La Liberté

Les Fribourgeois s’envoient en l’air

Coupe Gordon Bennett • Les quatre piliers de l’économie fribourgeoise soutiennent un équipage fribourgeois lors de la prochaine Coupe du monde aéronautique de ballons à gaz. Départ le 28 août à Pau, en France.

La coupe Gordon Bennett est une course prestigieuse.
La coupe Gordon Bennett est une course prestigieuse.
Laurent Sciboz et Nicolas Tièche porteront haut dans le ciel les couleurs fribourgeoise. © Corinne Aeberhard
Laurent Sciboz et Nicolas Tièche porteront haut dans le ciel les couleurs fribourgeoise. © Corinne Aeberhard
Laurent Sciboz et Nicolas Tièche sont des aérostiers d'envergure mondiale. © Corinne Aeberhard
Laurent Sciboz et Nicolas Tièche sont des aérostiers d'envergure mondiale. © Corinne Aeberhard
Laurent Scidoz est pilote de ballon depuis 2011. © Nicolas Brodard
Laurent Scidoz est pilote de ballon depuis 2011. © Nicolas Brodard
Nicolas Tièche a fait son premier vol en ballon en 1978. © Nicolas Brodard
Nicolas Tièche a fait son premier vol en ballon en 1978. © Nicolas Brodard
Les quatre pilliers de l'économie ont décidé de soutenir l'équipage fribourgeois dans cette course aussi mythique qu'inconnue du public. Les couleurs fribourgeoises seront donc portées haut pour atteindront un public restreint. © DR
Les quatre pilliers de l'économie ont décidé de soutenir l'équipage fribourgeois dans cette course aussi mythique qu'inconnue du public. Les couleurs fribourgeoises seront donc portées haut pour atteindront un public restreint. © DR

Olivier Wyser

Publié le 28.03.2015

Temps de lecture estimé : 8 minutes

La Coupe Gordon Bennett est aux aérostiers ce que la Coupe de l’America est aux navigateurs. Un équipage fribourgeois, soutenu par les quatre piliers de l’économie - la Banque cantonale fribourgeoise (BCF), l’Etablissement cantonal d’assurance des bâtiments (ECAB), Groupe E et les Transports publics fribourgeois (TPF) - prendra le départ de cette course mythique quasi centenaire (lire ci-dessous), mais méconnue du grand public.

L’équipage fribourgeois en compétition est composé de Laurent Sciboz (47 ans) et de Nicolas Tièche (47 ans), deux aérostiers d’envergure internationale (lire ci-contre). Ils devront vivre à deux, durant plusieurs jours, dans une nacelle de 1 m2. Ils seront épaulés par une équipe au sol composée notamment de météorologues qui leur transmettront des informations stratégiques cruciales sur les vents et les intempéries. L’objectif de la course est simple: parcourir la plus grande distance à bord d’un ballon rempli d’hydrogène, sans limite de temps. Certaines années, les gagnants ont parcouru plusieurs milliers de kilomètres.

Innover pour gagner

«Si les quatre piliers s’engagent dans cette aventure humaine et technologique c’est pour porter haut les couleurs du canton de Fribourg», résume Edgar Jeitziner, directeur général de la BCF (actionnaire minoritaire de la société éditrice de «La Liberté»). L’objectif de la démarche est double: développer la fierté fribourgeoise à travers une aventure humaine extraordinaire et montrer que Fribourg a de l’ambition. «Nous voulons que l’équipe fribourgeoise ramène la Coupe chez nous», insiste Edgar Jeitziner qui y voit un moyen de promouvoir l’image du canton de Fribourg. Le budget de cette épopée est de 30 000 francs par année et par institution, sur trois ans, soit un total de 360 000 francs.

La Gordon Bennett sera également le moyen de promouvoir l’innovation, d’une part grâce aux améliorations techniques apportées au ballon (enveloppe externe, nacelle, matériaux, etc.) et d’autre part en matière d’organisation et de stratégie de vol. «Il y aura une vingtaine d’équipes au départ de la course. Toutes sont là pour l’emporter et la concurrence sera rude. Nous espérons faire la différence grâce à notre esprit d’innovation», résume l’aérostier Nicolas Tièche.

L’aventure en direct

Pour les quatre piliers, participer à cette course sera également l’occasion d’apprendre à maîtriser les nouveaux moyens de communication. La Coupe aéronautique étant peu connue du grand public, un effort tout particulier doit être entrepris en termes de communication. Ainsi, les quatre piliers collaborent avec l’Eikon, l’école d’art et de communication de Fribourg. Objectif: créer une communication à la fois institutionnelle et virale. «Ce projet, novateur dans sa forme, permettra de réaliser un transfert de connaissances auprès des étudiants et auprès des entreprises qui utilisent cette aventure comme un laboratoire», explique Edgar Jeitziner.

