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Suisse

Réexportation d’armes. il était urgent de ne rien décider…(analyse)

Notre correspondant parlementaire anticipe les possibles conséquences de l’inaction du Conseil national dans le dossier sur la réexportation d’armes et de munitions suisses vers l’Ukraine lors de la dernière session spéciale


5 mai 2023 à 20:22

Ce devait être le plat de résistance de la session spéciale du Conseil national qui s’est tenue cette semaine à Berne, ou tout du moins le sujet le plus urgent et le plus sensible, à savoir la «lex Ukraine». C’est là le nom donné à une initiative parlementaire, qui vise à assouplir la loi sur le matériel de guerre afin d’autoriser la réexportation d’armes et de munitions suisses à partir d’autres pays vers l’Ukraine.

Reléguée dans un addendum au programme, l’initiative n’a pas pu être traitée, faute de temps. Le National a préféré régler d’autres questions bien plus urgentes, comme la désignation d’un nouveau jour férié, le 12 septembre, pour célébrer la démocratie, ou la place du suisse allemand au parlement. Cela a donné l’occasion à Philipp Matthias Bregy (centre) de réciter à la tribune un poème en haut-valaisan, histoire de démontrer par l’absurde – personne n’ayant rien compris – que ça n’était pas une bonne idée d’autoriser le dialecte pour les discussions en plénum.

La quadrature du cercle

L’Europe va logiquement voir la légèreté du Parlement suisse comme un nouvel affront

Le moment a été savoureux et le parlement a bien le droit de s’amuser un peu de temps en temps, pour autant qu’il s’attaque aussi aux vrais problèmes. Or cela fait des mois que, dans ce dossier, la Suisse subit de très fortes pressions de la part de l’Allemagne et de l’Union européenne, qui considèrent que refuser d’aider l’Ukraine, c’est soutenir la Russie. L’Europe va logiquement voir la légèreté du Parlement suisse comme un nouvel affront.

Certes, la question relève de la quadrature du cercle. Difficile d’y apporter une solution adéquate sans écorner la neutralité suisse. Le parlement a déjà buté par deux fois sur ce problème en mars. Il avait alors refusé une motion du président du PLR Thierry Burkart, puis accepté, mais en la vidant de sa substance, une motion émanant des rangs socialistes.

La «lex Ukraine», c’est l’idée du président du Centre Gerhard Pfister. Elle apparaît encore moins adéquate que les deux autres textes et devrait logiquement être refusée par le Conseil national. Cela excuse, en partie, le peu d’empressement à la traiter.

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