Méditerranée » Près de 130 000 migrants en provenance d’Afrique du Nord ont atteint l’Italie entre janvier et août. Le double de l’an passé. Ceux qui ont eu la chance de traverser la mer sans chavirer se heurtent à un mur une fois à quai à Lampedusa. Comme la semaine passée quand près de 11 000 migrants ont débarqué sur l’île dans le chaos. Du jamais-vu. Cette porte d’entrée de l’Europe semble toujours plus étroite face au flux grossissant.
«Tout est une question de volonté politique», estime Caroline Abu Sa’da, fondatrice et directrice de l’antenne suisse de SOS Méditerranée. Avec le bateau Ocean Viking comme vigie, elle observe de près la dégradation des conditions sur ces routes migratoires.
Les propos violents du président tunisien Kaïs Saïed à l’égard des migrants en février dernier sont-ils à l’origine de cette accélération migratoire depuis l’Afrique du Nord?
Caroline Abu Sa’da: Oui clairement. Cet appel au lynchage des migrants a joué énormément. Nous avons recueilli des témoignages de personnes ayant traversé la Tunisie, qui racontent des horreurs absolues qu’ils ont vécues dans ce pays: des tortures, des agressions, des gens déposés sans eau au milieu du désert à la frontière libyenne. En 2023, la Tunisie est devenue le premier point de départ vers l’Europe devant la Libye.