16 décembre 2021 à 02:01
«Je reviens d’une visite à Jean-Claude, arrière-grand-père de 83 ans, heureux résident d’un EMS fribourgeois. Il lit notre quotidien préféré tous les jours à l’aide d’une loupe. Depuis un peu plus d’une année qu’il est entré dans ce home, il est heureux.
On le laisse boire deux ou trois verres de vin rouge tous les jours, une bière au goûter, griller quelques cigarettes au fumoir, manger un peu de chocolat malgré son diabète et gratter de temps à autre les billets du Tribolo, que la famille ou les amis lui apportent. Accessoirement, il est «addict» à Top Models. Il est vacciné trois fois contre le virus corona.
Or, il est inquiet après avoir lu l’article «Sortir les aînés des griffes de l’alcool» (11.12). J’essaie de lui expliquer que la journaliste a peut-être mal compris le message ou alors que les autorités se sont mal exprimées.
Voyons: alors que l’âge moyen d’entrée en EMS est de 80 ans, il ne saurait être question, sous prétexte d’hygiénisme, de changer les habitudes des aînées et aînés au point de les priver de tous les petits plaisirs qui font partie de leur vie, dussent-ils raccourcir celle-ci. C’est en tout cas la philosophie des EMS et des soignants jusqu’à aujourd’hui. Cela fait partie de la dignité qu’on doit garantir aux résidentes et résidents jusqu’à leur dernier jour.
Pour ma part, j’espère avoir bien compris que le canton entend étudier la possibilité de mieux prendre en charge les victimes (55-65 ans) d’addictions sévères, fortement diminuées et vulnérables. C’est évident que mon ami Jean-Claude ne fait pas partie des cibles de ce programme. Ouf! Et pourtant, il est resté plutôt sceptique, malgré mes explications.
Pierre Aeby, ancien directeur d’EMS, Estavayer-le-lac
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