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Canton

Les pèlerins invités à baisser les yeux

La capitale cantonale inaugure un balisage au sol pour les marcheurs du chemin de Compostelle

L’ancien prévôt de la cathédrale Claude Ducarroz procède à la bénédiction d’une plaque avant qu’elle soit vissée au sol comme la trentaine d’autres.

 Patrick Chuard

Patrick Chuard

17 juin 2023 à 04:01

Ville de Fribourg » Trente-cinq coquilles de bronze scellées au sol indiquent désormais le chemin aux marcheurs de la voie de Saint-Jacques (ou Via Jacobi), entre le pont de Berne et la rue de Romont. Elles arborent le célèbre emblème du chemin millénaire vers Compostelle avec le nom de la ville en deux langues. Ce parcours a été inauguré vendredi après-midi: une ultime «coquille» de métal a été vissée dans un pavé au bas des escaliers du Stalden par Jonathan Bussard, responsable des artisans de la ville de Fribourg.

Ces marques métalliques, financées par des membres de l’association des Amis du chemin de Saint-Jacques en Suisse, à raison de soixante francs l’unité, remplacement désormais les plaquettes bleues apposées sur les bâtiments.

Ce chemin a été inauguré en présence d’une centaine de pèlerins, lesquels se relaient sur l’itinéraire helvétique du chemin. Partie du lac de Constance le 3 juin, la marche appelée Via Jacobi 23 parviendra à Genève la semaine prochaine (La Liberté du 20 mai).

Fribourg entretient des liens étroits avec le chemin de Saint-Jacques, comme l’explique Béatrice Béguin, présidente d’une association qui compte quelque 2000 membres: «Nos archives sont hébergées par la ville de Fribourg, tandis que notre fonds de livres et de documents a été déposé à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg il y a trois ans», rappelle la Vaudoise.

Fribourg a d’autre part été la première commune à baliser dans ses rues l’itinéraire vers la Galice en 1997. «Cette initiative avait rapidement diffusé ailleurs en Suisse», signale le vice-syndic de la ville des Zaehringen, Laurent Dietrich. Mais les liens avec le pèlerinage remontent à la fondation de la ville au XIIe siècle, qui en deviendra rapidement un relais important, comme les montrent de nombreux autels, statues et symboles religieux. Le vénérable patron du pèlerinage s’est taillé une place d’honneur parmi la myriade de saints catholiques du Moyen Age. «A Fribourg, on peut marcher dans les pas du jeune Saint-Exupéry aussi bien que dans ceux de Saint-Nicolas», fait remarquer, non sans humour, Laurent Dietrich.

Liant encore davantage Compostelle avec la ville sarinoise, Joseph Deiss a accepté de parrainer la marche Via Jacobi 23. Grand marcheur lui-même, l’ancien conseiller fédéral fribourgeois a rappelé vendredi que «le pèlerin est pacifique. Il n’est pas prosélyte, ni idéologue, ni chauvin, mais par sa tolérance, il s’ouvre aux autres marcheurs qu’il rencontre et dont les motivations peuvent être très diverses.»

«D’abord le piéton»

Tous les marcheurs de Compostelle «ne sont pas animés par la soif de Dieu, mais du moins ils progressent par le moyen le plus respectueux de l’environnement», souligne Joseph Deiss. Et d’ajouter: «Au commencement, il n’y a pas forcément l’expulsion des voitures et la promotion du vélo, mais à la base de toute mobilité il y a d’abord le piéton.»

Avant de bénir le balisage, l’abbé Claude Ducarroz s’est adressé à la conseillère communale Andrea Burgener Woeffray: «Va me chercher de l’eau à la fontaine de la Samaritaine au bas de la rue.» L’édile a obéi de bonne grâce à l’injonction de l’ancien prévôt de la cathédrale. Celui-ci a pris ce prétexte pour rappeler l’épisode biblique de la Samaritaine, à laquelle le Christ demande de l’eau après avoir marché.

Ce genre de marquages métalliques «existe déjà à Genève et à Carouge», indique Béatrice Béguin. «Il est très apprécié par les pèlerins et par la population, car ils inscrivent dans les rues un chemin immémorial, qui a été nommé premier itinéraire culturel européen. C’est épatant qu’il passe par la Suisse, non? D’autres villes suivront sans doute le mouvement.» Béatrice Béguin a elle-même effectué plus de 5000 kilomètres sur le chemin de Saint-Jacques, empruntant plusieurs itinéraires. «Quand on part pour Compostelle, on ne quitte plus ce chemin», déclare le retraité Jean-Pascal Verdon, qui sort ses bâtons de marche pour la neuvième année consécutive.

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