Contrairement à plusieurs autres de ses confrères, Vincent Enyeama n’a pas encore forcé les portes de la célébrité. Mais le gardien de but du Nigeria et de Lille fait incontestablement partie des meilleurs spécialistes de la planète à son poste et est en train d’en apporter une nouvelle fois la preuve pendant le Mondial 2014.

Enyeama, dit le Chat, dispute actuellement sa troisième phase finale après 2002 et 2010. Il y a quatre ans, sa souplesse et ses réflexes sur sa ligne lui avaient permis de réaliser, notamment contre la Grèce et l’Argentine de Lionel Messi, une des prestations les plus abouties par un portier dans l’histoire récente de la compétition. Or, au Brésil, le Nigérian est toujours invaincu après deux rencontres (0-0 contre le Japon et 1-0 contre la Bosnie).

S’imposer au haut niveau en club lui a pourtant pris du temps. Elu gardien de l’année en Israël en 2009, il rejoint le LOSC en 2011 mais n’est qu’une doublure. Il retourne alors, en prêt, au Maccabi Tel-Aviv lors de l’exercice 2012/13, avant de revenir en France et de s’y faire un nom. Cette saison, il n’a manqué aucun des 38 matches de championnat de Lille et a réussi des prouesses, contribuant à faire du club nordiste la deuxième défense de Ligue 1.

Le Chat est d’ailleurs devenu «Jésus» en rendant une feuille blanche lors de 21 matches, plus haut total non seulement des portiers de l’Hexagone, mais aussi de tous les grands championnats européens. Il a même failli faire tomber, à la fin 2013, le vieux record d’invincibilité de Gaëtan Huard (Bordeaux) en préservant sa cage invio- lée durant 1062 minutes, soit plus de onze parties, échouant à «seulement» 114 minutes de la marque de référence établie en 1992/93. La faute à un… autogoal de Simon Kjaer! Cette régularité a poussé le LOSC à prolonger le contrat du Nigérian, qui se terminait en 2015. Si son gardien continue sur sa lan- cée au Brésil, Lille peut sans doute faire une belle plus-value, en dépit de l’âge avancé du joueur (32 ans à la fin août).

Celui que ses partenaires en club appellent également «Eddy», pour son sourire et sa bonne humeur rappelant l’acteur Eddy Murphy, abordait cette Coupe du monde avec des ambitions claires. «Je pense que nous irons loin, lâchait-il. Nous sommes complètement concentrés et bien déterminés à ce que toute l’Afrique soit fière de nous.» Avant le tournoi, il avait même osé un «oui, on peut gagner. Si nous faisons le maximum tous ensemble, tout est possible.»

Vincent Enyeama, homme très croyant, a également foi en ses Super Eagles, dont il est le capitaine. Vainqueurs de la dernière CAN, en 2013, les Nigérians suscitent les attentes les plus folles y compris chez leur président, Goodluck Jonathan. «Quand on voit combien de joueurs talentueux nous avons, nous pouvons devenir la première équipe africaine championne du monde!» Rien que ça…

En course pour une place en huitième de finale, le Nigeria de l’intransigeant sélectionneur Stephen Keshi compte sur le non moins intransigeant Vincent Enyeama pour écrire l’histoire. Dès demain à Porto Alegre, où le Chat, alias Eddy, alias Jésus, retrouvera l’Argentine et Lionel Messi. SI