La Liberté

«Il y a moins de blessés qu’en 2016»

Directeur du service médical de l’ATP, Todd Ellenbecker se penche sur les blessures dans le tennis

Publié le 07.09.2017

Temps de lecture estimé : 7 minutes

K Pascal Dupasquier, New York

Tennis » Au-delà de la chanson de geste et de sa dramaturgie sportive, l’US Open 2017 restera celui du traumatisme médical. Touchés dans leur chair, Andy Murray (hanche), Novak Djokovic (coude), Stan Wawrinka (genou), Kei Nishikori et Milos Raonic (poignet tous les deux) ont fait l’impasse sur la quinzaine new-yorkaise. Si l’on ajoute les noms de Thomas Berdych (dos), Marin Cilic (adducteurs), Nick Kyrgios (épaule) et Gaël Monfils (genou), dont les maux sont réapparus en cours de tournoi, on se dit que le tennis est devenu un sport à hauts risques. Une impression nuancée par Todd Ellenbecker, directeur du service médical de l’ATP. Interview.

Cinq membres du top 11 absents avant le début du tournoi, d’autres grands noms sortis de cet US Open en mauvais état, êtes-vous surpris par toutes ces blessures qui frappent le ­tennis actuellement?

Todd Ellenbecker: Surprendre n’est pas le verbe adéquat. Dans le tennis, comme d’ailleurs dans le football, dans le hockey et dans tous les sports qui mettent le corps à rude épreuve, la blessure fait malheureusement partie du jeu. Des blessures dans le circuit ATP, il y en a toujours eu. Et pas seulement aujourd’hui. Elles sont simplement mises en lumière parce qu’elles touchent un nombre inhabituel de joueurs connus.

Reste que, et vous l’avez dit, les blessures sont très ­fréquentes dans le tennis…

Il y a une chose très importante que les gens doivent savoir: notre service médical enregistre tous les cas de blessure sur le circuit et, par rapport à l’an passé, il en recense 6,9% de moins. Cela peut paraître étonnant pour le public, mais c’est la réalité.

Donc, selon vous, ce qui arrive aujourd’hui avec Novak ­Djokovic, Andy Murray, Stan Wawrinka, Kei Nishikori et Milos Raonic, c’est le fait du hasard…

C’est plus le fait du hasard que d’autre chose, effectivement. Certaines années, il y a davantage de joueurs classés au-delà de la 100e place qui sont blessés. Et certaines autres, il y en a davantage de très connus qui le sont… Désolé de vous décevoir, mais il n’y a pas vraiment d’explication rationnelle à cela.

Que pouvez-vous faire, vous et votre service médical, pour réduire au minimum ces cas de blessure?

Nous nous efforçons d’effectuer un maximum de prévention. Nous avons d’ailleurs un programme que nous donnons à tous les joueurs. Nous avons également augmenté notre personnel sur les tournois. Par exemple, ici à l’US Open, nous avons 18 physiothérapeutes à disposition. Il y a dix ans, nous en avions sept… Notre staff médical est largement plus grand aujourd’hui. Non seulement pour soigner les blessures, mais aussi pour les éviter, aider les joueurs à préparer leur match, à récupérer, etc.

Le tennis moderne n’est-il toutefois pas devenu trop exigeant pour le corps des joueurs?

Je ne pense pas que le tennis soit devenu trop exigeant. En revanche, le corps est sollicité comme jamais il ne l’avait encore été auparavant. Le dos et les articulations effectuent un nombre incroyable de rotations à des vitesses folles, ils sont confrontés à des blocages brusques, des changements de direction… Tout cela crée des charges énormes pour le corps. Des charges qu’il y a 30 ans, un joueur n’aurait jamais pu supporter. Le tennisman ancien pensait à son jeu et, en gros, ça s’arrêtait là. Aujourd’hui, nous avons affaire à une power generation. Le joueur de tennis actuel est plus grand, plus puissant, plus fort. Il a une masse musculaire qui lui permet de s’adapter au tennis moderne. Il suit des programmes d’entraînement élaborés scientifiquement, fait attention à son régime alimentaire, à sa récupération, à ses heures de sommeil… Cela n’était pas du tout le cas il y a 30 ans.

