La Liberté

Très proches mais à chacune ses rêves

Série d’été - Jumeaux/Jumelles (6/8) • Nora et Maëlle Picard, cinq ans et demi, se ressemblent beaucoup et sont très liées. Les jumelles passent l’essentiel de leur temps ensemble, ce qui ne les empêche pas d’avoir des caractères bien différents.

A cinq ans et demi, Maëlle et Nora Picard ont déjà des goûts différents. La première aime particulièrement
A cinq ans et demi, Maëlle et Nora Picard ont déjà des goûts différents. La première aime particulièrement

Maud Tornare

Publié le 22.08.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Dans la chambre qu’elles partagent, des guirlandes de dessins tapissent les murs. Des arcs-en-ciel de couleurs où transparaissent leurs rêves de petites filles. Nora se voit déjà en astronaute alors que Maëlle s’est représentée en maîtresse d’école. Des rêves distincts pour deux petites filles qui se ressemblent presque comme deux gouttes d’eau. Nora et Maëlle Picard ont cinq ans et demi et sont de vraies jumelles. Très proches, elles savent aussi se chamailler comme toutes les sœurs. «On aime beaucoup jouer ensemble mais des fois on se fâche», raconte Maëlle, un brin de malice dans les yeux.

Assise à ses côtés, sur le canapé du salon de leur maison, Nora est plus timide. Sans doute un peu gênée par les questions bizarres que lui pose la dame venue avec son carnet de notes et son stylo. C’est quoi vos couleurs préférées? «Moi j’aime le violet, le bleu et le rouge», déclare Maëlle en premier. Puis c’est au tour de Nora d’énumérer sa propre liste de couleurs préférées, presque aussi longue que toutes celles de l’arc-en-ciel. «Mais on aime toutes les deux la pizza», ajoute sa sœur, sûre de son fait.

Ce jour-là, si l’une des jumelles gruériennes affichait plus d’assurance que l’autre, c’est loin d’être toujours le cas. «Il n’y en a pas une qui est dominée et l’autre qui domine. Tout dépend du contexte dans lequel elles se trouvent. Nora est par exemple plus à l’aise quand il y a beaucoup d’enfants et d’agitation. Elle aime aussi les défis physiques alors que Maëlle est plus attirée par tout ce qui touche aux histoires, aux dessins, aux chansons», raconte Sandrine, leur maman.

Une histoire de famille

Etre enceinte de jumelles n’a pas été une surprise pour la jeune femme, la gémellité faisant partie de son histoire familiale. «Lorsque le gynécologue m’a regardé avec un petit sourire, j’ai tout de suite compris et j’ai éclaté de rire. Je n’ai jamais vu ça comme un problème», se souvient Sandrine en riant. Son mari Philippe confie, lui, n’avoir pas vraiment réalisé sur le moment ce qu’impliquait le fait d’avoir deux enfants d’un seul coup. «En gros, c’est le double d’investissement. Les six premiers mois, c’était beaucoup de stress de devoir jongler entre le travail et l’organisation familiale. J’ai accumulé pas mal de fatigue. En cas de grossesse multiple, un père devrait avoir droit à un congé équivalent à celui de la mère», estime Philippe. Après son congé maternité, Sandrine s’est mise à travailler à temps partiel pour s’occuper de ses jumelles. «Quand tu as deux enfants du même âge, tu vis beaucoup plus à leur rythme qu’avec un seul. A un moment, je ne distinguais plus trop le jour de la nuit. J’avais perdu la notion de l’organisation d’une journée. Mais malgré tout, j’ai très bien vécu cette période», confie la jeune femme.

Le couple, qui est aussi parent d’un petit Joan, bientôt deux ans, est d’avis qu’avoir des jumelles ne se résume pas à une charge plus importante de travail. «Tout le temps qu’on leur a donné, elles nous l’ont rendu en boomerang. Dès l’âge d’un an, Nora et Maëlle s’occupaient déjà très bien ensemble. C’est l’avantage d’être deux.» Au niveau de l’éducation, Sandrine et Philippe ont pris le parti d’élever leurs filles comme n’importe quel autre enfant et de ne pas se fier à n’importe quel livre traitant de la problématique des jumeaux. «Il y a beaucoup de mythes autour de la gémellité. Par exemple, la télépathie entre jumeaux. Certains veulent croire que cela existe. Mais pour nous, il était important de ne pas se laisser influencer par les préjugés», explique Sandrine, qui, dans son métier de psychologue, conseille des parents de jumeaux un peu déboussolés sur la façon d’éduquer leurs enfants.

«Nous n’avons jamais habillé nos filles de la même façon», poursuit Philippe. «Mais nous n’avons pas non plus cherché à les rendre différentes à tout prix.» Le couple est surtout resté attentif à un aspect, celui de la sociabilité de leurs filles. «Pour nous, ce qui est important, c’est qu’elles n’aient pas de difficultés à entrer en contact avec les autres enfants», explique Sandrine, qui précise que ses filles n’ont jamais rencontré de problèmes à ce niveau. Pour l’instant, les jumelles passent encore l’essentiel de leur temps ensemble: elles vont à l’école dans la même classe et font toutes les deux de la danse. «C’est comme ça maintenant mais quand elles grandiront, elles auront probablement des envies différentes», anticipent leurs parents.

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Une vie à double

Cet été, «La Liberté» est allée à la rencontre de jumelles et de jumeaux vivant dans notre région. Hommes, femmes, enfants, adultes, personnes âgées… Au travers de différents portraits croisés, ces frères et sœurs pas tout à fait comme les autres vont partager leur vécu, leurs expériences, le tout agrémenté d’anecdotes et d’histoires plus sérieuses. Une série pour inviter les lecteurs à croquer la vie à pleines dents, deux fois plutôt qu’une! Lib

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