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Canton

Délinquance juvénile. le Tribunal des mineurs s'inquiète

Face à la hausse de la délinquance juvénile, le Tribunal des mineurs fribourgeois demande des renforts

Tribunal des mineurs; Le Juge des mineurs Pierre-Laurent Dougoud va présenter l'activité de son tribunal, qui siège généralement à huis-clos, a ses cotés: Sandrine Boillat Zaugg et Arthur Lehmann Photo Lib / Charly Rappo, Fribourg, 31.05.2023Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

Marc-Roland Zoellig

Marc-Roland Zoellig

31 mai 2023 à 21:18

Justice » Le canton de Fribourg est confronté à une hausse significative de la criminalité juvénile. En 2022, le nombre de nouveaux dossiers ouverts par le Tribunal des mineurs a atteint 1850, ce qui représente une augmentation de 13% par rapport à l’année précédente. Phénomène inquiétant: le nombre de jeunes dénoncés l’an dernier à la justice (1189, contre 1083 en 2021) a proportionnellement moins progressé que la quantité d’infractions. Cela signifie qu’une partie d’entre eux commet des délits à répétition. «Certains sont entrés dans une dynamique délinquante, ce qui est un problème pour eux mais aussi pour la société dans son ensemble», ont alerté mercredi les trois juges des mineurs fribourgeois.

Pierre-Laurent Dougoud, Sandrine Boillat Zaugg et Arthur Lehmann ne sont pas coutumiers des conférences de presse. Ce d’autant moins qu’ils rendent généralement leurs décisions à huis-clos, garantissant ainsi la protection de la personnalité de jeunes justiciables dont il s’agit de faciliter la réinsertion. S’ils ont décidé de prendre la parole publiquement, c’est qu’ils ont un certain nombre de raisons d’être soucieux.

Violence en hausse

«C’est un problème pour la société dans son ensemble»
Tribunal des mineurs

La part de très jeunes délinquants (moins de 15 ans) est en forte hausse et représente désormais 39% des dénonciations. La nature des infractions dont est saisi le Tribunal des mineurs préoccupe également: les actes de violence (agressions, voies de fait, lésions corporelles simples, incendies intentionnels) sont en augmentation, de même que la consommation de stupéfiants et de pornographie – des images insoutenables ont été retrouvées en grand nombre sur les téléphones portables de certains jeunes, parfois âgés d’une douzaine d’années seulement.

Que se passe-t-il? Selon Sandrine Boillat Zaugg, ce rebond de la criminalité juvénile, constaté également ailleurs en Suisse, s’explique en partie par le contexte de crise pandémique mondiale en 2020 et 2021. Les mesures de lutte contre le Covid-19 ont favorisé la désocialisation d’une partie de la jeunesse, laissée à elle-même en raison de la fermeture des écoles et des clubs sportifs. Sur le moment, ce coup d’arrêt de la société avait engendré une nette baisse d’activité du Tribunal des mineurs. Elle est aujourd’hui compensée par une augmentation d’autant plus alarmante. A cela s’ajoute le problème des mineurs non-accompagnés sans statut légal en Suisse, dont certains occupent énormément les juges (lire ci-dessous).

Manque de places

Les prestations personnelles – des travaux d’intérêt général effectués dans une septantaine d’institutions (homes, hôpitaux) ou à l’alpage, voire sous forme de cours de prévention – restent le principal outil de réinsertion utilisé par la justice des mineurs: deux tiers des justiciables de moins de 15 ans en profitent, de même que la moitié des mineurs plus âgés. Mais lorsqu’elles sont purgées, ce qui ne va guère de soi en raison du manque de motivation de certains d’entre eux (et de leurs parents), elles ne suffisent pas toujours à enrayer le cycle de délinquance dans lequel est engagée la minorité la plus endurcie, composée de jeunes souvent en grande souffrance en raison de leur vécu traumatique.

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