Et l’évolution du matériel?

Le matériel, et ses conséquences pour le corps, est un domaine sur lequel se penchent des scientifiques du monde entier. A l’heure actuelle, mais cela peut toujours changer, aucune étude ne laisse supposer que tel type de raquettes ou tel type de balles soit néfaste pour la santé. Etant physiothérapeute et scientifique moi-même, je sais, par contre, que la tension des cordages peut provoquer des inflammations du poignet, du coude ou de l’épaule. Notamment chez les jeunes qui arrivent sur le circuit et qui passent d’un cordage naturel à un cordage synthétique. Cela dit, ce sont des problèmes anecdotiques et connus depuis fort longtemps.

Et qu’en est-il des surfaces de jeu?

Là non plus, aucune des études que nous avons faites ne démontre qu’il y a davantage de blessures en fonction de la surface où le joueur évolue. Que ce soit sur terre battue, gazon, ou sur revêtement en dur, nous recensons exactement le même type de blessures.

En guise de conclusion et dans l’idéal, quelle est 
la solution parfaite pour 
éviter les ­blessures?

Ma solution, et j’en parle depuis de très nombreuses années, se trouve dans la «périodisation». C’est-à-dire dans la faculté du joueur à planifier sa saison en fonction des buts et des pics de forme qu’il souhaite atteindre, mais également en fonction des phases de récupération et de repos dont son corps a besoin. Cette «périodisation» commence à être mieux assimilée grâce à Roger Federer. Dans l’organisation de son calendrier et des pauses qu’il sait s’accorder, il est, là aussi, le maître.


 

Un Rafael Nadal expéditif contre Andrey Rublev

Rafael Nadal (N° 1) sera bien présent au rendez-vous des demi-finales de l’US Open. L’Espagnol a survolé les débats face à Andrey Rublev (ATP 53), écrasé 6-1 6-2 6-2 en 1h36’ hier en quart de finale.

Rafael Nadal n’a laissé que des miettes à Andrey Rublev, qui disputait à 19 ans son premier quart de finale de grand chelem. Le gaucher majorquin n’a concédé qu’un seul break, dans le troisième jeu d’une partie disputée sous le toit du stade Arthur Ashe en raison des averses, alors qu’il menait déjà 2-0. Il a ensuite livré un véritable cavalier seul face au Russe. Nadal sera opposé au vainqueur de la partie entre Roger Federer et Juan Martin Del Potro qui s’est jouée durant la nuit.

Garbiñe Muguruza se hissera à la 1re place du classement WTA lundi. L’Espagnole de 23 ans succédera à Karolina Pliskova (N° 1), qui sera détrônée après son élimination hier en quart de finale de l’US Open.

Karolina Pliskova, qui occupait ce rang depuis le 17 juillet, s’est inclinée 7-6 (7/4) 6-3 face à la puissante Coco Vandeweghe (N° 20). ATS

Résultats

Flushing Meadows, New York. US Open. Quatrième levée du grand chelem (50,4 millions de dollars/dur). Simple messieurs. Quarts de finale: Rafael Nadal (ESP/1) bat Andrey Rublev (RUS) 6-1 6-2 6-2. Kevin Anderson (RSA/28) bat Sam Querrey (USA/17) 7-6 (7/5) 6-7 (9/11) 6-3 7-6 (9/7).

Simple dames. Quarts de finale: Coco Vandeweghe (USA) bat Karolina Pliskova (CZE/1) 7-6 (7/4) 6-3. Venus Williams (USA/9) bat Petra Kvitova (CZE/13) 6-3 3-6 7-6 (7/2).

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