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Scènes

Opéra. Dans le harem du roi Pausole

Robert Sandoz met en scène ce week-end à Equilibre Les Aventures du roi Pausole, une opérette du compositeur suisse Arthur Honegger, pour la Haute Ecole de musique HEMU et le Nouvel Opéra Fribourg. Une production à la fois artistique et pédagogique, en toute légèreté

Un double casting permet à davantage d’étudiantes et d’étudiants de chanter. Ici une scène photographiée lors de la répétition de mardi soir. © Jean-Baptiste Morel

Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

14 février 2024 à 13:10

Temps de lecture : 1 min

La Haute Ecole de musique HEMU et le Nouvel Opéra Fribourg (NOF) ont collaboré en 2021 autour du Cosi fan tutte de Mozart. Avec Les Aventures du roi Pausole, opérette du compositeur suisse Arthur Honegger, c’est une nouvelle coproduction à la fois artistique et pédagogique que les deux institutions proposent. Deux représentations sont prévues à Fribourg, sur le grand plateau d’Equilibre, samedi et dimanche. Avant deux autres en avril prochain à l’Opéra de Lausanne.

La distribution vocale ainsi que les instrumentistes de l’orchestres sont issus de l’HEMU. La direction musicale est assurée par Silvina Peruglia. Pour le metteur en scène Robert Sandoz, actuel directeur du Théâtre du Jura et qui avait, avec sa compagnie L’Outil de la ressemblance, brillé sur les scènes théâtrales romandes, Les Aventures du roi Pausole ont un goût de reviens-y. Interview.

Vous avez déjà mis en scène cet ouvrage au Grand Théâtre de Genève en 2012, en reste-t-il quelque chose aujourd’hui?

Robert Sandoz: C’est une chance de pouvoir retravailler une œuvre dix ans plus tard. Les temps ont changé, je n’ai plus envie de raconter la même chose. Et j’ai toute l’expérience de cette première fois. Le contexte aussi est complètement différent, je dirige des étudiants au tout début d’une trajectoire professionnelle. Les moyens ne sont pas non plus les mêmes. Même si je voulais reprendre la production du GTG, je ne pourrais pas. Je suis obligé de faire différemment.

Est-ce surtout notre rapport à l’intrigue qui a changé – la fille du roi quitte le royaume pour suivre une travestie?

Les questions féministes se sont amplifiées, oui. Même si j’y étais déjà sensible il y a dix ans. Elles ne se résument d’ailleurs pas à la fille. Le roi a 365 reines. Il y a aussi une manifestation féministe à la fin du deuxième acte. Mais c’est une opérette, il ne faut pas prendre toute cette intrigue au sérieux. D’ailleurs aujourd’hui je donne aussi le point de vue des étudiantes. Nous avons réfléchi à ce qui les heurte. Elles ont récrit certains courts passages de texte. Je ne leur impose pas ma vision. Mais oui, c’est un heureux hasard que cette œuvre vieillisse ainsi. Elle ouvre des sujets de discussion que l’auteur du livret ne soupçonnait pas.

A la base, l’intrigue est un fantasme masculin. Comment cent ans plus tard peut-on lui donner un sens? On peut réutiliser le matériau autrement. Mais cela reste léger, c’est une opérette, qui n’a pas la profondeur, l’acuité d’un brûlot. Elle est l’équivalent d’une revue qui traite de sujets de société.

Mais il a fallu un certain temps pour que le livret trouve un compositeur, deux ont abandonné le projet avant Honegger…

Le roman érotique qui l’a inspiré date du tournant du siècle, le livret du début du XXe, et Honegger l’a mis en musique en 1930. L’opérette pose la question de ce qu’on fait des œuvres patriarcales. Je ne pense pas qu’il faille les bannir. Mais on peut leur donner un sens différent grâce à la mise en scène et à l’interprétation. Par exemple, la grève féministe est moquée. Nous en faisons autre chose.

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