La Liberté

Une prostituée accusée d’avoir plumé un retraité

Procès/Veveyse • Une fille de joie est accusée d’avoir extorqué plus de 123'000 francs à un sexagénaire de Châtel-St-Denis. Elle l'aurait menacé et harcelé durant un an. L'homme lui aurait versé de l'argent de peur que sa famille apprenne qu’il fréquentait une prostituée.

«Il voulait que j’arrête la prostitution et avait promis de m’aider financièrement» s'est défendue la prévenue. © Charly Rappo (photo prétexte)
«Il voulait que j’arrête la prostitution et avait promis de m’aider financièrement» s'est défendue la prévenue. © Charly Rappo (photo prétexte)

Maud Tornare

Publié le 02.10.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Dix-huit mois de prison, dont six mois ferme et douze mois avec sursis pendant trois ans: c’est la peine requise par le Ministère public à l’encontre d’une prostituée qui comparaissait mercredi devant le Tribunal pénal de la Veveyse à Châtel-St-Denis. D’origine camerounaise, cette péripatéticienne de 42 ans est accusée d’avoir extorqué, d’avril 2012 à mai 2013, 123'000 francs à un retraité châtelois de 68 ans. Avant son décès fin 2013, l’homme avait déposé trois plaintes. Il était représenté mercredi par ses deux filles et son avocate, Me Catherine Morf.

10'000 francs pour un avortement

Lors des auditions, le retraité avait expliqué avoir subi de nombreuses menaces de la part de cette prostituée, dont il avait été client. Lui faisant croire qu’elle était enceinte de lui, celle-ci lui aurait demandé 700 francs pour faire un test de grossesse ainsi que 10'000 francs pour se faire avorter. Le retraité lui aurait versé ces montants de peur que sa famille apprenne qu’il fréquentait une prostituée.

La quadragénaire aurait ensuite menacé de mettre le feu au chalet du retraité si celui-ci ne lui remettait pas 25'000 francs pour qu’elle puisse s’acheter une nouvelle voiture. La prostituée se serait également rendue, accompagnée d’un homme de type africain à la stature imposante, au domicile du retraité et cela dans le but de l’intimider et de lui soutirer de l’argent. A chaque fois, le sexagénaire, effrayé, aurait accepté de lui remettre plusieurs milliers de francs en liquide.

Une spirale infernale

Des accusations que la prévenue a contestées en bloc. «Il voulait que j’arrête la prostitution et avait promis de m’aider financièrement pour relancer ma boutique une fois qu’il aurait reçu l’argent de la vente de sa maison», a-t-elle expliqué contestant avoir harcelé son client par téléphone. «Si je l’ai appelé à plusieurs reprises, c’est parce qu’il se distanciait de moi, fréquentait d’autres prostituées et que j’avais peur de ne pas recevoir mon dû», a-t-elle admis. Dans une reconnaissance de dette signée par le retraité mais que la prévenue a vraisemblablement falsifiée, la prostituée réclamait à son client 36'700 francs pour des travaux effectués à son chalet, l’achat de vin, des frais d’essence ainsi que le paiement de 12 mois de loyer.

«C’est cette offense de trop qui a donné à mon client le courage de révéler l’ampleur de la tragédie qu’il vivait», a exposé l’avocate du retraité pour qui la prévenue a exploité sans relâche la détresse affective de son client pour lui extorquer toute sa fortune. C’est aussi la conclusion du procureur Jean-Luc Mooser pour qui «cette affaire illustre la spirale infernale d’un vieil homme souffrant de solitude et qui a été pris dans les griffes avides d’une prostituée». Selon l’avocate du retraité, ce dernier ne dormait plus et n’osait plus sortir de chez lui.

Un homme «détruit physiquement et psychologiquement»

«Cette histoire l’a détruit physiquement et psychologiquement. Les agissements odieux de l’accusée ont eu un impact prépondérant sur son décès prématuré», a souligné Me Catherine Morf demandant une indemnité de 20'000 francs pour tort moral en faveur de ses deux filles qui ignoraient avant son décès que leur père fréquentait une prostituée.

Me Anne-Sophie Brady, avocate de la défense, a, elle, demandé que sa cliente soit acquittée de tous les chefs d’accusation (tentative d’escroquerie, extorsion par métier, faux dans les titres et utilisation abusive d’une installation de télécommunication). «Une condamnation ne peut être prononcée que sur des faits établis. Or rien, si ce n’est des suppositions, ne prouve que ma cliente ait reçu tous ces montants». Verdict le 16 octobre.

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