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Tennis

Roger Federer dans le rôle de l'assa-saint de service

«Bienvenue au club!» • Le Maître se fait asticoter par Boris Becker, qui le trouve trop sympa pour être vrai. Et Boum-Boum juge les autres champions bien trop polis aussi...


10 juin 2015 à 22:05

Boris Becker allume Roger Federer dans la presse britannique. Il trouve que le Maître est un gendre trop idéal pour être vrai. Il juge aussi que le tennis est devenu trop politiquement correct pour être honnête. Boum-Boum n’a pas tout tort. Où sont passés les caractériels et les hystériques? 

Aujourd'hui, les tennismen commencent à faire de l’ombre à Jean-Marc Richard et à sa Ligne de cœur. Ça ne va pas. Les bons sentiments et les égards règnent en maîtres sur les courts. C’est affreux et il n’y avait qu’à regarder Roland-Garros. 

Stan Wawrinka, avec ses frappes atomiques et son short pyjama, a fait de la finale quelque chose de magnifique. Cela n’empêchait pas les amateurs de tennis d’éprouver un léger pincement en contemplant Novak Djokovic dans le rôle du bon perdant très classe.

Djokovic, lui qui était si prometteur... 

Adieu «Nole», bonjour tristesse! Le jeune déconneur qui promettait tant, il y a six ou sept ans, s’est transformé en champion parfait de dignité et de courtoisie. Décidément, c’est fou ce qu’une place de numéro un mondial et le mariage peuvent changer un homme!

Revenons néanmoins à Boris Becker. Le coach de Djokovic n’a pas caché au «Telegraph» que son protégé et Federer ne s’appréciaient pas. Et que la bonne camaraderie en vogue sur le circuit n’est, à ses yeux, que poudre de perlimpinpin pour naïfs pingouins. 

Que cachent toutes ces politesses? Becker sort le mortier. Il dit que Federer ne peut probablement pas être aussi sympa qu’il n’y paraît. En clair: plus faux-cul que Roger, il n’y aurait pas! Ne hurlez pas. Loin de ne dire que des bêtises, Becker relève aussi que le règne du politiquement correct et du gâteau publicitaire pousse les joueurs à brider leur véritable nature.

Pourquoi si peu de haine? 

C’est vrai, ça: pourquoi si peu de haine? Il était temps qu’un ancien rappelle que ce sport est aussi génial qu’atroce. Ce n’est pas pour rien qu’il se joue avec des balles. Le tennisman est un tueur. Son jeu consiste à éliminer l'adversaire, c’est-à-dire à le flinguer.

Andy, Nole, Rafa, Roger, Stan et compagnie sont des chasseurs de primes impitoyables. Ils n’ont pas leur pareil pour faire mordre la poussière à l'adversaire. D’ailleurs, quand ils lui collent une balle dans la peau, yesss! Ils serrent le poing et font à l'adresse de leur victime ce petit geste qui signifie grosso modo: «Prends ça, connard!» 

L'animosité et l'arrogance s’arrêtent toutefois là. Nous voici à l’ère des tennismen bien élevés. Ils cachent leur férocité, sont raisonnables jusque dans leurs pétages de plombs. Le tueur à la raquette est devenu doux comme un agneau. Or Roger Federer, on le sait, les surpasse tous dans le fair-play et l’élégance d’âme. Lui est sage comme une image sainte. C’est l’assa-saint de service!

Connors, McEnroe et autres Rios, revenez! 

Seulement, si ça continue dans cette direction, il faudra exiger bientôt le retour de Nastase, Connors, McEnroe, Rios,  Safin et autres types insortables. Le tennis est un western à la violence implacable et le film sera toujours mieux avec un ou deux méchants. Alors lâchez-vous, champions, et laissez le diable sortir de temps en temps de sa boîte! Les mauvais sentiments sont toujours plus drôles que les bons et, avec eux, le spectacle y gagnera encore. 

Celui qui sait ce que flinguer veut dire, en attendant, c’est ce bon vieux Becker. A moins de trois semaines de Wimbledon, Boum-Boum sort sa pétoire et tire sur Federer. C’est de bonne guerre. Et très bon signe pour le Bâlois: si le camp Djokovic cherche déjà à l’énerver, c’est bien qu’il voit en Roger l’adversaire numéro un de «Nole» sur le gazon londonien. Il voit en lui l’homme à abattre, en quelque sorte, comme on aurait dit autrefois.

Quand on n’avait pas encore peur des mots, pas même au tennis...

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