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Société

Expo. Man Ray, tout pour la lumière à Evian

Au Palais Lumière, l’artiste se révèle surtout en photographe bricoleur, jamais en retard d’une invention


Martine Béguin

Martine Béguin

24 août 2023 à 12:20

Temps de lecture : 1 min

Exposition » Man Ray (1890-1976) a été peintre dans sa jeunesse, aux Etats-Unis. A l’époque, il s’appelait encore Emmanuel Radnitsky. Et puis non, il a choisi Man Ray, comme un rayon de lumière, selon ses dires. Avec un nom pareil, il pourrait donner libre cours à sa passion, et manier l’éclairage de toutes les façons possibles, du photogramme à la solarisation, du cinéma aux spots de son studio photo. Génial bricoleur, inventeur de talent, doté d’un sacré humour, il écrit d’ailleurs: «La photo est à la peinture ce que l’auto est au cheval. Un cavalier sur son cheval est une belle chose, mais je préfère un homme monté sur un avion. Il faut regarder travailler la lumière. C’est la lumière qui crée. Je m’assieds devant ma feuille de papier sensible et je pense.»

Man Ray explorera donc la photographie avec passion, sur le conseil du grand Alfred Stieglitz. Il se lie d’amitié avec Marcel Duchamp à New York, alors en exil à cause de la Première Guerre mondiale, et opte pour Paris où il filera dès que possible. Dès 1921, il est de tous les coups avec ses complices. Dada avec Duchamp, Tzara, Picabia, participant aux expos surréalistes aux côtés de Miro, Tanguy, Ernst ou Dali, ou publiant aux côtés de son ami Paul Eluard.

L’art ose tout

Ce qui est frappant, dans sa trajectoire, c’est de voir comment l’entre-deux-guerres, malgré la crise de 1929 et les difficultés de l’époque, a été une période d’effervescence à Paris. Tout le monde se connaît, c’est un petit milieu: on part en vacances avec Picasso, Eluard et leurs merveilleuses complices, Lee Miller, Nusch Eluard, Olga ou Marie-Thérèse, les proches de Picasso.

La vie semble simple, les filles sont belles, l’art ose tout. On pose trois objets sur une feuille de papier sensible, et voilà que leur ombre dessine des motifs nouveaux. On ouvre par erreur la porte de la chambre de développement, et les portraits, légèrement surexposés, bordés d’une ligne noire, portent la magie de la solarisation dont Man Ray fera l’un de ses atouts. On prend une caméra, on monte à bord d’une voiture, on grimpe les collines d’Hyères et on tourne au débotté Les Mystères du château de dé dans l’incroyable architecture de la villa Noailles.

On est culotté, débridé, séducteur, et on assure ses arrières en innovant une fois encore dans le domaine de la photo de mode, pour Paul Poiret, Jean Patou, Elsa Schiaparelli ou Coco Chanel. Qualité des éclairages, mise en valeur des mannequins autant que de la robe, cadrages audacieux. L’œil aux longs cils et les quelques gouttes d’eau, vous situez? Cette image sert de publicité pour les mascaras Cosmécil!

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