La Liberté

Une pensée pour tous ceux qui ont pleuré

Chronique Sur le terrain de sport comme dans la vie, joies et peines se succèdent. Les larmes d’Athina Onassis à Genève nous le rappellent.

Patricia Morand

Publié le 13.12.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

On a beau dire. Les sportifs ont un cœur. Leurs larmes le prouvent souvent. Submergés par les émotions, les champions sanglotent, gémissent, pleurent tout simplement. Comme vous et moi. Il n’y a plus de triomphes ou de millions empochés. Ou perdus. Il y a juste la preuve d’une part d’humanité. Un moment pour l’éternité. C’est aussi cela qui fait la beauté du sport.

Le cri déchirant d’Athina Onassis résonne encore dans l’enceinte de Palexpo. Jeudi soir, lors de la première épreuve principale du concours hippique international de Genève, la jument Camille s’est braquée devant un obstacle bleu et blanc. L’héritière grecque a chuté en même temps que sa monture qui, elle, ne s’est pas relevée. Stupeur dans les gradins. Le cri, puis les sanglots de la cavalière ont brisé le silence. Un drame en direct.

Irrémédiablement touchée à la patte antérieure droite, juste en dessous de l’épaule, la jument a été placée dans un véhicule à l’aide d’un élévateur avant d’être évacuée. L’inévitable s’est produit à l’abri des regards. Camille, le fleuron de l’écurie de la milliardaire, a été euthanasiée.

Comme tous les cavaliers amateurs et une majorité des professionnels, Athina Onassis aime les chevaux. Un lien particulièrement fort existe entre un cavalier et sa monture. Cela n’a aucun lien avec la valeur de l’animal. La relation se développe au quotidien. La petite-fille de l’armateur Aristote Onassis a la passion des chevaux. Cela ne date pas d’avant-hier.

Le champion olympique Steve Guerdat n’a pas seulement versé quelques larmes lors de sa victoire à Londres en 2012. Il a aussi pleuré à la perte de sa jument de cœur, Jalisca Solier, en début d’année. La monture avait été victime d’une fracture de l’antérieur droit, irrémédiable comme celle de la jument Camille.

Au moment de la blessure, gravissime elle aussi, de son crack No Mercy, Christina Liebherr avait également fondu en larmes. La Bulloise avait tout fait pour éviter la piqûre à sa monture et lui offrir une retraite tranquille. On se souvient encore du terrible coup d’arrêt vécu par Marilyne Vorpe aux championnats suisses de 2008 à Bâle. L’euthanasie avait là, par contre, été inévitable…

Toutes ces larmes sont bouleversantes. Encore plus que celles du bonheur. Et dans le registre de la tristesse, d’autres moments nous viennent à l’esprit. Ils n’ont aucune commune mesure avec les moments douloureux cités plus haut, mais ils dégagent de l’émotion. David Beckham n’a pas pu retenir ses pleurs en quittant pour la dernière fois le terrain de football avec le maillot du PSG. Marion Bartoli avait les yeux rougis lors de l’annonce de son départ à la retraite. Et que dire du drame national vécu comme tel par les Brésiliens, lors de la baffe mémorable reçue par les Allemands (7-1) en demi-finale de leur mondial l’été dernier?

Bonjour tristesse. Le sport est fait de joies, mais aussi de grosses peines qui ne servent pas qu’à lui donner un relief plus prononcé. A l’image de la vie.

Une pensée pour les amis et tous ceux qui ont pleuré cette semaine.

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