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Sur les pas de Bonnie «Prince» Billy et de son chef-d’œuvre

Le journaliste romand Christophe Schenk raconte l’album I See a Darkness et son auteur dans un ouvrage fouillé qui nous rend accros.

Sorti en 1999, I See a Darkness est un monument du folk indé. © Palace/Domino

Jean-Philippe Bernard

Jean-Philippe Bernard

26 janvier 2024 à 02:15

Pourquoi ce disque plutôt qu’un autre? Voilà le genre de question banale qu’on se pose chaque fois qu’on tombe sur un petit bouquin de Discogonie, charmante collection qui propose l’analyse d’un album signé par un groupe ou un artiste dont la carrière participe à la grande (ou à la petite) histoire du rock. La donne est simple: à chaque volume son auteur et roulez jeunesse.

Le projet éditorial est aussi malin qu’inégal mais cette fois, on frémit lorsqu’on s’empare du bouquin consacré à I See a Darkness, album publié en 1999 par le redoutable Bonnie «Prince» Billy. Aujourd’hui en effet, c’est Christophe Schenk, journaliste de la RTS passé aussi par feu L’Hebdo, qui vient d’accepter le challenge de nous présenter une œuvre qui lui tient particulièrement à cœur.

Pourquoi ce disque en particulier, Chris? A dire vrai, c’est pour respecter le rituel car la réponse n’a guère d’importance dans le cas présent. Lorsqu’il adopte pour l’occasion le pseudonyme de Bonnie «Prince» Billy, Will Oldham, le songwriter de Louisville, Kentucky, n’a quasi enregistré que des chefs-d’œuvre depuis There is No-One What Will Take Care of You, album gravé en 1993 sous l’étiquette Palace Brothers.

Que ce soit sous ce nom, ceux de Palace, Palace Songs, Palace Music, Palace Live, Will tutoie les anges aussi aisément que le Neil Young de la première moitié des seventies. En 1999, après avoir publié sous son nom une poignée de singles et un album absolument sublime (Joya, 1997), Oldham devient donc Bonnie «Prince» Billy, sorte de cow-boy fantôme qui trimballe sa collection de onze chansons dans une malle au trésor baptisée, pour que rien ne se perde, I See a Darkness.

Dans une touchante introduction, Schenk nous explique qu’il a découvert la chanson qui donne son titre à l’ouvrage sur un MiniDisc! Un de ses amis l’avait enregistrée lors d’une émission de Bernard Lenoir… Avec passion et humilité, Schenk nous présente ensuite rapidement Will Oldham et certains de ses potes, précieux fantômes surgis d’un passé que l’on croyait révolu (Slint, Gastr Del Sol), avant d’entrer dans le vif du sujet: le contenu d’I See a Darkness.

Un manifeste folk-rock indépendant ici précautionneusement disséqué chanson après chanson. Loin de la solution Wikipédia employée par certaines plumes peu scrupuleuses, le Romand nous glisse dans le creux de l’oreille toutes les bonnes raisons de redécouvrir I See a Darkness et ses mélodies aussi fragiles qu’insensées. Mission accomplie: nous revoilà accros.

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