La Liberté

Le judo comme antidote à la violence

Fribourg • Désamorcer un conflit, canaliser la violence: les élèves de l’école primaire de Rossens apprennent cette semaine à gérer de telles situations. Notamment par la pratique du judo grâce à Sergei Aschwanden.

Le judo comme antidote à la violence © Alain Wicht/La Liberté
Le judo comme antidote à la violence © Alain Wicht/La Liberté
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Charles Grandjean

Publié le 27.04.2016

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Un claquement sourd sur le tatami, suivi d’applaudissements nourris: la jeune Rebecca vient de projeter à terre un fier judoka de deux fois sa taille sous le regard admiratif de ses camarades.

La quarantaine d’élèves des classes de 4e et de 6e Harmos de l’école primaire de Rossens ont suivi, hier, une leçon particulière, dans le cadre d’une semaine thématique sur la prévention de la violence. Ils apprennent les rudiments du judo sous la houlette de Sergei Aschwanden, ancien vice-champion du monde de la discipline et médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Pékin. Un privilège dont la vraie valeur est ailleurs. «L’objectif du cours est de travailler les thèmes du vivre-ensemble et du respect, en mettant à profit le code moral du judo», explique Benoît Gisler, chef du Service du sport à l’Etat de Fribourg.

Des élèves pleins d’énergie mais qui savent respecter le silence au moment des instructions. Rien ne porte à croire que l’école de Rossens soit davantage confrontée à des problèmes de violence qu’ailleurs. Une impression que confirme le conseiller d’Etat Jean-Pierre Siggen. Le directeur de l’Instruction publique a souhaité assister en personne à la leçon. «La violence est une problématique constante qui touche toutes les écoles. L’école joue un rôle subsidiaire dans l’éducation contre la violence, entre autres parce que les enfants y vivent ensemble la journée», explique-t-il.

Une nouvelle offre

Un rôle subsidiaire que les enseignants de Rossens paraissent volontiers endosser, donnant suite à une proposition du Service du sport. L’offre en question portait sur une action de la commission cantonale Loro-Sport. Déjà sept écoles fribourgeoises ont profité de ce programme articulé autour des cours de judo dispensés par l’association Trako. «Une telle semaine thématique revient à 2200 francs. Loro-Sport couvre plus du 80% du coût», indique Jean-Pierre Siggen.

Fondée en 2011 autour du judoka Sergei Aschwanden, l’association Trako enseigne les bases du judo aux enfants en âge scolaire mais aussi aux personnes en situation de handicap ou de surpoids. De l’échauffement à l’essai de prises, la structure du cours de judo s’apparenterait à une quelconque leçon de sport. Seuls le port du kimono et l’intérêt porté au comportement et au langage diffèrent.

Rassemblant les judokas en herbe autour de lui, Sergei Aschwanden leur émet ses recommandations: «Le judo se fait ici, à l’intérieur, sur les tapis et avec la tenue. Au dehors, vous pouvez parler de judo, de respect, mais ne faites pas de prise!» Une philosophie que partage l’ensemble des moniteurs de Trako, à l’instar de Marcio Mendes qui relève le caractère «éducatif» du judo pratiqué dans le cadre de l’association. «Ici, nous parlons de partenaire, plutôt que d’adversaire», précise-t-il.

Intégrer l’apprentissage

Pour Jean-Pierre Siggen aussi, la pratique du judo comporte de multiples avantages sur le plan éducatif: «Un élève qui est un peu enveloppé n’est pas désavantagé, contrairement à la course. Les techniques du judo peuvent servir à l’autodéfense. Et ce sport est une bonne manière de canaliser l’énergie, surtout à cet âge. Discuter de sensibilisation ne suffit pas. Le judo permet la pratique.»

Chaque classe de Rossens bénéficie de deux cours d’une heure et demie. Une durée suffisante pour intégrer les valeurs du judo? «C’est vrai que la durée est relativement courte, concède Anne-Laure Brügger, l’enseignante des 4H. En proposant la leçon en deux temps, ça nous permet déjà de discuter entre les deux séances afin de mieux intégrer l’enseignement.»

Si les leçons de judo sont les temps forts de la semaine, les maîtres se sont donné d’autres moyens d’aborder la question de la prévention de la violence, par l’usage de petites vidéos ou de livres.

Tandis que midi approche, Sergei Aschwanden s’adresse à deux élèves: «Vous vous serrez la main et vous vous dites merci.» C’est avec des visages souriants et reconnaissants que la leçon touche à sa fin, sans une égratignure. 

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