La Liberté

Des sensations fortes au-dessus du vide

MolésonLa station gruérienne a accueilli ce week-end les premières rencontres européennes de highline. Saisissant.

Durant quatre jours, les highliners se sont défiés entre ciel et terre sur trois sangles de 60, 90, et 126 mètres. © Vincent Murith/La Liberté
Durant quatre jours, les highliners se sont défiés entre ciel et terre sur trois sangles de 60, 90, et 126 mètres. © Vincent Murith/La Liberté
© VIncent Murith/La Liberté
© VIncent Murith/La Liberté
© VIncent Murith/La Liberté
© VIncent Murith/La Liberté

Maud Tornare

Publié le 20.10.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

> Retrouvez les images de l'évènement dans la galerie photos <

Les bras levés, leurs corps se balancent de gauche à droite à la recherche d’un point d’équilibre. Pieds nus, ils avancent lentement sur les étroites sangles tendues entre la colline qui mène au sommet du Moléson et le toit de la station du téléphérique. A plusieurs dizaines de mètres du sol, chaque pas est une victoire face au vide, immense et impressionnant sous eux.

Autour de ces funambules, le public retient son souffle. «C’est époustouflant! Je ne comprends pas comment des gens arrivent à traverser une telle longueur sur une aussi petite sangle», s’enthousiasme Jean-Claude, en visite à Moléson samedi après midi. «On a l’impression qu’ils tutoient l’infini», s’émerveille une dame venue admirer le spectacle avec son fils.

De jeudi à dimanche, le sommet de la montagne gruérienne a été le théâtre d’un événement unique: les rencontres européennes de highline. Durant quatre jours, une quinzaine de highliners de toute l’Europe - parmi les 50 meilleurs au monde - se sont défiés entre ciel et terre sur trois sangles de 60, 90 et 126 mètres.

Debout dans le vide, les équilibristes paraissent imperméables au monde extérieur. La musique qui sort des haut-parleurs, les exclamations du public: rien ne semble les atteindre. Leur regard fixe, rivé en permanence vers l’extrémité de la sangle, est là pour témoigner de leur niveau de concentration. «On est comme au milieu de nulle part. On se sent presque invincible, dans une bulle. Mais en même temps on continue à entendre tout ce qui se passe autour», décrit Guillaume, un Français de 30 ans, qui pratique la highline depuis trois ans.

Seul athlète du cru à participer aux rencontres, le Gruérien Hugo Minnig confie apprécier ce «petit moment où tu es vraiment avec toi-même». Yuri, un jeune Hollandais de 20 ans, évoque le côté méditatif, la «zénitude» qu’il ressent sur certaines lignes. «Alors que sur d’autres, tu dois beaucoup plus combattre pour dépasser tes limites.»

«On peut avoir très peur»

Marcher en équilibre sur une sangle de 2,5 centimètres de large n’a rien d’un exercice facile. En highline, la profondeur du vide et le vent, principales sources d’instabilité, rendent l’expérience très intense. «On peut avoir vraiment très peur parfois. Le défi de ce sport est d’en faire abstraction. Si tu arrives à te contrôler, alors c’est top. C’est une discipline qui fait appel à la fois au mental, au physique et à la technique», explique Anthony, 25 ans. Le jeune Français est venu à ce sport après avoir pratiqué l’escalade. Comme beaucoup d’autres highliners, il a découvert cette discipline en visionnant des vidéos sur le net.

L’impression de voler

A les voir défier la gravité, on ne peut s’empêcher de les envier un peu tant un sentiment de liberté se dégage de ces funambules qui sont loin d’être des têtes brûlées. Tous sont équipés d’un baudrier et reliés à la ligne par une corde. On est par contre un peu moins envieux lorsqu’ils perdent l’équilibre et se rattrapent in extremis à la sangle ou plongent dans le vide avant d’être retenus quelques mètres plus bas par la corde. Frisson garanti même pour ceux qui restent au sol. «Même si on sait que la corde ne va de toute façon pas lâcher, la peur de la mort ressurgit à ce moment. C’est physique: ton corps et ton cerveau se battent contre le vertige. Et même avec l’habitude, cela reste toujours présent», confie Clément pour qui, faire du highline, c’est surtout «se sentir au milieu de rien et avoir l’impression de voler».

*****

Une file d’attente sans précédent

Organisée par le champion suisse de highline Samuel Volery, en collaboration avec l’agence d’événementiel une-bonne-idée.ch, la manifestation a rencontré un succès inespéré pour une première. «Les highliners ont battu leur record d’affluence à Moléson. Si le beau temps y est aussi pour quelque chose, beaucoup de gens nous ont confié être venus pour la manifestation», se réjouit Claude Gendre, directeur exécutif d’une-bonne-idée.ch. «C’est un immense succès! Dimanche à 11 h, le parking était plein. La file d’attente aux caisses allait jusqu’au milieu du parking. C’est un état de saturation qu’on a jamais vu en été à Moléson. La météo y est pour beaucoup mais la manifestation aussi», souligne Antoine Micheloud, responsable des Remontées mécaniques de Moléson. La manifestation sera reconduite l’an prochain. «Nous souhaitons développer un projet plus ambitieux avec des lignes plus longues et vertigineuses», annonce déjà Claude Gendre. MT

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11