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«Condamnés à la coopération»

Valentin Zellweger quitte la mission suisse à l’ONU à Genève pour l’ambassade au Kenya

«Mieux se portent nos voisins et le monde, mieux va la Suisse», souligne Valentin Zellweger. © Keystone/archives
«Mieux se portent nos voisins et le monde, mieux va la Suisse», souligne Valentin Zellweger. © Keystone/archives

Frédéric Burnand, Swissinfo

Publié le 07.07.2020

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Diplomatie » Chef de la mission suisse auprès de l’ONU à Genève, l’ambassadeur Valentin Zellweger quittera son poste fin juillet pour diriger l’ambassade de Suisse au Kenya. Comment voit-il l’avenir d’un multilatéralisme secoué de toutes parts et de la plateforme internationale de Genève? Entretien.

Durant ces quatre ans passés à Genève – une période passablement agitée internationalement –, comment avez-vous vécu votre rôle de diplomate suisse?

Valentin Zellweger: L’intérêt de la Suisse est que le monde continue à résoudre les problèmes ensemble. Et le moyen de ce dialogue est le multilatéralisme. Les valeurs contenues dans la Charte des Nations Unies se retrouvent pleinement dans la Constitution fédérale et dans les objectifs de la politique étrangère de la Suisse.

Pour un pays comme la Suisse, qui fonde sa prospérité sur le respect de règles communes et qui a une économie fortement axée sur l’exportation, mieux nos voisins et le monde se portent, mieux va notre pays. Les défis majeurs auxquels le monde fait face ne s’arrêtent pas aux frontières. C’est banal de le dire, mais les pays sont condamnés à la coopération. La Suisse a donc tout intérêt à promouvoir cette coopération multilatérale qui se déroule notamment à Genève.

Comment se passent les relations entre tous les acteurs de la Genève internationale, y compris sur le plan humain?

C’est un ensemble d’acteurs qui sont de plus en plus intégrés. Ils travaillent pour les mêmes objectifs. Vous avez, bien sûr, les diplomates et les fonctionnaires des organisations internationales, mais aussi les académiques de niveau mondial (EPFL, Université de Genève, Institut des hautes études internationales et du développement) et les représentants du secteur privé.

Ce qui distingue la Genève internationale, c’est cette volonté de coopération entre ces différents secteurs, cette habitude croissante de se parler au-delà des cercles immédiats. A New York, où j’ai été en poste, nous trouvons la même diversité d’acteurs, mais ils n’échangent pas comme à Genève.

D’aucuns fustigent la sociabilité qui entoure cette vie diplomatique à Genève. Mais n’est-elle pas essentielle?

Nous avons travaillé durant la crise du coronavirus sans avoir la possibilité de nous rencontrer physiquement. Nous avions seulement des contacts par téléphone ou visioconférence. Il n’était plus possible d’avoir des échanges informels, confidentiels. C’est une sérieuse entrave au bon déroulement de notre travail diplomatique.

Vous quittez Genève pour Nairobi, comme ambassadeur de la Suisse au Kenya. Qu’est-ce qui vous fait vibrer à l’idée de revenir dans cette capitale où vous avez démarré votre carrière diplomatique?

Il y a eu beaucoup de changements depuis ces 25 dernières années quand j’étais pour la première fois à Nairobi. Et il y a eu aussi beaucoup de changements dans notre perception de l’Afrique. Nous voyons aujourd’hui ce continent comme un partenaire fort, important et plein de potentiel. L’âge moyen dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne est autour de 20 ans, le plus bas de tous les continents (…).

Vous êtes un observateur privilégié de la marche du monde. Depuis quelques années, les jeunes générations se mobilisent un peu partout pour protester contre les violences faites aux femmes, les atteintes à l’environnement et le racisme. Ce surgissement qui semble s’inscrire dans la durée n’est-il pas une chance pour l’ONU?

Je ne pense pas que cela constitue une révélation pour l’ONU. Cela prouve que l’ONU se concentre sur les thèmes les plus importants pour les êtres humains, soit la sécurité, le bien-être économique et les droits humains. C’est une triade de valeurs que l’ONU défend depuis sa création. Tous les mouvements que vous évoquez – auxquels j’ajouterais la question de la justice sociale – montrent que l’ONU pose les bonnes questions et défend les bonnes valeurs. Ces mouvements renforcent en fait l’action de l’ONU.

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