Jean-Robert Gisler, Fribourg
13 mars 2024 à 11:12
On s’interroge. Nos parlementaires fribourgeois, généralement plus discrets, sont en première ligne pour commenter et justifier une meilleure surveillance de l’aide suisse au Proche-Orient, autrement dit le risque de blocage de la contribution suisse à l’UNRWA. A la TV, j’ai vu Pierre-André Page, Johanna Gapany et Christine Bulliard-Marbach manifestement convaincus par la décision du National. Au vu de la situation catastrophique infligée aux habitants de Gaza, on aurait souhaité un brin d’humanité et de compassion de nos représentants.
Oui, il faut condamner l’ignoble attaque du Hamas. Mais faut-il pour autant contribuer à la punition collective infligée à tous les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie? En remettant en cause les crédits à l’UNRWA, qui fut dirigée dans les années 1970 par le Fribourgeois Paul Esseiva, seule organisation à même de soulager les souffrances de la population palestinienne, nos parlementaires endossent une lourde responsabilité: ils acceptent implicitement que l’enfant israélien sauvagement tué le 7 octobre est seul à mériter notre compassion. L’enfant palestinien déchiqueté par la bombe israélienne, mutilé par les tirs ou l’effondrement de sa maison, affamé par le blocus israélien, ne mériterait pas notre aide.
Mme Bulliard-Marbach, membre d’un parti fondé sur un certain humanisme chrétien, ne semble pas l’avoir compris. Parmi les 30 000 morts et 70 000 blessés palestiniens, il y a de nombreux chrétiens, qui se sentent abandonnés. Faut-il attendre 50 000 morts pour que la conscience de nos parlementaires se réveille? Où est passée la tradition humanitaire de notre pays? Oui, on s’interroge.