La Liberté

Le laboratoire antidopage tourne à vide

Publié le 28.05.2016

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Moscou

Capable de mener jusqu’à 400 tests par jour pendant de grandes compétitions, le laboratoire antidopage de Moscou tourne désormais à vide, au coeur d’un scandale mêlant dopage et corruption qui pourrait aboutir à l’absence des athlètes russes aux prochains Jeux de Rio (5-21 août). L’accréditation du laboratoire, provisoirement suspendue depuis novembre dernier, a été officiellement retirée en avril par l’Agence mondiale antidopage (AMA) pour manque de respect des normes internationales en matière de contrôle antidopage. Dans le même temps, un très léger assouplissement de la sanction a permis à ses 52 employés de mener une petite dizaine de tests sanguins mineurs en mai.

Mais les salles, à température glaciale pour préserver l’équipement scientifique, semblent presque inoccupées: les employés sont peut-être allés déjeuner, ou ils ont voulu éviter la visite organisée pour la presse par la direction du laboratoire. «Nous faisons tout notre possible pour retrouver notre crédibilité, pour que l’on nous fasse confiance», déclare Grigori Krotov, à la tête du département d’analyse sanguine.

«Nous coopérons avec l’AMA et nous sommes prêts à mettre en place toutes les règles qu’elle introduira. C’est pour cela que nous sommes tous restés», explique-t-il. Depuis avril, le laboratoire est quasiment à l’arrêt: la révocation par l’AMA de l’accréditation du laboratoire de Moscou signifie qu’il n’a plus le droit d’analyser d’échantillons, sauf ces quelques prélèvements sanguins en mai. Cette suspension cause d’importants soucis aux athlètes russes: pour qu’un contrôle antidopage soit valable, les échantillons doivent parvenir en moins de 48 heures à un laboratoire certifié par l’AMA, dans un autre pays donc, explique M. Krotov.

Dans un rapport publié en novembre, l’AMA avait accusé le laboratoire d’être au cœur d’un système de dopage organisé dans l’athlétisme russe. Alors directeur du laboratoire, Grigori Rodtchenkov a depuis été licencié et a déménagé aux Etats-Unis. Il a admis avoir détruit volontairement 1417 échantillons avant une inspection de l’AMA, en pleine enquête. Mi-mai, sa prise de parole dans les pages du «New York Times» a provoqué un nouveau séisme: il y affirme que des dizaines de sportifs russes, dont quinze médaillés olympiques, ont profité d’un système de dopage organisé et supervisé par les services secrets russes lors des Jeux olympiques de Sotchi en 2014.

«Si c’est vrai, il a tout caché et l’a fait seul», assure M. Krotov, qui travaillait au troisième étage du laboratoire de Sotchi lors des Jeux. L’ancien directeur du laboratoire était perçu par ses collègues comme un «type bizarre», affirme-t-il, ajoutant avoir été «choqué» par ses révélations. ats

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