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La fin de la «génération ski»

Les vieux amateurs de lattes se retirent peu à peu des pistes et la relève n’est pas là

Concurrencées par d’autres options touristiques, notamment durant les vacances de Pâques, les pistes de ski ne séduisent plus autant qu’il y a quarante ans. Malgré tout, plus de 5000 amoureux de la glisse se sont fait plaisir ce week-end sur les pistes de Crans-Montana. © Keystone-a
Concurrencées par d’autres options touristiques, notamment durant les vacances de Pâques, les pistes de ski ne séduisent plus autant qu’il y a quarante ans. Malgré tout, plus de 5000 amoureux de la glisse se sont fait plaisir ce week-end sur les pistes de Crans-Montana. © Keystone-a

Laïna Berclaz

Publié le 18.04.2017

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Tourisme »   La saison de ski 2016-2017 s’annonce mitigée pour les stations. L’érosion ne date pas d’aujourd’hui. Le ski c’est aussi une histoire de génération. «L’évolution des sports d’hiver est complexe», selon le géographe Nicolas Antille. Changement climatique, franc fort et évolution de la société sont autant de facteurs à prendre en considération.

La génération des baby-boomers, qui a coïncidé avec la grande époque du ski des années 1970-1980 est moins encline à skier. Les vieux amateurs de lattes se retirent gentiment des pistes. Ils n’ont soit plus la force de skier longtemps, soit préfèrent d’autres activités. Nicolas Antille juge difficile de remplacer cette clientèle.

La tendance se ressent tant chez les sportifs amateurs que les professionnels. Les touristes qui viennent une semaine de vacances sont tout aussi contents de profiter du soleil quand il n’y a pas de neige et de prendre du bon temps sans pratiquer les sports de glisse «à temps complet», souligne le géographe.

Du côté des professionnels, ils sont aussi moins nombreux. La Fédération internationale de ski enregistre une baisse constante des licenciés depuis les championnats du monde à Crans-Montana (VS) en 1987, complète Grégory Quin, historien du sport à l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne.

Histoire de génération

Il y a quarante ans, partir en vacances de ski était presque un rituel. Il n’y avait pas d’autres options touristiques, souligne M. Quin. «Pas possible de prendre l’avion pour aller quelques jours à Porto ou à Barcelone à bas prix.»

Les adeptes du ski étaient attirés par le côté populaire du ski, poursuit M. Antille. Mais cette pratique est presque devenue un sport de luxe, coûteux. De plus, le ski n’est pas ou n’est plus aussi présent dans la culture des citadins et de communautés étrangères vivant en Suisse.

Jusqu’aux années 1980, le camp de ski était une réalité dans 80 à 90% des classes d’école, selon l’historien. Or leur nombre a nettement diminué ces vingt dernières années. Si les écoliers ne pratiquent pas les sports de glisse, difficile de les attirer sur les pistes à l’âge adulte, explique-t-il. Les goûts pour les activités en plein air ont aussi changé. Il y a trente ans, le ski avait quasiment le monopole en hiver. Les autres sports, comme la raquette ou le ski de randonnée, se sont depuis multipliés, précise l’enseignant. Ces options nécessitent moins de neige et attirent souvent plus de monde que les ­spatules. Andreas Keller de l’association des remontées mécaniques suisses, conseille aux exploitants de varier leurs offres afin d’être moins dépendants de l’or blanc.

«Il faut réfléchir à ces changements et penser au niveau régional et non plus local», explique Nicolas Antille. On ne peut pas copier ce qui a été fait il y a 25 ans. En moyenne altitude, «il faut oublier le ski comme activité unique». Aoste, en Italie, propose déjà aux skieurs une liaison directe entre la gare et les pistes. Ancien président de Vercorin Tourisme, M. Antille admet que cette réflexion est parfois encore difficile en Valais. Les stations investissent dans de nouvelles installations pour satisfaire leur clientèle. Mais elles peinent à trouver des adeptes pour les rentabiliser. ATS

Soleil et affluence à Pâques sur LES PISTES suisses

Les pistes de ski ont connu une belle affluence en ce week-end de Pâques. Plus de 5000 adeptes se sont rendus sur celles de Crans-Montana (VS) entre Vendredi-Saint et hier, dernière journée de la saison. Pour l’occasion, les remontées étaient gratuites, a expliqué la responsable de la communication Barbara Corman. Cette gratuité a attiré plus d’un millier de personnes sur les pistes. A Zermatt (VS), la responsable médias parle d’un week-end pascal «excellent». Dans le domaine skiable, qui monte jusqu’à 4000 mètres d’altitude, 43 remontées mécaniques sur 52 étaient ouvertes, selon le site myswitzerland.com. A Corvatsch et Diavolezza, dans la région de Saint-Moritz (GR), seize remontées étaient en service. «Les vacances de Pâques ont été bonnes pour nous», a indiqué un responsable. Comparé à 2014, quand Pâques était également tardive, la fréquentation a augmenté de 10% cette fois.

Comme son nom l’indique, Glacier 3000, dans l’Oberland bernois près de Gstaad, a un certain avantage: le glacier et son enneigement certain. Vendredi-Saint, le domaine a été très bien fréquenté, selon son chef Bernhard Tschannen. Ats

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