Yves Bugnon, chef de choeur, Lausanne
31 janvier 2024 à 15:00
«Venez à la prière, venez à la félicité, Allah est le plus grand» est l’appel à prier Dieu, le même Dieu pour tous les juifs, chrétiens et musulmans. Pourquoi éliminer un mouvement d’une œuvre artistique entièrement composée autour d’un oxymore (homme de guerre pour gagner la paix) que le compositeur souhaite jusque dans sa musique même? La Messe pour la Paix de Jenkins est une œuvre d’actualité qui se veut universelle, ouverte à toutes les religions. Les poèmes sont durs, mais habillés d’une belle musique. Inversement, le texte angélique du Sanctus devient une terrible marche menant à la guerre.
A qui profite cette polémique? A une minorité intégriste venant de France qui propage ses inepties à tout venant. Et on l’a écoutée, puisque selon le premier article de La Liberté (20.01) l’Evêché dit laisser chanter l’œuvre «sans risque de perturbations». Côté musulman, c’était «leur poser un problème». Mme Gapany affirmait «les valeurs de l’humanisme, la paix», mais elle acceptait le silence du compromis. Celui-ci serait devenu criant d’hypocrisie.
Heureusement, le vent a tourné (LL du 29.1, «Messe pour la Paix en version intégrale»). Les artistes ne se laisseront pas dominer par le diktat d’une minorité intégriste. Le respect passe par la reconnaissance de nos différences, non pas par la volonté d’assimiler l’autre dans nos propres convictions. Jean Paul II dit dans son premier message (22.10.1978): «N’ayez pas peur d’ouvrir les frontières, d’ouvrir les systèmes économiques et politiques, ainsi que les domaines de la culture, du développement et de la civilisation.»
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