La Liberté

Le camp bernois évacué

Gens du voyage • Après une journée où la tension était à son comble, la police a commencé hier à évacuer le campement de protestation.

Publié le 25.04.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

La police a commencé hier soir à évacuer le campement de protestation des gens du voyage au Wankdorf, à Berne. Une partie des occupants ont été conduits dans une salle de gymnastique à Ittigen pour des contrôles d’identité, avant de retourner vers leurs véhicules pour quitter les lieux.

«Une tâche difficile, mais que nous devons mener à bien», a indiqué en fin d’après-midi le commandant de la police sur place, Stefan Blättler. Plusieurs centaines de membres de la communauté Jenisch occupaient depuis mardi l’emplacement réservé aux visiteurs de la foire de printemps BEA qui débute aujourd’hui. Ils entendaient ainsi protester contre la pénurie de places d’accueil en Suisse.

Occupants cernés

La situation au camp des protestataires s’est tendue hier vers 16 h, lorsque la police a exigé via un appel au mégaphone le départ des gens du voyage présents sur le site. Les occupants ont laissé passer l’ultimatum. La police a alors cerné les lieux. Elle a demandé aux protestataires de se soumettre spontanément à des contrôles d’identité. Les gens du voyage ont été contrôlés en petits groupes ou en famille.

La police a emmené 71 personnes à Ittigen pour des contrôles plus approfondis, a-t-elle indiqué en soirée. La situation a été très tendue par moments, avec des émotions, des larmes et certaines personnes qui ont haussé la voix. Dans l’ensemble, l’opération s’est toutefois déroulée de manière contrôlée et sans violence.

Hier matin, les occupants du site avaient renoncé à laisser les clés de contact à l’intérieur des véhicules comme ils l’avaient promis, estimant que l’évacuation du campement de protestation était illégale. La ville de Berne avait décidé mercredi de procéder à cette opération policière après l’échec des discussions avec des représentants des gens du voyage.

Fort écho médiatique

Les médias ont montré un grand intérêt pour le sujet, et de nombreux journalistes étaient sur place pour suivre l’évolution de la situation. La thématique agite aussi la population, à voir les nombreuses réactions laissées par les lecteurs sur les sites internet des différents médias.

Le sujet polarise en tout cas. Certains se montrent très critiques envers le mode de vie des gens du voyage ou leurs revendications. D’autres appellent à soutenir une minorité discriminée. Certains partis et des organisations ont également pris position, avec un clivage gauche-droite très marqué.

Malgré leur évacuation, les gens du voyage semblent avoir atteint une partie de leur objectif, qui consistait à rappeler leur existence ainsi que leurs revendications. ATS

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Une histoire qui traîne

Le manque de places de stationnement pour les gens du voyage est un problème récurrent, qui occupe les politiques et les autorités depuis des années. Pourtant, les choses ont peu évolué jusqu’à présent. Actuellement, il existe en Suisse 15 places de stationnement et 45 aires de transit, alors qu’il en faudrait respectivement 40 et 80.

Le nombre de places de stationnement utilisées comme «quartiers d’hiver» des populations du voyage a certes quadruplé depuis l’an 2000. Mais l’offre ne couvre environ qu’un tiers de la demande, selon la fondation «Assurer l’avenir des gens du voyage suisses».

Concernant les aires de transit pour les mois d’hiver, la situation a par contre empiré ces dernières années, passant de 51 à 45 zones. Un nombre suffisant pour 60% des 3000 Jenisch vivant en Suisse, du moins sur le papier.

Dans les faits, la demande en places est encore plus importante, indique Urs Glaus, directeur de la fondation instituée par la Confédération en 1997. Certaines places sont ainsi constamment utilisées par des Roms venus de France, et d’autres ne sont pas exploitables car en mauvais état.

En 1998, la Confédération s’était engagée à améliorer les conditions d’existence des gens du voyage suisses, reconnus comme minorité nationale. Le Tribunal fédéral avait par ailleurs décidé en 2003 que les besoins spécifiques de cette population devaient être pris en compte dans l’aménagement du territoire. ATS

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