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La nouvelle vie de la famille Ngoy

En partant à Ambri l’été passé, l’ex-défenseur de Gottéron a fait un choix humain plutôt que sportif

Delphine et Michael Ngoy avec leurs trois enfants Mila, Jimmy et Evy dans leur appartement de Bellinzone: tout pour la famille. © Stefano Lurati
Delphine et Michael Ngoy avec leurs trois enfants Mila, Jimmy et Evy dans leur appartement de Bellinzone: tout pour la famille. © Stefano Lurati

Stefano Lurati, Bellinzone

Publié le 17.02.2017

Temps de lecture estimé : 7 minutes

Hockey sur glace »   Partir ou ne pas partir: une simple question qui aurait pu se muer en véritable dilemme pour Michael Ngoy. Se définissant volontiers comme «clubiste dans l’âme et casanier de nature», le Vaudois n’a endossé que deux maillots dans sa carrière: d’abord celui du Lausanne HC, là où il effectua toute sa formation, signa son premier contrat professionnel et fêta une promotion en ligue A; ensuite celui de Fribourg-Gottéron, là où il évolua onze saisons durant à partir de 2005.

Opéré des deux genoux au printemps 2015, le défenseur vaudois est très vite revenu à son meilleur niveau. A 33 ans, pas question donc d’en rester là. Le contrat le liant à Gottéron arrivant à échéance en 2016, deux options se présentaient alors à lui: «Soit je terminais ma carrière à Fribourg, soit je partais loin, rappelle-t-il. Rester à Fribourg m’aurait plu, mais je pense que j’aurais eu des regrets de ne jamais être allé voir ailleurs. Avec Gottéron, j’ai vécu de grosses saisons. A un certain moment, j’aurais pu partir à Zurich, mais je voulais d’abord confirmer. Ensuite, après avoir titillé le titre, je voulais continuer à y croire. Mais la tendance a fini par s’inverser. Si j’avais senti que jouer le titre était possible dans les deux années à venir, je serais resté à Fribourg. Quitte à faire le «sacrifice» de la vie en faveur des objectifs sportifs.»

Pas pour être champion

En prenant le chemin de la Léventine, la famille Ngoy a effectué le choix inverse: privilégier une nouvelle vie au détriment des ambitions «hockeyistiques». «J’ai signé en connaissance de cause: je savais qu’en venant à Ambri, je n’allais pas être champion.»

Difficile de trouver plus Lausannois que Michael Ngoy. Durant les neuf premières saisons passées à Fribourg, il effectua quasi quotidiennement le trajet aller-retour entre son domicile lausannois et la patinoire Saint-Léonard. «Tous les Lausannois vous le diront: il leur est très difficile de quitter leur ville», se défend-il. Il fallut la naissance de son premier enfant pour l’inciter à emménager à Neyruz. «Je ne pensais pas que j’arriverais à vivre dans un si petit village. J’ai adoré!», sourit-il. Pas de doute: la vie de famille et le mariage avec Delphine ont modifié son optique. Partir loin est soudain presque devenu une priorité.

Mila est née à Bellinzone

Quand Hans Kossmann – ex-entraîneur de Gottéron et dés-
ormais d’Ambri – l’appela, la décision fut finalement vite prise. «Le seul argument pour nous faire rester à Fribourg était celui de l’éloignement de la famille. Mais il n’était pas assez fort pour nous dissuader de tenter l’aventure. Aujourd’hui, c’est sans regret. On a trouvé le dépaysement qu’on cherchait: une autre culture, une autre langue, un autre climat. Jimmy, notre aîné, va déjà à la crèche. En août, il entrera à l’école enfantine. Dans quelques mois, il saura l’italien.»

Après Jimmy (3 ans), la famille Ngoy s’est encore agrandie avec Evy (21 mois) et la petite dernière Mila née il y a dix jours à Bellinzone. Bellinzone là où les Ngoy ont trouvé un appartement tout neuf et ont Franco et Adriana Collenberg pour voisins. «A part quelques joueurs alémaniques qui rentrent régulièrement chez eux à Schwytz, à Zoug ou même à Zurich, presque personne n’habite à Ambri. Même Gauthier Descloux (le gardien N° 2, ndlr) va bientôt emménager tout près de chez moi à Bellinzone. Après un hiver, il n’en peut plus de vivre à Ambri, sans soleil et par moins dix degrés…», se marre Michael Ngoy. Il ne faut pas pousser le dépaysement trop loin.


