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Vaud

Ecoles vaudoises. des débats politiques à recadrer, pas à bannir

Les députés n’ont pas dit leur dernier mot sur l’interdiction des débats dans les écoles

Avec sa récente décision sur les débats à l’école, le conseiller d’Etat s’attire les foudres de la gauche, mais pas seulement. © Keystone-archives

Selver Kabacalman

Selver Kabacalman

6 septembre 2023 à 12:10

Temps de lecture : 1 min

Formation » L’interdiction des débats politiques dans les écoles vaudoises continue à faire des remous. Hier, au Grand Conseil, la gauche radicale a demandé de réviser la loi sur l’enseignement obligatoire (LEO) et les Vert’libéraux ont proposé de cadrer les débats sans les interdire.

La semaine dernière, le conseiller d’Etat PLR Frédéric Borloz a décidé, avec l’appui de la majorité de droite du Grand Conseil, d’interdire les débats électoraux dans les établissements scolaires lors des dix semaines précédant une échéance électorale. Sans débat parlementaire, en raison d’une motion d’ordre imposée par la droite. La gauche a crié au «déni de démocratie». Pour rappel, la directive du ministre fait suite à l’intervention de deux candidats alliés pour la course aux Etats, le socialiste Pierre-Yves Maillard et le vert Raphaël Mahaim, qui avaient demandé au ministre de faciliter l’organisation de ces débats.

La gauche insiste

Les forces de gauche, appuyées par quelques députés vert’libéraux, n’en démordent pas. Hier, la gauche radicale, par la voie d’Hadrien Buclin, a déposé une motion demandant la révision de la LEO, afin d’apporter «nuances et précisions». «Pour justifier sa décision, le chef du département s’est appuyé sur l’article 11 de la LEO qui interdit toute forme de propagande politique auprès des élèves. Cette interprétation est discutable dans la mesure où la propagande suppose la diffusion unilatérale d’une opinion publique, à l’exclusion des points de vue divergents», lit-on dans le texte.

Pour le député d’Ensemble à Gauche, il est tout à fait possible d’organiser des débats contradictoires. Il suffit d’y garantir une représentation équilibrée des différents points de vue politiques. Selon lui, cela favorise la formation de l’opinion et contribue à l’éducation à la citoyenneté. «Nous proposons une légère modification (de la LEO, ndlr) pour éviter la confusion fallacieuse entre débat et propagande qui est faite par M. Borloz quand il décrète cette interdiction». Les socialistes et les Verts ont soutenu la motion.

Dans la même veine, le vert’libéral David Vogel ne comprend ni l’interprétation de la loi par le ministre, ni le contenu de la directive. «La directive indique qu’il est possible d’organiser des débats thématiques, mais pas électoraux. Or ces derniers sont des débats thématiques. Elle autorise toutefois de les organiser onze semaines avant une échéance électorale, mais pas dix. C’est un non-sens», relève-t-il. Pour lui, assurer la neutralité est tout à fait possible en cadrant ces débats. «Nous pourrions par exemple décider de ne pas laisser les candidats en tant que tel débattre, mais faire venir d’autres membres de leur parti à leur place. Nous pourrions aussi confier l’organisation de tels débats à un organisme extérieur reconnu et neutre.» L’interpellation a été signée par les Vert’libéraux ainsi que des élus de gauche (PS, Verts, EàG).

Recours en vue

Une démarche judiciaire est également en cours. Annoncé dans la presse, un recours à la Cour constitutionnelle sera normalement déposé ce mercredi. Initié par les forces de gauche, ce recours est soutenu aussi par un député de Vaud Libre et trois vert’libéraux. «Il a été signé par une cinquantaine d’élus hier pendant la séance du Grand Conseil», informe Romain Pilloud. La Cour constitutionnelle peut être saisie par un minimum de 10% des députés, soit 15 élus. D’autres soutiens externes sont attendus, notamment ceux des jeunesses des deux grands partis de gauche ainsi que ceux d’étudiants et d’enseignants. Le recours demandera un effet suspensif de la décision le temps que la cour entre en matière, puis de son annulation à terme.

Cette interdiction fait réagir bien au-delà du cercle parlementaire. Le SSP-Vaud y voit une marque de mépris et un manque de confiance envers les enseignants ainsi qu’une infantilisation des élèves. Le syndicat SUD, qui a écrit au ministre, considère qu’il y a «une atteinte à la liberté pédagogique» et déplore l’annulation d’événements «auxquels des enseignants travaillent depuis des mois».

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