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Hockey sur glace

La Suisse craque encore une fois

Christoph Bertschy et ses coéquipiers ont perdu (1-3) contre l’Allemagne en quarts de finale du Mondial


Jean-Frédéric Debétaz

Jean-Frédéric Debétaz

26 mai 2023 à 04:01

Mondial » L’histoire se répète. L’équipe de Suisse a été éliminée au championnat du monde à Riga en quarts de finale par l’Allemagne (3-1), comme en 2021. Un mauvais film. Une nouvelle désillusion pour la sélection de Patrick Fischer. Les fantômes de 2021 à Riga et de l’an dernier à Helsinki sont ressortis. La Suisse n’a pas su endosser le costume de favorite après un excellent tour préliminaire et six victoires en sept matches et a offert une prestation terne et sans idées hier après-midi. «On a encore une fois merdé», a résumé Gaëtan Haas.

Un début de partie manqué pour les Helvètes et un but évitable. Préféré à Leonardo Genoni, Robert Mayer n’aurait pas pu moins bien se mettre dans son match. Sur un tir anodin de Kastner à la 7e, le portier de Genève a laissé filer le puck au-dessus de ses jambières. 1-0 pour l’Allemagne et un désagréable sentiment de déjà-vu.

Des leaders absents

De retour des vestiaires, la Suisse a rapidement égalisé grâce à Siegenthaler (21e). Et malgré quatre minutes de pénalité contre Ambühl, le box-play helvétique avait réussi à tenir le choc. Les hommes de Patrick Fischer ont même bénéficié de près de cinq minutes d’avantage numérique à la suite d’une violente charge de Moritz Seider sur Haas (32e). «On n’était pas attentifs en défense et on a pris deux buts stupides, a avoué Fischer. Je suis déçu. De moi aussi. Je n’étais pas prêt à mettre la meilleure équipe sur la glace pour jouer le meilleur hockey.» A la question d’un double blocage en quarts de finale et face à l’Allemagne, le sélectionneur a sobrement répondu «Oui».

Car tout s’est emballé entre la 38e et la 39e. En 36 secondes, les hommes d’Harold Kreis ont pris deux longueurs d’avance. Les buteurs? John Peterka et Nico Sturm, les deux Teutons flingueurs de cette sélection germanique. Et le 1-3, les Allemands l’ont inscrit alors qu’ils évoluaient en infériorité numérique! Côté suisse, les leaders annoncés ont failli, Hischier et Fiala en tête. Flanqués de Damien Riat en raison de l’absence de Denis Malgin annoncé malade, les deux hommes forts de NHL n’ont pas su se mettre au niveau. Et sans eux, la Suisse a coulé à pic.

«Une fois de plus quand on doit être présents, on rentre à la maison, juge Romain Loeffel. Cela fait mal à tout le monde. On n’était pas venus là pour ça. On voulait montrer du caractère ce soir, mais on n’a pas su se montrer à la hauteur de ce qu’on voulait être.» Très déçu, le Neuchâtelois a connu finalement le même scénario qu’il y a deux ans dans la même ville et face à la même nation: «C’est pesant. Les Allemands nous battent encore une fois. J’ai pas trop de mots, ça me saoule un peu.»

Directeur des équipes nationales, Lars Weibel n’a pas souhaité analyser à chaud la performance de la sélection dans ce tournoi. «On a perdu le match important, comme l’année passée, précise-t-il toutefois. Cette année, tu dois battre cette équipe d’Allemagne. Je ne peux pas dire maintenant ce qui a manqué. On doit faire l’analyse plus tard. On a mieux joué que l’année passée, mais on n’a pas gagné le match qui compte, et pour ça on doit trouver des réponses.»

Fischer doit-il partir?

Au bénéfice d’un contrat jusqu’en 2024, Patrick Fischer est-il encore l’homme de la situation? Le Zougois a semble-t-il épuisé ses jokers depuis la finale perdue en 2018 à Copenhague. On sait qu’il a su fédérer et réussi à faire venir les joueurs de NHL au Mondial pour porter le maillot national avec fierté. Lars Weibel donne le sentiment de soutenir son sélectionneur: «Patrick et moi sommes honnêtes. On a fait la même chose après Pékin. On va trouver ce qu’il faut améliorer. Fischer est toujours très honnête. C’est trop tôt pour spéculer. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il fait un super boulot. Il a mis le hockey suisse où nous sommes, mais tout le monde veut trouver le déclic pour aller gagner ces matches importants.»

Une autre question se pose cependant: qui pour le remplacer, avec la condition d’être Suisse pour poursuivre le virage lancé par Raeto Raffainer en 2015 lors de l’intronisation de Fischer? Luca Cereda, entraîneur d’Ambri, est venu comme assistant à l’occasion de certains matches de préparation. Il serait certainement l’un des meilleurs candidats à cette éventuelle succession. ats


Commentaire

Il y a forcément un premier fautif

Beaucoup d’espoirs. Encore. Le rêve d’un dernier carré. A nouveau. Et clap de fin au stade des quarts de finale. Ne restent que des regrets. Enormes, parce qu’à la hauteur des promesses nées d’une phase de groupe particulièrement maîtrisée de l’équipe de Suisse. Comme si souvent. Et pourtant, cette sélection nationale semblait bien la plus forte possible. Demeurent les questions, inévitables, qui concernent principalement l’homme à la bande.

Patrick Fischer n’a pas su insuffler à ses troupes la rage de vaincre indispensable pour avancer dans la phase à élimination directe. Il n’a pas su donner l’impulsion ou provoquer l’étincelle dans un groupe qui avait sûrement quelque chose à aller chercher dans ce Mondial. Cela s’est ressenti hier durant ce match couperet face à l’Allemagne. Les Helvètes n’ont jamais donné le coup d’accélérateur qui peut permettre d’inverser une tendance, de réagir et de reprendre la main. Ils ont été trop passifs, alors que leurs adversaires ont montré leur volonté de gagner.

Comme ses joueurs, le sélectionneur a paru manquer d’idées, d’envie et d’énergie. Comme paralysé par l’enjeu. L’impression ressentie dès le coup d’envoi n’a jamais changé. Les Suisses ont été des victimes consentantes, comme s’ils avaient perdu la cohésion qui semblait être leur qualité première depuis le début du tournoi à Riga. Hier, le jeu de puissance a manqué de percussion. Pire, les Suisses évoluaient en supériorité numérique lorsqu’ils ont encaissé le 1-3. Coup de grâce.

Patrick Fischer a-t-il fait les bons choix? La réponse est oui, en pensant aux joueurs appelés pour ce Mondial 2023. Par contre, elle est négative dans d’autres domaines comme celui de la préparation spécifique pour contrer cet adversaire si volontaire qu’est l’Allemagne au moment d’affronter son voisin. Elle l’est peut-être aussi dans le travail mental ou dans le choix du portier titulaire – Robert Mayer peut s’en vouloir sur le 0-1 qui a mis le doute sous les casques de ses coéquipiers – mais, sur ce sujet, c’est bien connu, c’est plus facile de s’en rendre compte après.

La Suisse a manqué son affaire hier, c’est un fait. A la tête du groupe, Patrick Fischer en est forcément le premier fautif. La désillusion est totale. Les explications, ou les excuses, ne changeront rien. Patricia Morand

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