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Proche-Orient. Le Liban accuse Israël de refuser un cessez-le-feu

Le 1er ministre libanais a accusé vendredi Israël de refuser tout cessez-le-feu avec le Hezbollah. Il s'exprimait après une série d'attaques israéliennes sur la banlieue sud de Beyrouth, les premières depuis le début de la semaine sur ce fief du mouvement islamiste.

Les nouveaux bombardements d'Israël ont réduit en ruine des immeubles entiers dans la banlieu sud de Beyrouth.KEYSTONE/AP/Hussein Malla

ATS
AFP

ATS et AFP

1 novembre 2024 à 05:23, mis à jour à 14:07

Temps de lecture : 1 min

L'agence de presse libanaise Ani a fait état d'au moins 10 attaques, précédées d'appels à évacuer, qui ont provoqué de fortes explosions et dégagé d'épais nuages de fumée.

Ces frappes ont réduit en ruine des dizaines de bâtiments, quelques heures après une visite à Jérusalem de deux émissaires américains pour tenter de trouver une issue à la guerre qui oppose depuis septembre Israël au Hezbollah, soutenu par l'Iran.

"L'extension, une nouvelle fois, de l'agression de l'ennemi israélien (...) et le fait qu'il ait de nouveau pris pour cible la banlieue sud de Beyrouth par des raids destructeurs, sont autant d'indicateurs qui confirment son refus de tous les efforts déployés pour obtenir un cessez-le-feu", a déclaré le Premier ministre libanais, Najib Mikati.

L'armée israélienne a affirmé avoir frappé des cibles du Hezbollah dans les secteurs de Beyrouth et de Nabatiyeh, dans le sud.

Cités antiques menacées par Israël

Des bombardements ont aussi visé la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, ainsi que les secteurs d'Aley, à l'est de Beyrouth, et de Bint Jbeil, dans le sud, selon l'Ani.

Après des frappes répétées sur Baalbeck et sur Tyr, dans le sud du Liban, deux villes classées par l'Unesco sur sa liste du patrimoine mondial, une responsable de l'ONU a dit craindre vendredi que la guerre ne mette en danger les sites antiques du pays.

"D'anciennes cités phéniciennes chargées d'histoire sont en grand danger d'être laissées en ruines", a écrit sur X la coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, ajoutant que "le patrimoine culturel du Liban ne doit pas être une autre victime" de la guerre.

Attaques meurtrières aussi sur Gaza

Israël poursuit en parallèle son offensive contre le Hamas, un allié du Hezbollah, dans la bande de Gaza, dont le nord et le centre ont été visés vendredi par des attaques meurtrières.

La guerre qui fait rage depuis le 7 octobre 2023 dans le territoire palestinien s'est propagée au Liban, où Israël a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements massifs. Au moins 1829 personnes ont été tuées depuis cette date à travers le Liban, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

L'Organisation mondiale de la santé s'est dite vendredi "profondément inquiète de la multiplication des attaques contre les établissements de santé" et a insisté "sur le fait que les soins de santé ne sont pas une cible".

Plan américain

Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban pour permettre le retour de 60'000 habitants du nord de son territoire, déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis le début de la guerre à Gaza.

A quelques jours de l'élection présidentielle aux Etats-Unis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rencontré jeudi à Jérusalem les émissaires américains Amos Hochstein et Brett McGurk, ensuite repartis pour Washington selon une source informée.

Selon des médias israéliens citant des sources gouvernementales, les émissaires étaient porteurs d'un plan prévoyant un retrait du Hezbollah des zones frontalières du sud du Liban, ainsi que le retrait de l'armée israélienne de cette région, dont le contrôle reviendrait à l'armée libanaise et aux Casques bleus de l'ONU.

Mais des responsables israéliens ont affirmé que les soldats, engagés dans une offensive terrestre dans le sud du Liban depuis le 30 septembre, ne se retireraient pas avant un accord qui répondrait aux exigences de sécurité d'Israël.

Netanyahu "apprécie" le soutien des USA

Benjamin Netanyahu a assuré "apprécier" le soutien de Washington, tout en refusant de céder aux pressions de son allié. "Les armées terroristes ne seront plus à nos frontières. Le Hamas ne contrôlera plus Gaza et le Hezbollah ne s'installera pas à notre frontière nord dans des positions permettant d'envahir" Israël, a-t-il insisté.

Mercredi, le nouveau chef du Hezbollah, Naïm Qassem, s'était dit prêt à un cessez-le-feu "sous conditions", sans préciser lesquelles.

"La morgue est pleine"

Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne concentre principalement depuis le 6 octobre son offensive sur le nord, où elle affirme que le Hamas cherche à rassembler ses forces.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, des bombardements nocturnes sur des maisons ont fait neuf morts à Jabalia, dans le nord, et à Nousseirat, dans le centre du territoire.

"La morgue de l'hôpital Al-Aqsa à Deir el-Balah", dans le centre de Gaza, "est pleine de corps, pour la plupart des enfants et des femmes", après les frappes à Nousseirat, a indiqué le directeur des hôpitaux de campagne pour le ministère, Marwan al-Hams.

L'armée a annoncé avoir tué "des dizaines de terroristes" dans le secteur de Jabalia et le centre de Gaza, et avoir visé "plus de 200 cibles" du Hamas à Gaza et du Hezbollah dans le sud du Liban.

Pas de "trêve temporaire"

Un responsable du mouvement islamiste palestinien, Taher al-Nounou, avait réitéré mercredi le refus d'une "trêve temporaire", après l'annonce par une source informée que les pays médiateurs, Egypte, Etats-Unis et Qatar, s'apprêtaient à proposer une trêve "de moins d'un mois" dans le territoire.

L'OMS a par ailleurs annoncé que la vaccination contre la polio, interrompue dans le nord en raison des bombardements, reprendrait samedi.

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque menée par le Hamas sur le territoire israélien. L'offensive menée en représailles par Israël à Gaza a fait 43'204 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

  • Le nord et le centre de la bande de Gaza ont à nouveau été visés vendredi par des attaques israéliennes meurtrières. Ici, la morgue de l'hôpital Al Aqsa à Deir Al Balah, dans le centre de l'enclave.KEYSTONE/EPA/MOHAMMED SABER