 

«Fribourg-Gottéron est en crise, mais pas Ambri-Piotta»

Michael Ngoy ne s’est pas intégré facilement à Ambri-Piotta. Les Tessinois sont sous la barre et ce n’est pas une surprise.

Michael Ngoy le reconnaît volontiers: «Je pensais que m’intégrer dans une nouvelle équipe aurait été plus facile. Mais après onze saisons passées à Fribourg où je connaissais par cœur certains joueurs, je me suis retrouvé face à quelque chose de nouveau. Il faut un peu de temps pour retrouver des automatismes. Je fais une saison correcte, pas une grosse saison. Mais qui la fait quand tu es dernier du classement? Personne ne tire son épingle du jeu.» Ngoy est fidèle à lui-même: difficile de prétendre à plus de 7 points (2 buts, 5 assists), d’un défenseur défensif qui se définit comme «un joueur assez sobre, en tout cas pas flashy». Il a été aligné lors des 45 matches disputés par les «biancoblù» en championnat avec 15’15 
de temps de glace, ce qui fait de lui le 
3e joueur le plus utilisé de son équipe.

Dernier ou avant-dernier, avant-dernier ou dernier: Ambri et Gottéron ne devraient pas échapper à la finale des play-out. Pas vraiment une surprise pour le club tessinois. Tout le contraire pour les Dragons. «Je parle souvent avec des amis de Fribourg et ils me disent vivre un cauchemar», remarque Ngoy. «Il y a d’excellents joueurs, un excellent entraîneur, tout pour bien faire et ça ne marche pas. Tout le monde doute. Et quand ça ne va pas à Fribourg, c’est l’horreur. Très exigeant, le public a beaucoup d’attentes et n’est pas tendre. A Ambri, c’est différent. Neuf fois sur dix, le club ne joue pas les play-off. Il n’y a pas de crise parce qu’on est là où on devait être. Si tu perds après t’être bien battu, les supporters te félicitent quand même. L’entraîneur a été changé et, avec Gordie Dwyer, c’est reparti avec un nouvel élan. Evoquer le barrage contre la relégation n’est sur les lèvres de personne.»

Pourtant, Michael Ngoy l’avoue: «Se retrouver dans une équipe qui perd 
incite à tout remettre en question. En gagnant, tu te vois continuer jusqu’à 
40 ans. Les joueurs à plus de 1000 mat-
ches ont fait leur carrière dans des grands clubs. En perdant, tu t’uses plus vite. Mentalement, ça te ronge et ça te tue. Mais, encore une fois, je savais ce qui m’attendait en signant à Ambri. C’est l’objectif qui a changé.» Michael Ngoy est sous contrat jusqu’en 2018. Il aura alors 36 ans. Sl

 

Ce soir en ligue A

Fribourg-Gottéron - Ambri-Piotta19h45

Berne - Kloten19h45

Bienne - Genève-Servette19h45

Lugano - Davos19h45

Lausanne - Zoug19h45

1. Berne* 45 27 5 4 9 140-104 95

2. Zurich Lions* 45 22 9 7 7 146-105 91

3. Zoug* 45 26 3 6 10 141-105 90

4. Lausanne* 46 22 5 1 18 144-128 77

5. Davos* 45 19 4 4 18 135-123 69

6. Genève-Servette* 46 17 4 10 15 123-124 69

7. Bienne 45 20 2 3 20 133-124 67

8. Lugano 46 16 5 4 21 129-151 62

9. Langnau 46 15 4 3 24 111-133 56

10. Kloten 46 12 4 10 20 131-154 54

11. Fribourg-Gottéron+ 46 11 5 2 28 117-163 45

12. Ambri-Piotta+ 45 8 8 4 25 108-144 44

* En play-off, + Tour contre la relégation

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