Un cerveau jamais en pause
Avoir un quotient intellectuel hors norme, qu’est-ce que ça signifie en vérité?
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Leonardo Gomez Mariaca
19 septembre 2017 à 07:00
Santé » «Je pense différemment», affirme Chloé Gaudiano, 16 ans. «A l’école, le professeur nous donnait une méthode pour résoudre un problème en math, mais moi j’en utilisais une autre, que j’avais trouvée toute seule, pour arriver au même résultat.»
Ils sont entre 3% et 4% de la population mondiale, souvent considérés comme des génies, on les appelle communément les surdoués. «On dit plutôt HPI, pour haut potentiel intellectuel», précise Emmanuel Koehler, directeur adjoint de l’école spécialisée en haut potentiel Germaine de Staël, à Aubonne (VD). «Le haut potentiel peut se détecter à partir de 6 ans, grâce au test dit de Wisc 5, qui définit le QI (quotient intellectuel) par une échelle de points. C’est un psychiatre qui établit le test», continue Emmanuel Koehler. «Il faut savoir que le QI ne change que très peu au cours d’une vie. On ne devient pas HPI, on l’est ou on ne l’est pas.»
Des génies? Faux!
Etre HPI signifie avoir un QI de plus de 130 points, la moyenne se situant autour de 100. «Toutefois, ajoute Emmanuel Koehler, c’est aussi un état d’esprit. Quelqu’un de HPI est souvent plus émotif, et se pose sans arrêt des questions, sans pouvoir mettre son cerveau sur pause.» Le haut potentiel s’accompagne de troubles de la concentration, parfois d’hyperactivité et même d’autisme.
«On croit souvent que l’on est des génies, mais c’est faux», affirme Samantha da Costa, 19 ans. «Si un sujet ne m’intéresse pas, j’ai tendance à le zapper, sans pouvoir y faire grand-chose.» Un sentiment que rejoint Chloé: «Si je ne comprends pas à quoi va me servir telle matière, je vais complètement la délaisser, alors que si j’en comprends les aboutissants, je vais tout retenir, sans que j’aie d’effort à fournir.»
Le haut potentiel est parfois perçu comme un superpouvoir, tant les facilités qu’il apporte peuvent impressionner: «J’ai une mémoire incroyable, admet Chloé. Il suffit que j’entende un numéro de téléphone pour le connaître, et si j’écoute bien en classe, je suis capable de réciter pratiquement tout le cours.»
Toutefois, celui-ci est souvent un frein à la vie sociale, comme le confirme Samantha da Costa: «Le monde m’ennuie. J’ai du mal à m’intégrer auprès des jeunes de mon âge. Au CO, j’étais moquée, considérée comme «intello». Au final, je m’entends mieux avec des gens plus vieux.»
Nombre de HPI sont confrontés à ces problèmes d’isolement social, et finissent par entrer dans un genre de rébellion. «Au bout d’un moment, poursuit Samantha da Costa, j’en ai eu marre et j’ai envoyé bouler tout le monde. Ça m’a rendue solitaire, et ça m’a forgé un sacré caractère, mais je l’assume.»
Etre HPI n’est cependant ni une chance, ni une malédiction: «Ce n’est pas une maladie, rappelle Emmanuel Koehler, c’est une manière de fonctionner. Ne jamais oublier qu’ADN ne rime pas forcément avec destin.»
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