La Liberté

Un président aux épaules solides

Jeunesse • La valeur n’attend pas le nombre des années. Un proverbe qui semble fait pour Vincent Neuhaus, 23 ans, président du Giron cantonal, qui a su se faire respecter avec tact.

Vincent Neuhaus, président du giron, peut compter sur l’appui et la confiance de son comité. Malgré sa jeunesse, il a su convaincre avec tact. © Alain Wicht/La Liberté
Vincent Neuhaus, président du giron, peut compter sur l’appui et la confiance de son comité. Malgré sa jeunesse, il a su convaincre avec tact. © Alain Wicht/La Liberté

nicole rüttimann

Publié le 23.07.2014

Temps de lecture estimé : 7 minutes

«J’ai 50 ans, je n’aurais jamais pensé être dirigé par un gars de 23! Mais c’est un type super, intelligent et avec beaucoup d’entregent.» Martial Berset, de la commission de sécurité du Giron cantonal des jeunesses fribourgeoises, ne tarit pas d’éloges sur le jeune président du comité d’organisation, Vincent Neuhaus. Et il n’est pas le seul.

Difficile de trouver ne serait-ce qu’un seul avis critique au sein de l’équipe, réunie ce lundi de «relâche» sur le site du giron à Farvagny pour faire le point. Pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance pour le jeune homme, qui a dû faire ses preuves et convaincre…

La jeunesse, un atout

«Quand le comité s’est formé il y a un an, je ne savais pas encore que mon fils serait président», explique Patrick Neuhaus, 49 ans, vice-président administratif. «J’ai dit que je voulais un président jeune, que cela restait une fête de jeunesse même si elle s’adresse à tous et qu’il fallait des forces vives, capables de s’adapter rapidement aux situations. Ça a beaucoup discuté au début. Aujourd’hui, on est 5 «vieux» et 4 jeunes au comité. Avec le recul, je ne regrette vraiment pas cette décision», explique Patrick Neuhaus. Il reconnaît cependant qu’il n’aurait pas dit non si son fils avait pu continuer à travailler à temps partiel pour son entreprise de balances industrielles, «mais quand j’ai vu comme il bossait, de 8 h à minuit, à 200%, je l’ai libéré de ses heures… Il a les épaules solides!», apprécie-t-il. Et d’ajouter une capacité essentielle lorsqu’on jongle avec un budget de près de 2 millions et des centaines de bénévoles: «Arrivé à la maison, il parvient à couper, à se reposer pour préserver ses forces».

Savoir convaincre

L’intéressé, lui, reste discret. Pas du style à prendre la grosse tête, il évoque ses débuts au sein de la Jeunesse de Farvagny, lorsqu’il a pris la parole pour la première fois en tant que président du comité du giron. La voix tremblante, il avait tenté de se servir de quelques mots-clés notés sur une feuille avant de finir par improviser.

«Par la suite, j’ai gagné en confiance, j’ai su m’exprimer en public. Le giron m’a beaucoup appris. J’ai rencontré des personnes que je n’aurais jamais côtoyées autrement, de tous âges et de tous domaines. J’ai eu des discussions profondes avec la police, le préfet, les syndics… Au début, on n’ose pas donner son point de vue. Puis, on se lance. Si on veut arriver quelque part, on est obligé de ne pas faire simplement ce qui est demandé, on doit faire plus, tout connaître parfaitement! Il faut savoir ce qu’on veut, argumenter, être sûr de soi, convaincu pour être convaincant», remarque le président. Il note que, malgré les compétences des différents organisateurs et bénévoles, les gens ont tendance à s’adresser à lui, pour les critiques comme pour les points positifs.

Douceur et autorité

S’il sait se faire entendre, d’un naturel calme et posé, Vincent Neuhaus a horreur des gens qui s’énervent pour un rien.

«Je suis là pour aider, pas pour emm…! Le président n’est pas un inspecteur des travaux finis en complet cravate, qui toise les gens de haut. Si on critique, cela doit être fondé! Il est essentiel de savoir se remettre en question», souligne-t-il. «Chaque décision est rationnelle du point de vue de celui qui la prend, m’a dit un jour un étudiant. Cela m’a beaucoup appris, ça évite d’être arrogant! Dès qu’on explique pourquoi on fait les choses, ça passe», note-t-il.

Ce n’est pas son comité qui le contredira. «Il gère très bien», approuve Colin Noël, membre du comité et cousin de Vincent. «S’il le faut, il sait taper du poing sur la table. Il accepte les remarques et sans jamais s’imposer, sait se faire comprendre.»

Un seul défaut peut-être au milieu de cette avalanche de qualités? Pas moyen. Vincent Neuhaus est contraint d’avancer lui-même une autocritique: «Je suis peut-être trop gentil… Même si à mon avis, on ne l’est jamais trop», note-t-il avant d’avouer que des fois, cela lui a joué des tours.

Président heureux

Incurablement modeste, le président reconnaît cependant être fier du travail accompli - par tout le comité, les bénévoles, et lui! - pour que ce giron se déroule sans anicroches, de l’organisation à la réalisation. «Dimanche, lorsque les intempéries étaient annoncées, nous n’étions que des jeunes de moins de 27 ans, réunis pour faire le point et prendre une décision. Tout a roulé impeccablement: à 19 h, tous les visiteurs avaient été réunis sous la cantine. A 19 h 01, les premières gouttes tombaient», rappelle-t-il.

Et qu’on ne lui parle pas du cliché du giron, fête de beuverie. «Forcément, là où il y a de l’humain, il y en aura toujours quelques-uns du style. Mais nous faisons tout pour l’éviter! L’essentiel, c’est de faire un giron pour tous. Et quand à minuit et demi, je vois une famille au complet, avec trois enfants, se balader vers la tonnelle, pour moi, c’est cela le parfait exemple d’un giron réussi!», confie-t-il, très touché des remarques positives reçues de toute part.

Et après?

Le giron, certes, mais après?… Sûr que l’expérience acquise lors de la manifestation, que ce soit du côté de la gestion, de l’organisation, des contacts ou autre, lui servira, notamment dans la formation d’ingénieur en mécanique qu’il va débuter. Ce calme bienvenu lui permettra de renouer avec quelques loisirs, tels que le VTT ou la montagne. Pour le reste, il compte bien «continuer à apprécier la vie comme elle est, et faire le maximum avec ce qu’il a dans les mains», conclut-il, avant de s’éloigner, réclamé à grands cris par son comité. I

* * *

BIO EXPRESS

Vincent Neuhaus

> Né il y a 23 ans à Rossens, y suit l’école enfantine.

> Grandit ensuite à Farvagny, où il réside toujours.

> De 2007 à 2011, études de mécanicien poids lourds (mécatronicien en véhicule utilitaire) et CFC.

> De 2011 à 2012, rénove entièrement la villa de ses parents.

> Entrée dans la Jeunesse de Farvagny. Puis élection en tant que président du comité du giron.

> Le giron, préparé depuis 2 ans, est une affaire de famille. Son père est vice-président, sa mère a contribué à la décoration, son frère Martin, 19 ans, est à la Commission des jeux et Emile, son petit frère de 15 ans est bénévole.

> Après le giron, il se lancera dans des études d’ingénieur en mécanique. NR

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