La Liberté

Solar Impulse au bout du tour

L’avion doit retrouver Abou Dhabi après 35 000 kilomètres et plusieurs records

Nicolas Pache, diane zinsel

Publié le 25.07.2016

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Première L L’avion Solar Impulse 2 a décollé dans la nuit de samedi à dimanche du Caire pour boucler son tour du monde. L’appareil se dirige vers Abou Dhabi aux Emirats arabes unis d’où il est parti il y a plus d’un an, le 9 mars 2015.

C’est Bertrand Piccard qui pilote l’avion solaire lors de cette dix-septième et ultime étape. Le voyage est estimé à deux jours.

Sous les applaudissements et les cris de joie de l’équipe au sol, l’avion a décollé hier de l’aéroport du Caire peu après 1 h du matin. «C’est un projet pour l’énergie, pour un monde meilleur», a lancé le pilote de 58 ans avant son décollage, estimant que le voyage serait «difficile».

«Nous étions un peu anxieux en ce qui concerne les conditions météorologiques, surtout les températures dans cette région du monde qui sont proches des limites que nous avions fixées pour l’avion», a expliqué André Borschberg. L’autre pilote de l’appareil s’exprimait depuis le centre de contrôle de l’avion à Monaco, communiquant via Skype avec des journalistes au Caire.

«Mais nous sommes assez confiants, les choses devraient bien se passer», a-t-il ajouté.

Nombreux retards

Pesant seulement 1,5 tonne mais aussi large qu’un Boeing 747, Solar Impulse 2 vole grâce à des batteries qui emmagasinent l’énergie solaire captée par quelque 17 000 cellules photovoltaïques sur ses ailes. L’avion vole généralement à un peu moins de 50 km/h, même s’il peut aller jusqu’à doubler sa vitesse lorsqu’il est en pleine exposition au soleil.

Arrivé le 13 juillet à l’aéroport du Caire, Solar Impulse 2 a ainsi entamé la dix-septième et ultime étape de son périple vers les Emirats arabes unis, d’où il était parti le 9 mars 2015. Le départ prévu samedi dernier avait été annulé en raison de conditions météo défavorables et de problèmes d’estomac du pilote Bertrand Piccard.

L’avion construit en Suisse a été transporté à Abou Dhabi en janvier 2015 par avion-cargo. Le périple des deux pilotes suisses qui se sont relayés aux commandes, Bertrand Piccard et André Borschberg, devait au départ durer cinq mois, de mars à août 2015. Mais les aléas de la météo ont conduit à de nombreux retards.

Solar Impulse a d’abord fait escale à Mascate (Oman), Ahmedabad et Varanasi (Inde), puis Mandalay (Birmanie). L’étape à destination de la Chine a été éprouvante: lors du passage au-dessus de la chaîne himalayenne, Bertrand Piccard a dû composer avec un panneau solaire ­défectueux.

Escales imprévues

Il a malgré tout pu atterrir sans encombre à Chongqing, avant de repartir pour Nanjing (Chine). Le 30 mai, Solar Impulse reprend la route en direction d’Hawaï (Etats-Unis). Mais le temps le contraint à tourner en rond, puis à se poser à Nagoya au Japon, afin de réparer une aile endommagée par le vent et attendre de meilleures conditions météo.

Ce n’est que le 28 juin que l’avion solaire peut reprendre sa marche en avant. André Borschberg atteint Hawaï le 3 juillet. Il a parcouru 8924 kilomètres en près de 118 heures de vol, la plus longue étape du périple, «le vol de ma vie», comme l’écrit le pilote sur Twitter. Il battait ainsi un record détenu jusqu’alors par l’Américain Steve Fossett.

Batteries surchauffées

Là, l’appareil doit «hiberner» durant huit mois, ce qui n’était pas prévu. Le temps que ses batteries, qui ont surchauffé lors du vol au-dessus du Pacifique, soient réparées et les conditions météo optimales.

Reparti le 21 avril dernier d’Honolulu, Solar Impulse 2 atteint ensuite l’Amérique du Nord. Il fait escale à San Francisco, Phoenix, Tulsa, Dayton, Lehigh Valley et New York, avant de traverser l’Atlantique pour atterrir à Séville (Espagne), puis rejoindre Le Caire.

Parmi plusieurs records battus, l’avion solaire a notamment réussi le 23 juin une traversée historique de l’Atlantique, une première pour un tel engin. Parti de New York, il rallie la capitale andalouse au terme d’un vol de plus de trois jours.

Le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann félicite l’équipe: «Près de 90 ans après Charles Lindbergh et l’énergie fossile, l’Atlantique a été traversée grâce au soleil.»

Solar Impulse quitte ensuite l’Espagne le 11 juillet pour rejoindre l’Egypte, au terme d’un nouveau périple de 3745 kilomètres, effectué en un peu plus de 48 heures.

Cabine non pressurisée

Pesant seulement 1,5 tonne, mais aussi large qu’un Boeing 747, l’aéroplane vole à une vitesse moyenne de 50 km/h grâce à des batteries. Celles-ci emmagasinent l’énergie solaire captée par quelque 17 000 cellules photovoltaïques installées sur ses ailes.

Sa cabine, équipée de bouteilles d’oxygène pour permettre aux pilotes de respirer, n’est pas pressurisée. Le cockpit est toutefois recouvert d’une mousse isolante pour atténuer les températures extrêmes en vol, entre +40 et –40 degrés Celsius.

Le projet a coûté au total 170 millions de francs. L’équipe suisse a été soutenue financièrement et techniquement par des grandes entreprises comme Omega, Schindler, ABB et Google. ATS

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