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Une fillette de 6 ans transformée en objet sexuel

Justice/Fribourg • Un sexagénaire est jugé par le Tribunal pénal de la Veveyse. Il est accusé d'avoir abusé sexuellement pendant 8 ans d'une jeune fille dont il s'occupait avec son épouse, maman de jour. Le Ministère public a requis 4 ans et demi ferme contre ce pédophile.

Placé en détention pendant 55 jours, le pédophile a admis. © Charly Rappo
Placé en détention pendant 55 jours, le pédophile a admis. © Charly Rappo

Stéphane Sanchez

Publié le 22.01.2015

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Expliquer «comment tombe la petite graine qui fait les bébés». C’est le piège que L.*, un pédophile de 62 ans domicilié dans la Glâne, a utilisé à six reprises au moins depuis 1987. D’abord sur Vaud, puis en Veveyse. Sa victime principale: une fillette de 6 ans qu’il a transformée pendant huit ans (jusqu'à ses 14 ans) en «instrument sexuel». Dixit la procureure Yvonne Gendre, mercredi devant le Tribunal pénal de la Veveyse.

«Il m’avait dit que si je parlais, il irait en prison»

Les faits remontent à 2000, alors que la fillette, fragilisée, était le souffre-douleur de sa fratrie. Ses parents la plaçaient chez L., une connaissance, sorte de «figure paternelle» de substitution, par ailleurs marié à une maman de jour. Le pédophile profitait de chaque absence de son épouse pour entraîner la fillette dans son «jeu», selon ses mots. Parfois plusieurs fois par semaine, au salon, sous la douche, au galetas, sur le lit conjugal, à l’extérieur et même en vacances, les attouchements sont allés crescendo. Jusqu’à faire intervenir le chien de la maison. La fillette a également dû assister par le biais d’un miroir aux ébats de L. et de son épouse.

«Il m’avait dit que si je parlais, il irait en prison. Que la prison c’était pour les monstres et que ce n’était pas un monstre», confirmait mercredi la victime, en larmes. En proie aux difficultés sociales et scolaires et à la culpabilité, la jeune fille a tenté d’oublier. Puis s’est confiée à son père avant de porter plainte en 2012, «pour pouvoir avancer» et éviter d’autres victimes. L. avait aussi montré des images porno à sa sœur - des faits prescrits.

D'autres jeunes victimes

Placé en détention pendant 55 jours, le pédophile a admis. La police l’a pisté au travers de ses déménagements. Pour trouver une autre victime placée auprès du couple entre 1995 et 1997, à l’âge de 6 à 8 ans. Une femme encore poursuivie par le cauchemar d’un homme aux mains charnues et aux ongles sales, essuyant «la petite graine» avec un mouchoir. Et ce n’était pas une première: L. avait déjà été condamné pour s’être exhibé en action devant trois fillettes, en 1987, dans le canton de Vaud.

«Je regrette amèrement», a assuré le pédophile, en qualifiant ses actes d’«abjects» et de «moment d’égarement», tout en demandant pardon. Déclaré pleinement responsable de ses actes et sous traitement, L. a insisté sur la «promesse» faite à la procureure «que ça ne se reproduirait plus».

Soumis à une castration chimique volontaire

Une «contrition de façade», selon l’avocat de la jeune fille, Me Angelo Ruggiero. Yvonne Gendre a quant à elle souligné le côté manipulateur de l’accusé. «Il s’est déjà excusé auprès d’elle (la victime, n.d.l.r.), mais il a continué, parce que c’était «bien», parce que c’était «bon»», rappelle-t-elle. Et de souligner qu’on ignore tout des actes du pédophile entre 2008 et 2012. Qu’il s’est épanché sur ses goûts. Qu’il dit avoir fantasmé sur sa voisine préadolescente, en 2012. Et que le risque de récidive est élevé. Or, soumis à une castration chimique volontaire dès l’automne 2013, le pédophile y a renoncé depuis. Pour préserver, dit-il, la sexualité de son couple.

Le Ministère public a requis 4 ans et demi ferme, ainsi qu’un traitement ambulatoire de 5 ans. La défense a demandé un sursis partiel, au vu de la «collaboration» de l’accusé et de ses «regrets sincères». Verdict le 28 janvier.

* Nom connu de la rédaction

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