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Suisse

«Bon espoir» de trouver de l'hydrogène naturel «tout le long de la chaîne alpine»

Certaines roches contiendraient de grandes quantités de ce gaz naturel. Prospections en cours


Sevan Pearson

Sevan Pearson

1 août 2023 à 00:36

Temps de lecture : 1 min

Energie » Une source d’énergie renouvelable et quasi inépuisable sous nos pieds: l’hydrogène naturel, dit aussi «blanc», suscite de nombreux espoirs. Présent notamment dans certains types de roches, il éveille de plus en plus d’intérêt.

Alors que des réserves potentiellement gigantesques ont été découvertes récemment dans le nord-est de la France, le point sur la situation en Suisse avec le géochimiste Eric Gaucher, président de Lavoisier H2 Geoconsult, une start-up spécialisée dans la recherche d’hydrogène naturel.

Qu’est-ce qui distingue l’hydrogène «blanc» de son équivalent produit par l’humain?

Eric Gaucher: D’un point de vue chimique, rien. C’est sur le procédé de fabrication qu’il y a une différence. Dans un cas, l’humain en produit à l’aide de méthane, de charbon ou d’hydrocarbures, ce qui n’est pas écologique. Autre possibilité: obtenir de l’hydrogène par électrolyse de l’eau, ce qui peut se faire avec n’importe quelle source d’électricité. 

En revanche, lorsque l’hydrogène est naturel, il est le résultat de deux processus différents. Soit il est issu d’une réaction chimique qui se fait entre de l’eau et un certain type de roches comprenant du fer ferreux. Soit il est émis par radiolyse de l’eau, lorsque le thorium et l’uranium présents dans le sol (des éléments radioactifs naturels, ndlr) se désintègrent.

Où trouve-t-on cet hydrogène naturel ?

Celui issu par radiolyse se trouve avant tout en Sibérie, dans le nord du Canada, au Brésil et dans certaines régions d’Afrique. Quant à l’hydrogène résultant du contact entre l’eau et les roches contenant du fer ferreux, il y en a dans les océans et sur certaines îles, là où se rencontrent les grandes plaques tectoniques. C’est par exemple le cas en Islande. On en trouve aussi dans de nombreuses chaînes de montagnes, notamment dans les Pyrénées et les Alpes.

Justement, quels sont les sites propices en Suisse?

Là où existe un type de roche spécifique, la serpentine, qui contient du fer ferreux. Dans le Val d’Hérens (VS), on en trouve même à la surface du sol. Mais les quantités d’hydrogène émises y sont faibles, ce qui rend impossible une exploitation directe. En revanche, ce sont des indices pour une présence de serpentines en profondeur, entre trois et cinq kilomètres sous la surface. Il est donc probable d’y découvrir des «cuisines» de production, qui sont des gisements d’hydrogène naturel. En Suisse, nous avons bon espoir d’en trouver tout le long de la chaîne alpine.

Quelles sont les techniques pour détecter les gisements?

Grâce aux cartes géologiques, on repère les roches susceptibles d’être des serpentines. Celles-ci ayant la particularité de contenir de la magnétite (minéral produit en même temps que l’hydrogène), on peut facilement les détecter en mesurant le magnétisme qu’elles émettent. C’est grâce à cette «signature» que nous les repérons. En outre, certains sondages ou forages permettent de compléter les connaissances du sous-sol et de prospecter au bon endroit.

Quelles sont les étapes encore nécessaires jusqu’à une exploitation commerciale de l’hydrogène «blanc»?

Contrairement à la France, la Suisse n’a pas encore légiféré sur l’exploration des gisements d’hydrogène naturel. Une fois cette étape franchie, des permis pourront être délivrés. Suit une période d’étude d’un à cinq ans, au terme de laquelle un forage pourra être réalisé là où l’on pense avoir de fortes chances de trouver de l’hydrogène «blanc» dans un réservoir poreux. Il ne s’agit pas d’une cavité. Il faut plutôt imaginer un sucre imbibé d’eau. C’est un peu pareil avec la roche serpentine et l’hydrogène. Grâce au forage, on fera remonter le gaz à la surface. Il faudra ensuite le distribuer aux consommateurs.

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