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Musique

Critique. L’homme armé, une œuvre contre tous les fanatismes

Le Corps de musique de la ville de Bulle et six chœurs de la région ont interprété l’œuvre de Karl Jenkins à Siviriez et à Bulle. Sans heurt jusqu’ici.

Les 250 interprètes, dirigés par Laurent Zufferey, ont chanté et joué samedi soir dans une église St-Pierre-aux-Liens bondée. © Jean-Baptiste Morel

Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

4 février 2024 à 15:50

Temps de lecture : 1 min

On s’étonne que l’adhaan, l’appel à la prière musulman, à cet endroit de la pièce, puisse déranger. Il faut sacrément dévoyer le sens de L’homme armé: une messe pour la paix de Karl Jenkins pour s’élever contre cette œuvre musicale à la portée œcuménique.

Le Corps de musique de la ville de Bulle et six chœurs de la région (soit quelque 250 interprètes au total) l’ont interprété ce week-end à Siviriez et à Bulle. Quatre concerts ont eu lieu dans des églises bondées – c’était le cas samedi soir, quand a été prise la photo – sans heurt. C’est bien dans le partage que cette musique trouve son aboutissement.

Le compositeur l’a écrite avec sa propre culture musicale, occidentale: du chant grégorien, une chanson de l’époque des Croisades, des harmonies tonales accessibles au plus grand nombre, un style épique inspiré des musiques de film. Mais il porte clairement un message rassembleur. D’où l’évocation et l’accueil de l’adhaan dans sa pièce.

Le chef de l’orchestre, Laurent Zufferey, le précise en ouverture. L’homme armé utilise des moments de l’ordinaire de la messe catholique, mais elle n’est pas liturgique. Elle est formée d’un «patchwork», selon ses mots, de textes de sources différentes. Surtout elle met en scène la violence guerrière de manière si intense qu’il n’est pas vraiment possible de la souhaiter…

Dans le détail, les percussions installent d’emblée leur importance. C’est au pas des soldats sur un long crescendo martial que commence l’œuvre. Evocation des guerres dites «saintes». Mais Jenkins bien sûr fait tout le contraire que de justifier la guerre au nom de Dieu. D’ailleurs, au troisième mouvement, le Kyrie s’appuie sur les graves de l’orchestre, même la voix de la soliste reste dans les médiums: la couleur sonore est sombre.

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