SERGE GUMY
15 septembre 2016 à 11:22
Éditorial » Les opposants à la nouvelle loi sur le renseignement ont-ils trop lu George Orwell? A les entendre, Big Brother va bientôt passer de la fiction à la réalité. Et de prédire des violations systématiques de la sphère privée et le retour au temps honni des fiches, quand des opinions politiques divergentes ou un voyage dans un pays de l’Est valaient à de simples citoyens d’être traités comme des dangers potentiels pour la sécurité de la Suisse.
Plutôt que de citer «1984» dans le texte, toutefois, les référendaires feraient bien de relire la loi en détail. Elle encadre strictement l’utilisation des nouveaux outils mis à disposition du Service de renseignement de la Confédération: écoutes téléphoniques, intrusion dans des ordinateurs, surveillance de lieux privés ou des réseaux câblés. De telles mesures ne pourront en effet être déployées qu’en cas de menace grave sur la sécurité. Elles devront par ailleurs être avalisées par le Tribunal administratif fédéral d’une part, par le ministre de la Défense d’autre part, ce dernier devant en plus consulter ses collègues des Affaires étrangères et de Justice et police.
On est donc loin de l’état d’urgence décrété en France. Sans vouloir céder à la paranoïa, la multiplication des attentats chez nos voisins atteste la nécessité de déplacer aujourd’hui le curseur du côté de la sécurité. L’empiétement sur les libertés individuelles, réel, n’en demeure pas moins supportable. Il est le prix à payer afin de donner à l’Etat les moyens de lutter à armes égales contre les terroristes. Or, aujourd’hui, notre Service de renseignement est un nain en comparaison internationale. Si les Suisses acceptent de le muscler, le 25 septembre, il gagnera en crédibilité à l’étranger. Celle-ci devra être renforcée également à l’interne après les errances du passé, commises par aveuglement idéologique ou incurie administrative. Les surveillants du SRC devront donc être tenus à l’oeil.
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