Chronique. la politique du lampadaire

Le mot de la fin » Tels des moustiques ivres de lumière, des essaims d’affiches vantant des candidats aux élections fédérales se sont agglutinés ces derniers temps sous les néons des candélabres. Là où d’ordinaire les teckels lèvent une patte pour se soulager, les conducteurs lèvent leurs yeux pour voter. Des pylones multifonctions censés éclairer notre suffrage. Mais que réverbèrent vraiment ces lampadaires érigés en totems?

Des bouilles sorties d’un profil LinkedIn qu’on se prend de face en roulant. Des sourires Curaprox (c’est comme un sourire Pepsodent mais en plus jeune) et veston pour les hommes avec une chemise pour faire sérieux mais avec le premier bouton ouvert pour paraître décontracté. Pour les femmes, un haut de tailleur couvrant un top tendance ou une blouse sobre. Un peu chic afin de donner du crédit mais pas trop strict pour ne pas rebuter. A défaut d’être spontanés, tous les looks sont ajustés et les visages formatés pour séduire l’électorat.

On nous invite donc, à travers un pare-brise, à miser sur le «bon cheval» (désolé Mesdames, mais la décence m’interdit d’utiliser ici son équivalent féminin) à la vue d’un buste, à la graphie pimpante de tel patronyme ou à l’aune de prunelles qui inspireraient confiance. Une photo XXL en guise de programme électoral. L’apparence comme appât à voix. Appeau ou pipeau?