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Canton

Lutte au sommet à GastroFribourg

Le bureau de l’association demande la démission d’un membre du comité dont les positions gênent

Le comité de GastroFribourg est en proie à une crise interne.

 Charles Grandjean

Charles Grandjean

14 mai 2022 à 04:01

Restaurants » Le torchon brûle entre le représentant de la section Broye-Glâne et le reste du comité de GastroFribourg. Une lutte à couteaux tirés se joue autour d’enjeux de réforme et de la transparence au sein de l’association de défense des intérêts des restaurateurs et hôteliers. L’épilogue pourrait se jouer lundi à l’assemblée cantonale, tandis que certains membres joints hier évoquent anonymement des problèmes latents dans l’organisation, selon eux.

Les instances dirigeantes veulent la tête de Bernard Charrière. Le coprésident de la section Broye-Glâne depuis 2020 – on est venu le chercher pour occuper le poste – gêne.

A tel point que le bureau de GastroFribourg lui a posé un ultimatum au 29 avril pour qu’il démissionne du comité cantonal, selon l’un des documents que La Liberté a obtenus. Le directeur de l’Hôtel Belle-Croix, à Romont, au profil atypique dans la branche, ne sera pas présent lundi pour se défendre. Car cet ancien banquier d’affaires actif dans l’immobilier vit une partie de l’année à Marrakech.

Manque d’engagement et de connaissance du fonctionnement du comité cantonal, manque de professionnalisme et d’expérience, déloyauté, absentéisme. C’est un étalage de reproches que le bureau cantonal de GastroFribourg a adressé à Bernard Charrière par courrier recommandé du 13 avril dernier. Les signataires n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Ils menacent de demander l’exclusion du Glânois en assemblée des délégués, puis lui suggèrent de démissionner, en y mettant les formes: «Nous espérons que vous saurez saisir cette opportunité.»

Mais quand Bernard Charrière aurait-il franchi la ligne rouge? Dans la lettre où le bureau demande la démission du Glânois sont mentionnés des propos tenus publiquement par le coprésident de la section Broye-Glâne, lors de l’assemblée de sa section en avril: «Vous avez, en totale contradiction avec le résultat des discussions menées lors de la séance du comité cantonal du 17 mars 2022, plaidé publiquement en faveur d’une réduction, voire d’une suppression, des cotisations d’affiliation à GastroFribourg.»

Le discours qui fâche

Dans ce discours du mois d’avril, Bernard Charrière tente d’apporter des réponses aux défis posés aux établissements publics dans un contexte de sortie de pandémie. Mais un aspect particulier semble avoir froissé, lorsque l’auteur remet en question des «taxes additionnelles», dont celle sur le chiffre d’affaires selon la patente perçue par l’association. Le président de section frondeur poursuit: «La taxe sur la patente finance en grande partie la formation de nos jeunes des métiers de l’hôtellerie et restauration. Mais est-ce que ce n’est pas l’Etat qui devrait le faire directement?» Et le directeur de l’Hôtel Belle-Croix d’en appeler aux réformes de GastroFribourg: «N’est-ce pas le moment de simplifier son fonctionnement afin de réduire encore un peu la taxe d’affiliation?»

Il s’ensuit un échange de courriels, dans lequel Muriel Hauser déplore: «En suggérant, sans débat de fond préalable, la suppression de la taxe d’exploitation perçue auprès des titulaires de patente d’établissement public, vous vous êtes heurté à la ligne stratégique de GastroFribourg et ne disposiez d’aucune légitimité pour le faire.» La présidente défend le système de taxation en place comme «fruit d’un long processus stratégique et politique» et modèle qui a «largement fait ses preuves». Elle rappelle que la taxe alimente aussi le fond d’équipement touristique, qui permet par exemple de bénéficier d’une prise en charge des intérêts hypothécaires liés à la rénovation d’un complexe hôtelier. «Est-ce que vouloir baisser les cotisations et la taxe sur la patente (car c’est le cœur du sujet) est déloyal vis-à-vis de la majorité des 639 membres?» rétorque Bernard Charrière.

Loyauté ou transparence

Bernard Charrière s’attaque à ce qu’il qualifie de «vision unique et autoritaire» de la présidente, qui animerait elle-même les questions et réponses des séances de comité «accompagnées de très bons repas». En retour, Muriel Hauser pointe «une posture de quérulent» de nature «à nuire aux intérêts de GastroFribourg».

Les requêtes du coprésident de section agacent. Le 21 avril, il demande à l’administration de GastroFribourg les statuts de l’association, PV, révision des comptes avec détails nominatifs des salaires des personnes rémunérées par l’association et copie des factures d’invitation de restaurants. Muriel Hauser s’étonne en retour qu’il exige des documents qui seraient déjà en sa possession, dont les statuts disponibles sur internet. Mais cela ne suffit pas à l’hôtelier, qui insiste. Il va jusqu’à demander les factures de repas ou sorties de la présidente, avec nom des invités ou encore les défraiements qu’elle touche.

Contactée hier, Muriel Hauser invoque son devoir de confidentialité et déplore que ces éléments internes soient portés à la connaissance du public. De son côté, Bernard Charrière indiquait hier vouloir «porter un dialogue démocratique réformateur au sein du comité».

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