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Canton

Qui n’a pas encore son cacaoyer?

La société Treegether, à Châtel-Saint-Denis, tire un trait d’union entre consommateurs et cacaoculteurs


 Stéphane Sanchez

Stéphane Sanchez

12 novembre 2020 à 02:01

Châtel-Saint-Denis » «Treegether»: ce mot-valise, qui signifie «ensemble avec un arbre», vous emmène aux pays du cacao, du Pérou à Madagascar, en passant par la Côte d’Ivoire et l’Ouganda. Treegether, c’est une petite société née en mai dernier à Châtel-Saint-Denis, présente sur internet depuis un bon mois. Son but: proposer aux amateurs de chocolat de parrainer un cacaoyer – et bien plus que cela. Un projet intimement lié au parcours du Français Fabien Coutel, domicilié aux Paccots. Ce spécialiste du cacao sillonne depuis près de huit ans les plantations du monde, pour y rencontrer les cultivateurs.

Ingénieur en agroalimentaire de 41 ans, formé à Bordeaux et aujourd’hui membre du jury du seul concours mondial de cacao, Fabien Coutel a travaillé pour Weiss, Lindt, puis pour le centre de recherche sur le chocolat de Nestlé à York (Royaume-Uni), dès 2007, et à Broc, dès 2012. «En Gruyère, je me suis occupé de torréfaction et de recettes, avant de me consacrer de plus en plus aux origines des fèves de cacao et au développement durable. J’ai passablement voyagé pour rencontrer les cacaoculteurs, surtout en Amérique du Sud et en Côte d’Ivoire. Et c’est là que l’idée m’est venue.»

Un lien enraciné

«J’aime les gens, en particulier les gens proches de la terre et passionnés», poursuit le Français. «Un jour, en Equateur, j’ai amené à un cultivateur une boîte de chocolats produite à Broc avec son cacao. Elle portait son nom. Il n’en revenait pas! Les cacaoculteurs n’ont généralement aucune reconnaissance. C’est un métier physique. On porte de lourdes charges dans la chaleur et l’humidité. On ouvre les cabosses à la machette. Et lorsque les sacs quittent la ferme, on ne sait même pas où ils vont.»

«Je me suis dit: pourquoi ne pas faire exister ces cultivateurs? Pourquoi ne pas les relier aux consommateurs? Et j’ai pensé au parrainage d’un cacaoyer, le symbole d’une relation enracinée.»

Le projet est resté dans un tiroir, jusqu’à ce que Fabien Coutel en parle aux patrons de la société de négoce de cacao Cocoasource, à Châtel-Saint-Denis, où il officie depuis mai 2019. «Je suis responsable du développement durable: lorsque nos clients achètent du cacao certifié, ils paient des primes de plusieurs centaines de dollars par tonne pour financer des projets d’accompagnement des producteurs, dont je m’occupe. Mes patrons, Matthieu Vidal et Hubert Hoondert, ont tout de suite adhéré au projet Treegether. Au point de s’y associer et de fonder cette société avec moi. Dès le 1er janvier, j’en serai le seul et unique employé, à temps plein.»

Un revenu décent

Forcément, Treegether a une vocation sociale et durable. La société s’engage à acheter toutes les fèves produites par les arbres parrainés, au prix de référence du commerce équitable, qui couvre les coûts de production et garantit un revenu décent. «Nous faisons même un peu mieux, en versant directement aux producteurs 2300 à 2500 francs la tonne, soit environ 30 à 50% de plus que ce qu’ils reçoivent habituellement.»

Une partie du parrainage (130 francs par an et par arbre) permettra aussi d’améliorer la situation des producteurs, ici en renforçant la sécurité des dépôts, là en soutenant la scolarisation des enfants des cultivateurs, les frais de santé, la rénovation des équipements ou l’installation de l’électricité. Une manière de lutter contre «la pauvreté endémique» que subissent «une grande partie» des cacaoculteurs, explique Fabien Coutel.

Destination Tessin

Mais le projet vise aussi à établir une relation entre parrains et producteurs. Les fèves, importées en Suisse aux frais de Treegether, seront transformées par l’artisan chocolatier Bruno Buletti, à Piotta (TI). Grâce à un système de traçabilité, chaque parrain recevra 2 fois par an 6 plaques faites avec «ses» fèves. «Au travers de messages, de vidéos, les parrains recevront aussi des nouvelles des cultivateurs. Ils découvriront les étapes de la production», explique Fabien Coutel, qui rêve d’organiser une rencontre entre les uns et les autres.

Jeune pousse, Treegether travaille avec quatre producteurs, qui exploitent au total 6000 cacaoyers. Chaque arbre produit entre 800 grammes et 1,2 kilo de cacao marchand par an – de quoi produire environ 1 kg de chocolat noir et 1,5 kilo de chocolat au lait. Une bonne centaine d’arbres sont parrainés, à ce jour. «L’objectif, c’est d’augmenter encore le revenu des cultivateurs et d’en intégrer d’autres. J’espère que nous grandirons ensemble.»

Treegether.com

Fabien Coutel

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