Les Fribourgeois pourront suivre l’intégralité de l’aventure de l’équipe cantonale sur la plateforme internet www.frchallenge.ch, ainsi que sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. A noter encore qu’une bande dessinée s’inspirant de l’événement et signée Frédéric Michaux fera la promotion de l’événement. «Cette compétition est le symbole du dynamisme et de l’innovation du canton de Fribourg», se réjouit le conseiller d’Etat Erwin Jutzet. «C’est une chance d’avoir des mecs qui nous font rêver comme ça. C’est une aventure extraordinaire», souligne pour sa part Hubert Audriaz, le magicien à la toison d’argent de la Basse-Ville et l’un des parrains de l’expédition fribourgeoise.

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Les aérostiers

Laurent Sciboz

> 47 ans

Laurent Sciboz (photo Nicolas Brodard) est informaticien et gère des projets dans le domaine de l’internet des objets depuis 15 ans. Il est titulaire d’une licence OFCOM de radio amateur, ce qui lui permet de mettre en œuvre des moyens de communication et de géolocalisation. Il pratique assidûment le vol libre depuis 1989 comme pilote de parapente et depuis 2011 comme pilote de ballon. Il a depuis obtenu les extensions pour le vol de nuit et pour le pilotage de ballons à gaz. Il a déjà participé à la Coupe aéronautique Gordon Bennett en 2014. Ce sportif accompli est notamment expert J+S, membre du Club athlétique de Romont et membre du CAS Moléson. C’est un habitué des défis physiques: Patrouille des glaciers, Trophée des Gastlosen, Grand Raid. OW

Nicolas Tièche

> 47 ans

Ingénieur en chimie, Nicolas Tièche (photo Nicolas Brodard) travaille dans l’industrie pharmaceutique et la biotechnologie depuis plus de 20 ans. Au contraire de Laurent Sciboz, Nicolas Tièche est tombé très tôt dans le milieu des ballons. Il a effectué son premier vol en 1978 et il est pilote depuis 1985. Le Gruérien de Gumefens apprécie particulièrement les vols de distance sur les Alpes, les vols d’altitude et les vols de nuit. Il détient notamment les records suisses d’altitude (11 450 m) et de distance (703 km). Il est en outre instructeur et chef de l’Ecole romande d’aérostation. Il a déjà participé trois fois à la Gordon Bennett en 2004, 2011 et 2014. OW

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La plus ancienne course aéronautique du monde

La Coupe aéronautique Gordon Bennett est la plus ancienne du monde. Elle a été créée par James Gordon Bennett, un magnat de la presse américaine. Le tout premier départ de la course a eu lieu à Paris, le 30 septembre 1906, avec 16 ballons. «C’est le Graal de tous les aérostiers», s’enthousiasme Nicolas Tièche, l’un des deux membres de l’équipage fribourgeois. Passionné d’automobile, James Gordon Bennett a également organisé une Coupe automobile entre 1900 et 1905.

Le règlement de la Coupe aéronautique est simple. La compétition est ouverte aux ballons libres de 1000 m3 au maximum, qui à l’heure actuelle sont tous des ballons à gaz. Chaque pays a droit à trois équipages au maximum. Chaque équipe part en même temps et le gagnant est celui qui va le plus loin. Les aérostiers doivent donc habilement jongler avec les courants, les vents et les conditions météorologiques. Afin d’aller le plus loin, parfois plusieurs milliers de kilomètres. Le record absolu est détenu par un équipage belge qui a parcouru plus de 3400 kilomètres lors de l’édition 2005. C’est toujours le pays vainqueur qui organise la course de l’année suivante.

Depuis sa création, huit nations ont déjà remporté la compétition: les Etats-Unis d’Amérique (12 fois), la Belgique et la France (10 fois), l’Autriche (7 fois), l’Allemagne (6 fois), la Pologne et la Suisse (5 fois) et la Grande-Bretagne (1 fois). «Les ballons sont remplis d’hydrogène et sont en apesanteur dans les airs. C’est le principe d’Archimède. Pour monter on lâche des sacs de sable et pour descendre on laisse s’échapper du gaz par une valve située au sommet du ballon», explique Laurent Sciboz, l’autre aérostier fribourgeois.

L’équipage est sans cesse épaulé par une équipe au sol, composée de météorologues et d’informaticiens. Le ballon fribourgeois sera notamment aidé par deux météorologues de renom: Robert Bolognesi du bureau valaisan Meteorisk, et Wim de Troyer, météorologue de Solar Impulse, l’avion solaire de Bertrand Piccard. Les Fribourgeois comptent bien miser sur leur tactique pour rivaliser avec les autres équipes.

Le binôme fribourgeois cherche encore des partenaires locaux pour les aider à améliorer leur ballon, notamment en matière d’isolation de l’enveloppe afin de limiter les pertes d’hydrogène. Ils recherchent également des spécialistes de ce gaz ainsi qu’un hangar pour leur aéronef. OW

> Suivez l'aventure fribourgeoise sur le site frchallenge.ch <

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