La Liberté

Le signal donné n’est pas le bon

Hockey • Après sa charge sur Daniel Rubin, le capitaine de Fribourg-Gottéron Julien Sprunger pouvait s’attendre à une lourde sanction. Contre toute attente, la Ligue l’a blanchi. Cette décision a inspiré ce commentaire à François Rossier, journaliste à «La Liberté».

Samedi, lors du deuxième match à la BCF Arena, Sprunger avait chargé l'attaquant genevois Daniel Rubin au cours de la deuxième période.
Samedi, lors du deuxième match à la BCF Arena, Sprunger avait chargé l'attaquant genevois Daniel Rubin au cours de la deuxième période.
Le Bernois n'avait pu terminer la partie. Evacué à l'hôpital, on lui a diagnostiqué une triple fracture de la pommette. © Charly Rappo
Le Bernois n'avait pu terminer la partie. Evacué à l'hôpital, on lui a diagnostiqué une triple fracture de la pommette. © Charly Rappo

François Rossier

Publié le 08.03.2016

Temps de lecture estimé : 3 minutes

«Passé maître dans l’art du contre-pied, le juge unique Reto Steinmann avait réussi à faire l’unanimité contre lui. Consciente des limites de son organisation, la fédération suisse a procédé l’été dernier à une révision de son règlement. Le but: séparer les pouvoirs. Swiss Ice Hockey a donc nommé un responsable de l’intégrité des joueurs en la personne de Stéphane Auger, désormais seul apte à décider de l’ouverture d’une enquête. La panacée? Tant s’en faut. Il a suffi de quelques décisions incohérentes pour décrédibiliser le Canadien, qui, comme son prédécesseur, faute d’une ligne claire, s’est vite mis tout le monde à dos.

Son travail est certes délicat et forcément ingrat. Analysé, examiné et disséqué sous tous les angles, son jugement, basé sur quelques images plus ou moins nettes, porte forcément une part de subjectivité. La charge litigieuse de Julien Sprunger sur Daniel Rubin (à revoir en vidéo ci-dessous) qui secoue la planète hockey depuis samedi en est la parfaite illustration.

Voué aux gémonies et traité de danger public, le capitaine de Fribourg-Gottéron n’échapperait pas à une lourde sanction, prophétisaient déjà ses détracteurs. Ses défenseurs, eux, argumentaient que le hockey viril des play-off enfantait des chocs violents et que ses acteurs, des hommes aguerris et avertis, n’avaient qu’à les anticiper. Stéphane Auger a donné tort aux premiers et raison aux seconds. La prochaine fois, il fera le contraire. Et le débat s’enflammera. Encore. Toujours.

Plus que l’acquittement de Sprunger, surprenant mais nullement scandaleux en regard de certaines horreurs aperçues sur d’autres patinoires, ce sont les conséquences de cette décision qui ne laissent pas d’inquiéter. Un responsable de l’intégrité des joueurs n’est-il pas désigné pour protéger ces derniers? En tolérant une charge brutale (Rubin a la pommette fracturée) sur un joueur vulnérable, Stéphane Auger a failli à sa mission. Il n’a fait qu’encourager la violence gratuite. Celle qui fait des dégâts et ternit l’image du hockey. Celle qui envoie des joueurs à l’hôpital ou, pire, les oblige à mettre un terme à leur carrière. Le signal donné n’est pas le bon.

Charge à la tête ou sur le corps? Prémédité ou non? Avec ou sans élan? Sprunger ou Tartempion? Ces questions sont aussi intéressantes que légitimes, mais elles ne sont pas les bonnes. La seule qui mérite d’être posée est: quel hockey sur glace veut-on défendre? Celui des brutes ou celui des artistes?»

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