La Liberté

Des liens plus étroits que jamais

Economie et droits de l’homme étaient au menu de la visite d’Etat du président Xi Jinping

Françoise Tschanz 
et Christian Rovere

Publié le 17.01.2017

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Suisse-Chine »   La Chine et la Suisse ont signé dix accords et déclarations d’intention hier, au deuxième jour de la visite d’Etat du président Xi Jinping à Berne. Outre l’économie, la culture, l’énergie et la propriété intellectuelle font également partie des pas communs effectués dans cette relation décrite comme exemplaire.

A l’issue d’une rencontre entre les délégations des deux pays, la présidente de la Confédération, Doris Leuthard, a en effet salué la qualité des relations sino-suisses, plus étroites que jamais. Elle a également évoqué l’esprit pionnier de ce partenariat, qui joue un rôle précurseur pour les contacts entre la Chine et l’Europe.

Plusieurs accords

Ce «partenariat stratégique innovateur» – auquel la Suisse est associée aux côtés de soixante autres pays – a été approfondi et élargi par la signature de conventions sur l’accord de libre-échange, déjà en vigueur depuis 2014, l’innovation, la coopération internationale, la propriété intellectuelle, la culture, l’énergie ou encore le sport. A propos de l’accord de libre-échange, «il y a encore une marge de manœuvre pour l’améliorer», a déclaré Doris Leuthard, sans donner plus de précisions.

Le vice-président du Conseil fédéral, Alain Berset, et les conseillers fédéraux Didier Burkhalter, Ueli Maurer et Johann Schneider-Ammann ont également pris part à ces signatures. Dans la foulée, les deux délégations ont relancé les dialogues bilatéraux – une vingtaine – que les deux pays entretiennent.

«Nous allons continuer à coopérer et renforcer nos liens», a affirmé Xi Jinping, ajoutant que Berne et Pékin partagent des positions communes sur «les grands domaines». Au-delà de l’économie, le président chinois a annoncé l’ouverture d’un centre culturel chinois à Berne. Dans le même esprit d’ouverture, il a, conjointement avec Doris Leuthard, décrété l’année 2017 «année du tourisme Suisse-Chine».

Et les droits de l’homme?

La question des droits de l’homme n’a en revanche pas été abordée publiquement. Elle a cependant été au cœur des questions des médias à Doris Leuthard. Rappelant que la perception de la Chine et de la Suisse à ce propos est différente, la présidente de la Confédération a parlé d’un processus, affirmant que les résultats n’interviennent pas du jour au lendemain. Xi Jinping n’a pour sa part pas répondu aux médias.

Aujourd’hui, Doris Leuthard et le président chinois ouvriront ensemble la rencontre annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos. ATS

 


Commentaire

Une bien coûteuse relation

«Une relation exemplaire.» L’expression est sortie de la bouche du président Xi Jinping à l’occasion d’un point presse tenu hier matin, au deuxième jour de visite du dirigeant chinois. Mais le mot «presse» n’est-il pas de trop? Les journalistes conviés n’ont pu poser aucune question à celui que l’on surnomme Oncle Xi. Aucune. Du jamais-vu ou presque, lors d’une visite officielle. Dans les salons feutrés de l’hôtel Bellevue de Berne, les journalistes sont surtout invités à se taire.

Ils doivent la boucler comme ces Tibétains interpellés sans ménagement dimanche sur la place Fédérale, comme ces manifestants tenus à l’écart par de hautes barrières. Le Conseil fédéral in corpore satisfait à toutes les exigences de peur de perdre un «ami». Mais peut-on se faire un ami d’un ennemi des libertés?

Une chose est sûre: le sacro-saint accord de libre-échange et la dizaine de protocoles en jeu dans cette visite ne poursuivent aucun but humanitaire. Tout juste murmure-t-on que les droits de l’homme ont été abordés dans le cadre de cette relation exemplaire.

Insupportable, cette relation l’est assurément aux yeux des journalistes hongkongais et autres opprimés qui ont relayé l’arrestation des manifestants pro-Tibet sur leurs sites d’information, au péril de leur vie. Ils goûtent peu à l’exemplarité d’une relation avec un pays qui envoie aux travaux forcés des intellectuels et fait disparaître des libraires. Nouer une relation exemplaire avec le pays de l’Oncle Xi ne va pas sans écorner l’image de la Suisse ­humanitaire. 
Pierre-André Sieber

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11