La Liberté

La lutte contre le foie gras se précise

Le National envisage d’interdire l’importation de produits d’animaux ayant subi de mauvais traitements

Sophie Alix

Publié le 08.06.2017

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Aliments »   Les Suisses pourraient devoir se priver de foie gras et de cuisses de grenouilles. Le Conseil national a accepté hier par 97 voix contre 77 une motion du socialiste bernois Matthias Aebischer pour interdire l’importation de produits d’animaux ayant subi de mauvais traitements. Dans sa ligne de mire, hormis le foie gras et les cuisses de grenouilles, on trouve aussi les produits de pelleterie. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.

Actuellement, les paysans suisses doivent se conformer à des limites très strictes et voient leurs produits concurrencés par des produits étrangers qui ne doivent pas se conformer aux mêmes règles. «Il faut supprimer ces différences pour une question de logique et une question de protection des animaux», a argumenté Matthias Aebischer.

Difficile, voire impossible

La Suisse applique un niveau de protection élevé des animaux. Mais un produit ne respectant pas les exigences helvétiques n’est pas nécessairement issu d’animaux ayant subi de mauvais traitements, a critiqué le conseiller fédéral Alain Berset, chef du Département de l’intérieur.

Il faudrait commencer par désigner les méthodes de ­production étrangères consi­dérées comme infligeant de «mauvais traitements». Puis, il faudrait savoir comment les produits ont été élaborés, ce qui pourrait se révéler difficile, voire impossible.

Des moyens très importants devraient être déployés pour contrôler les lots importés. Enfin, de très nombreux produits contenant des composants d’origine animale – tels que cosmétiques, essences, additifs – ne sont pas identifiables d’emblée comme tels.

Déclaration d’origine

Une interdiction générale pourrait en outre se révéler incompatible avec les prescriptions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les accords passés avec l’Union européenne.

Le gouvernement préfère s’en remettre au consommateur qui, grâce à la déclaration sur l’origine des produits, peut faire ses achats en toute connaissance de cause, a ajouté Alain Berset. En vain. ATS


 

Pas d’interdiction en vue de l’importation des trophées de chasse

Les trophées de chasse ne devraient pas être interdits à l’importation. Le National a rejeté hier par 118 voix contre 72 une motion de Maya Graf (verts, BL). Le Conseil fédéral compte sur les mécanismes internationaux pour protéger les animaux menacés.

L’interdiction réclamée par l’écologiste vaudrait pour les trophées d’éléphants, de rhinocéros et d’ours polaire, ainsi que ceux de tous les primates et les carnivores. Il serait aussi impossible d’importer des trophées qui proviennent de la chasse en enclos. Selon la motionnaire, quelque 1500 chasseurs amateurs suisses parcourent chaque année le globe, avec d’autres adeptes d’autres pays, pour chasser des espèces animales rares. Ils utilisent des méthodes interdites en Suisse comme la chasse à l’arc et par hélicoptère.

Le phénomène provoque des dégâts énormes dans les pays concernés: expropriations de terres, abattages illégaux, cruautés envers les animaux, contrebande, crime organisé. Quant à la chasse en enclos, elle constitue, aux yeux de l’écologiste, une des formes les plus aberrantes de ce genre de tourisme. Près de 90% des lions abattus en Afrique du Sud proviendraient de telles exploitations.

Le Conseil fédéral comprend l’incompréhension en Suisse face à ce phénomène. Mais il est convaincu que les mesures déployées à l’échelon international sont mieux adaptées pour y faire face. ATS

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