent aussi parmi les plus basses: «En moyenne, la température est de 24,6. Notre mois se situe jusque-là une bonne dizaine de degrés en dessous de cette valeur».

Difficile de prévoir l’évolution pour ces prochains jours, mais, dès le 14 juillet et jusqu’au 20 environ, «le thermomètre devrait prendre l’ascenseur avec des températures de saison, voire tropicales, aux alentours des 30°», promet MétéoSuisse… NR

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