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Bande dessinée. Des yeux comme ça (.) (.) pour regarder la mort en face

Le Lucernois Conradin Wahl publie chez Hélice Hélas un premier album d’une très belle expressivité faussement candide.


Thierry Raboud

Thierry Raboud

17 février 2024 à 14:35

Temps de lecture : 1 min

Elle a une coiffure à la Mafalda, des yeux un peu comme ça (.) (.) et surtout un grand désarroi car son papa n’est plus là. Enterré sous une couronne de fleurs, dès la première page de cet album signé Conradin Wahl, dans lequel une petite fille traverse les encres noires du royaume des morts.

Il faut savoir gré à Hélice Hélas de porter pareille attention soigneuse à des projets graphiques novateurs, audacieux, différents. Nez flaireur et goût sûr, l’éditeur veveysan navigue librement entre polars en alexandrins et odyssées SF. Ce qui ne l’a pas empêché de se faire un nom dans le champ vivace de la BD indépendante en accompagnant le post-catastrophisme contemplatif d’un Krum ou le Speculum Mortis de Vamille, aussi bien qu’en défendant des narrations hors cases, La vie sauvage illustrée par David Brühlart, le Grand Nord du Bruxellois Frédéric Roussel ou Le monde Lectol par l’inclassable Louis Loup Collet. Notamment.

Matou matois

Tout en republiant l’explosive et mélancolique Femme canon d’Albertine et Germano Zullo (2016), dont la narration tendrement fuselée n’a rien perdu de son éloquence, l’éditeur a jeté son dévolu plein de curiosité sur ce premier album de l’archéologue Conradin Wahl, diplômé de l’Université de Zurich qui, «déçu de n’être pas devenu le prochain Indiana Jones», s’est rabattu sur une formation en illustration du côté de la Haute Ecole de Lucerne. Bien lui en prit.

Après avoir peint un rideau de douche dans la Casa suiza de Buenos Aires, dessiné dans les rues de Vevey pour le festival Pictobello ou signé des planches muettes pour Fumetto, voilà son premier album à compte d’éditeur qui est aussi son premier récit avec texte – bribes dialoguées plutôt, qui rythment la narration lente sinon hésitante de Papa, reviens.

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