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La FIFA n’encaisse pas de but au National

Fiscalité Une pétition de la Jeunesse socialiste demandait de mettre fin aux privilèges fiscaux dont jouit la Fédération internationale de football, basée à Zurich. La Chambre du peuple a refusé d’y donner suite.

Basée à Zurich, la FIFA continuera à être imposée au taux réduit de 4%.
Basée à Zurich, la FIFA continuera à être imposée au taux réduit de 4%.

Philippe Castella

Publié le 21.03.2015

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Pas touche à la FIFA! Le Conseil national a refusé hier de donner suite à une pétition demandant de mettre fin aux privilèges fiscaux accordés à la Fédération internationale de football. La Jeunesse socialiste suisse (JSS) et l’organisation Solidar avaient recueilli plus de 10 000 signatures en soutien à leur revendication.

Le débat a été animé par les jolis dribbles de l’ancien président de la JSS Cédric Wermuth. Il a dénoncé le statut d’organisme d’utilité publique «qui permet à un petit club de loisirs du Zürichberg, dont le bénéfice est de 200 millions de francs, d’être imposé au taux réduit de 4%». Un privilège grâce auquel la FIFA aurait payé «60 fois moins» que si elle avait été imposée comme n’importe quelle autre entreprise, selon lui.

Le socialiste argovien ne s’est pas privé d’évoquer les scandales de corruption qui ont entouré le choix de la Russie et du Qatar pour l’organisation des prochaines Coupes du monde. Il a aussi parlé des 580 millions de francs que lui a rapportés la dernière Coupe du monde au Brésil et qui vont être redistribués à ses associations membres pour finir dans la poche des clubs.

«Chelsea, le Real Madrid ou le Bayern Munich sont-ils des organismes de charité?», interroge Cédric Wermuth. Et d’ironiser sur Roman Abramovitch, oligarque russe propriétaire du club anglais de Chelsea, qui serait «tout proche de se retrouver à l’aide sociale pour devoir être soutenu ainsi par un organisme d’utilité publique qui a pour nom FIFA».

Football et yodel

Toujours dans le registre de l’ironie, le jeune parlementaire s’est demandé pourquoi la FIFA qui brasse des millions jouit du même statut légal qu’un «club de yodel de l’Oberland bernois». Malgré ses jolis gestes techniques, Cédric Wermuth n’a pas trouvé le chemin des filets. Par 116 voix contre 67 et 13 abstentions, la Chambre du peuple a refusé de donner suite à la pétition.

Elle a préféré suivre le froid réalisme de Dominique de Buman. Le démocrate-chrétien fribourgeois s’est bien gardé de prendre la défense de la FIFA, évoquant même les «aspects sulfureux» qui l’entourent. Néanmoins, pour lui et pour la commission qui s’est penchée sur la question, les accusations proférées par la pétition à l’encontre de la FIFA et de son président Sepp Blatter sont à adresser à l’organisation elle-même.

Pour le reste, «nous ne voulons pas, sur la base d’un doute concernant un cas précis, remettre en question tout le statut des associations sportives qui bénéficient d’allégements fiscaux», justifie le Fribourgeois.

Au patrimoine mondial

Dans un communiqué, Solidar affiche sa déception face au rejet de la pétition. «La FIFA exige une vaste exemption d’impôts dans les pays où les Coupes du monde sont organisées. Or cet allégement fiscal est justifié par la FIFA sous prétexte qu’elle paie déjà des impôts en Suisse.» Selon l’œuvre d’entraide, «la FIFA réalise au final des bénéfices très élevés, non imposés, et accumule des milliards au détriment de la population suisse et des pays hôtes».

Déçu, Fabian Molina l’est aussi. «Seul le profit compte pour la FIFA», dénonce le président de la JSS. Il salue néanmoins le fait que quelques parlementaires bourgeois ont soutenu la démarche. «Cela montre qu’on a vraiment soulevé un problème.»

Anticipant cet échec, la JSS a déjà riposté, dans le registre de l’ironie. Elle s’est fendue cette semaine d’une lettre au conseiller fédéral Alain Berset pour ajouter le football à la liste des candidatures suisses au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, aux côtés du yodel, du carnaval de Bâle ou du savoir-faire horloger.

Les jeunes pousses socialistes justifient ce choix par le fait que le football jouit d’une longue tradition en Suisse, que la FIFA y a son siège et que son président est helvète. Et la JSS verrait dans cet acte un moyen de contrer la dérive d’un sport toujours plus orienté vers le profit. I

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