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Flashé à 159 km/h dans une zone limitée à 80, un motard échappe à la prison ferme

Gruyère • Un Fribourgeois de 25 ans, pincé à 159 km/h au guidon d’une moto 530 cc sur un tronçon désert mais limité à 80 de la route de l’Intyamon, avait le potentiel nécessaire pour devenir le premier justiciable jeté en prison pour excès de vitesse en Suisse. Ce ne sera pas le cas.

A cause du retrait de permis de deux ans, le conducteur a dû changer de profession. © Charles Ellena (photo prétexte)
A cause du retrait de permis de deux ans, le conducteur a dû changer de profession. © Charles Ellena (photo prétexte)

Marc-Roland Zoellig

Publié le 19.09.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Ni le procureur Laurent Moschini ni la présidente du Tribunal de la Gruyère Frédérique Bütikofer Repond n’entreront dans l’histoire judiciaire comme des pionniers de l’application stricte des contestées mesures Via sicura. Ce n’est peut-être que partie remise (lire ci-dessous).

Un dépassement de vitesse «aberrant» 

L’ex-motard - le retrait de permis de deux ans que lui a valu son exploit de juillet 2013 l’obligera à se déplacer à vélo pendant un bon moment encore - a certes été condamné jeudi pour délit de chauffard au sens de la Loi sur la circulation routière (LCR). Ce qui l’exposait à une sanction pouvant aller jusqu’à quatre ans de prison.

Mais il n’a écopé «que» d’une peine avec sursis: 15 mois assortis d’un long délai d’épreuve de cinq ans, subordonné à la poursuite d’un traitement psychologique et d’un cours de sensibilisation dispensé par le Bureau de prévention des accidents (BPA). Le procureur Moschini estimait que ce dépassement de vitesse «aberrant» de 72 km/h (marge de sécurité déduite) méritait 18 mois avec sursis.

Le prévenu avait pourtant des antécédents: trois retraits de permis entre 2008 et 2011, pour des pertes de maîtrise et des contrôles positifs à l’éthylomètre (0,6 pour mille) alors qu’il se trouvait au volant d’une voiture. Aucun de ces incidents n’avait toutefois impliqué d’excès de vitesse.

«Je voulais juste aller boire un verre au col des Mosses»

Au moment de son «flashage» de juillet 2013, il pilotait une moto appartenant à son père. «Je voulais juste aller boire un verre au col des Mosses», a-t-il expliqué. Bonne visibilité, météo idéale, route déserte («J’ai dû croiser trois véhicules ce soir-là»), il avait un peu malaxé la poignée des gaz. «Je savais que j’allais trop vite mais pas à ce point. Je regardais devant moi et n’ai pas vu le compteur de vitesse. C’était une connerie irresponsable, heureusement qu’il n’y a pas eu d’accident et que je suis le seul impliqué…»

Grâce à un patron compréhensif, le prévenu a pu conserver son emploi malgré son retrait de permis. Il s’est spontanément inscrit à un cours du BPA et a entrepris des démarches pour entamer une psychothérapie. Autant d’éléments qui ont conduit le tribunal à faire preuve de clémence. Ils ne sont toutefois pas allés jusqu’à suivre le raisonnement de Bernard Loup, avocat de la défense, qui estimait que son client n’avait pas agi de manière intentionnelle et ne devait donc être condamné que pour violation grave d’une règle de la circulation routière.

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À 111 km/h dans un village: il risque gros

Le Tribunal de la Gruyère aurait dû se pencher, jeudi après midi, sur le cas d’un autre chauffard risquant encore plus gros. Ce Saoudien de 25 ans, étudiant dans une prestigieuse école de la région, avait été pincé le 7 août 2013 alors qu’il traversait le village de Villars-sous-Mont à 111 km/h. Moins d’une année plus tôt, le Ministère public de l’Est Vaudois lui avait infligé 6 mois de prison avec sursis pendant deux ans pour violation grave des règles de la circulation routière et conduite sans permis. Son procès a toutefois été reporté, l’homme ayant produit un certificat médical attestant de son incapacité à comparaître devant le tribunal.

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