Une villa palliative émeut un quartier bullois
Prévue dans un quartier bullois, une maison d’accueil pour personnes en fin de vie inquiète le voisinage
Partager
14 novembre 2022 à 13:09
Bulle » C’est une maison au cœur d’un quartier résidentiel. Au chemin des Armaillis 25 à Bulle, l’association Pallia-Vie projette d’y accueillir des personnes en fin de vie. Un lieu où les habitants pourront mourir, entourés de chaleur et de respect, et qui offre une alternative à l’hospitalisation et à la fin de vie en institution. Retardée par une procédure de changement d’affectation, l’ouverture de cette résidence d’accueil pour quatre patients inquiète une partie du voisinage.
«L’emplacement dans un quartier familial n’est pas approprié»
Isabelle
La plupart des habitants du quartier, qui regroupe 16 maisons, ont signé une pétition remise à la commune et à la préfecture. Voisin direct de la maison Pallia-Vie, Victor Carvalho en est l’initiateur. «Je souhaitais prendre l’avis de mes voisins. Seules deux personnes n’ont pas voulu signer», indique-t-il. A ses côtés, sa femme se confie. «Ce n’est pas évident pour nous», souligne Isabelle, qui explique souffrir d’insomnies depuis qu’elle a connaissance du projet.
Confrontés à la mort
«Des maisons comme celle-ci, il en faut. Les personnes en fin de vie méritent d’être entourées. Mais l’emplacement dans un quartier familial n’est pas approprié», poursuit cette maman de trois enfants dont un vit encore à la maison. Sur son site internet, l’association Pallia-Vie explique s’inspirer du modèle des hospices aux Pays-Bas et de la Maison de Tara dans le canton de Genève. «Un grand terrain entoure la maison de Tara. Ce n’est pas comme ici où chacun peut voir ce qui se passe chez le voisin», compare Isabelle. Dans leur jardin, le couple a une vue dégagée sur la parcelle voisine très proche. L’entrée de la maison étant située à l’arrière, le personnel soignant et les familles passeront le long de leur terrain pour entrer dans la résidence. «Je ne peux pas m’imaginer faire des grillades l’été avec des amis dans le jardin, sachant que des personnes sont en train de mourir juste à côté et que des familles sont en train de perdre un être cher. Cela serait un manque de respect», estime Isabelle.
«La mort fait partie de la vie mais y être confronté tout le temps avec le passage des pompes funèbres et des ambulances, ce n’est pas très gai»
Victor Carvalho
«Cela nous prive de notre liberté de vivre normalement», ajoute son mari. «La mort fait partie de la vie mais y être confronté tout le temps avec le passage des pompes funèbres et des ambulances, ce n’est pas très gai.» Le couple s’attend à vivre dans la noirceur et l’angoisse en permanence. «Chacun a une vision différente de la mort. Certaines personnes ont peut-être plus de facilité avec ça mais pour nous, c’est une activité très gênante», explique Victor, qui confie agir pour la santé de sa famille.
A la fin octobre, l’association Pallia-Vie a organisé une séance d’information pour les habitants du chemin des Armaillis. «On nous a expliqué que l’espérance de vie des personnes accueillies était d’environ un mois. Entre les pompes funèbres et les ambulances, il y aura beaucoup de va-et-vient alors que le quartier se trouve dans une rue sans issue. Il n’y a que deux places de parc alors que la maison accueillera quatre résidents», réagit Yves Dupasquier qui habite la maison d’en face. Pour lui aussi, la résidence n’a pas sa place dans un quartier de maisons familiales. «Je vois plutôt cette activité à proximité d’un foyer.»
Perte de valeur
Un autre habitant se dit également inquiet pour la perte de valeur de sa maison. «J’ai pensé à vendre. Mais dans mon entourage, tout le monde m’a dit que jamais personne n’achèterait une maison dans un quartier où cette activité est présente», confie-t-il. «Je suis à 100% pour ce projet mais pas ici», ajoute cet habitant qui regrette que l’association ne les ait pas informés plus en amont. «Le projet aurait peut-être été accepté plus facilement», s’interroge-t-il.
Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus