La Liberté

«Nous savions que jouer au docteur était interdit»

Lorsque des enfants du même âge jouent ensemble au docteur, ils découvrent de cette manière leur corps. Faut-il limiter, encadrer cette pratique? 

Comme pour les autres jeux, il est important que les enfants sachent tenir compte de l’assentiment ou du refus de leurs partenaires. © Alain Wicht / «La Liberté»
Comme pour les autres jeux, il est important que les enfants sachent tenir compte de l’assentiment ou du refus de leurs partenaires. © Alain Wicht / «La Liberté»


Education familiale Fribourg

Publié le 19.09.2016

Temps de lecture estimé : 2 minutes

«Ma cousine et moi, nous avons été surprises par mon grand-père en train de jouer au docteur, nues. Nous avions environ 5 ans. Mutuellement, on se montrait nos vulves, regardions ce qui nous chatouillait. On a dû vite se rhabiller. On savait alors que jouer au docteur était quelque chose d’interdit et que d’expérimenter les joies de notre corps était mauvais», raconte la mère de Céline, 5 ans.

Lorsque des enfants du même âge jouent ensemble au docteur, ils découvrent de cette manière leur corps. Cela fait partie du développement des jeunes enfants entre 3 et 5 ans. «Qui suis-je? Qui est l’autre?» Ils s’intéressent à la découverte d’eux-mêmes, de l’autre, aux ressemblances et aux différences. Ils utilisent alors ce qu’ils savent faire, le jeu, pour répondre à leurs questions.

Comme pour les autres jeux, il est important que les enfants sachent tenir compte de l’assentiment ou du refus de leurs partenaires : on ne peut pas contraindre l’autre à ce qu’il ne veut pas. Qu’il s’agisse de sexualité ou non, les règles de vie en commun sont les mêmes. Aux adultes de les faire respecter. Parfois, l’aide d’un adulte est nécessaire pour protéger un enfant face aux demandes d’un autre enfant. 

«Quelque chose de merveilleux»

Par contre, lorsqu’un enfant plus âgé (ou de statut différent) joue au docteur avec un enfant plus jeune, il s’agit d’une relation de pouvoir et non de découverte. Nous devons aussi nous inquiéter si nous retrouvons chez les enfants des sentiments de colère, de tristesse ou d’agressivité. Dans ces circonstances, les jeux sexualisés doivent être stoppés et encadrés par les adultes.

Lorsque ces jeux sexualisés se déroulent sans contrainte et qu’ils ne génèrent pas, chez les enfants, des émotions trop intenses et négatives, nous pouvons les considérer comme normaux. Parents et éducateurs pouvons dès lors encadrer ces jeux de façon minimale, en nous intéressant à leurs interrogations.

Généralement, lorsque les enfants ont obtenu les réponses adéquates, ces jeux s’arrêtent spontanément. «Le plus important pour moi, conclut la mère de Céline, c’est que nos enfants ressentent leur corps comme quelque chose de merveilleux, à respecter et à protéger».

>> Ces histoires sont des « séquences » extraites des rencontres que l’Education Familiale organise dans le canton. Elles traitent des compétences éducatives des parents.

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