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Les donneurs plus nombreux

Don d’organes • Les campagnes d’information et les mesures dans les hôpitaux portent leurs fruits. La Suisse a compris comment combattre la pénurie d’organes.

Don d'organes: la Suisse à la traîne © Alex
Don d'organes: la Suisse à la traîne © Alex

Christiane Imsand

Publié le 24.06.2015

Temps de lecture estimé : 4 minutes

«La tendance est positive», se réjouit le conseiller d’Etat vaudois Pierre-Yves Maillard, président de la fondation Swisstransplant. Certes, la Suisse figure toujours dans le peloton de queue de l’Europe en matière de don d’organes, mais elle dispose désormais des instruments permettant de pallier son retard.

Le plan d’action lancé en 2013 commence à porter ses fruits. Le taux est passé de 12,2 donneurs par million d’habitants en 2012 à 14,2 en 2014. Compte tenu des chiffres encourageants enregistrés au cours du 1er semestre 2015, la Suisse semble en mesure d’atteindre son objectif. Elle avait pour ambition de faire passer le taux à 20 donneurs pour un million d’habitants en 2018.

Swisstransplant tirait hier un premier bilan du plan d’action lancé par la Confédération et les cantons. Elle se garde de tout triomphalisme. Même avec 20 donneurs par million d’habitants, la Suisse restera loin derrière l’Espagne (35,1) et la France (25,5). Cela fera cependant une grande différence pour les personnes qui attendent désespérément un don d’organe. «A la fin de l’année dernière, 1370 personnes étaient sur la liste d’attente, indique Pierre-Yves Maillard. En moyenne deux personnes par semaine sont mortes après avoir attendu en vain un organe.»

Six réseaux coordonnés

Si la Suisse commence à rattraper son retard, c’est grâce à un travail d’information soutenu auprès de la population et à une meilleure organisation hospitalière. La Suisse a été divisée en six réseaux régionaux de don d’organes, ce qui garantit la présence de personnes de contact dans toute la Suisse et permet de développer des standards communs. Le salaire des coordinateurs est financé grâce à un contrat passé avec les assureurs et la faîtière des hôpitaux H +. Plus de deux millions de francs ont été dégagés à cet effet.

La révision de la loi sur la transplantation, qui vient d’être mise sous toit par le parlement, soutient cette démarche en donnant à la Confédération et aux cantons un mandat d’information. Par contre, le législateur a refusé pour des raisons éthiques de passer du système actuel du consentement explicite à celui du consentement présumé, dans lequel tout citoyen qui n’émet aucune directive est considéré comme un donneur potentiel. «Nous étions plutôt en faveur de ce modèle, indique Pierre-Yves Maillard, mais la discussion est close pour l’instant et le système actuel nous permet déjà de faire mieux.»

Carte sur smartphone

La clé du succès réside dans la communication. Plus la problématique du don d’organe est présente dans les médias, plus le taux d’acceptation est important. Encore faut-il que les donneurs potentiels fassent connaître leur position.

L’introduction l’automne dernier d’une carte de donneur électronique permet de s’adapter aux mœurs du temps. Elle est contenue dans une application pour smartphone, intitulée Echo2012. Quand le donneur passe la porte du service des urgences, la carte est détectée automatiquement et s’affiche sur l’écran verrouillé de l’appareil. En moins d’une année, 93 000 personnes ont chargé l’application. «De nos jours, on a souvent une plus grande proximité avec son smartphone qu’avec son porte-monnaie», note M. Maillard.

Cette nouvelle carte électronique ne remplace pas la carte traditionnelle que l’on glisse dans son portefeuille. Quel que soit son aspect, elle permet d’épargner les proches le jour où un événement tragique se produit.

«Quand on pose la question du don d’organes aux proches d’un patient accidenté, ils se trouvent dans un tel état de stress émotionnel qu’ils ont de la peine à prendre une décision», note le Dr Markus Béchir, président du comité national du don d’organes et responsable du réseau de Lucerne. «S’ils ne connaissent pas précisément la volonté du patient, ils n’osent pas dire oui. On sait pourtant qu’il y a peu de réticences quand les gens sont interrogés à froid.»

Pierre-Yves Maillard nuance: «Les taux de refus varient considérablement d’un hôpital à l’autre. Cela tient à la manière dont les gens sont approchés.»

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